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Jean Dussault
Perd ou gagne en novembre prochain, Donald Trump se proclamera élu POTUS (1) pour une troisième fois d’affilée. Même si la limite constitutionnelle est de deux mandats présidentiels dans son pays.
Il appert que l’homme n’en est pas à une contradiction près.
Ses opposants démocrates non plus d’ailleurs.
Les mauvais perdants, aussi très nombreux chez les anti-Trump, clameront l’illégitimité de l’éventuelle victoire du chef-en-tout républicain. Comme ils l’ont fait à tort en 2016 et comme ils l’ont fait à tort en 2000.
Ils ont chigné quand Hillary Clinton a perdu tout en obtenant trois millions de votes de plus que son opposant républicain il y a huit ans et ils ont chigné quand Al Gore a obtenu 200 000 votes de plus que son opposant républicain il y a un quart de siècle.
Sniff
S’ils avaient vraiment su compter et s’ils avaient su vraiment où compter, les démocrates auraient remporté la présidence dans les deux cas. Ils auraient simplement calculé dans quels États il leur fallait gagner pour, euh, gagner. Il se sont plutôt assis sur leur snobinarde prétention que le bon peuple ne voterait pas pour, ben, un nono ou un dérangé.
Ledit peuple a préféré ne pas adouber le/la prétendant/e au trône qui en avait trop évidemment trop rêvé.
Comme d’habitude, ce n’est pas l’aspirant qui a gagné, c’est le sortant qui a perdu.
Dans ces deux cas spécifiques, par sa propre incurie. Si seuls les démocrates avaient fait les frais de leur confiance indue, le pied de nez, ou le doigt d’honneur, pourrait soulager les déçus.
Hélas, GWB et DT ont ravagé plus large que dans leur propre contrée.
Hélas, Poutine et Xi Ping rêvent de l’élection à ce moment-ci probable de Trump.
La pureté idéologique
Les progressistes qui trouvaient que l’ancienne secrétaire d’État de Barack Obama ne l’était pas assez ont levé leur nez fin sur Madame Clinton et Donald Trump a remporté la majorité des votes du bien-nommé collège électoral en 2016. Les progressistes qui trouvaient que l’ancien vice-président de Bill Clinton ne l’était pas assez ont levé leur nez fin sur Al Gore et George Walker Bush a gagné en 2000 là où ça compte : au collège électoral.
Drapés d’idéalisme mignon, les éventuels perdants de novembre prochain blâmeront le $%?&* collège électoral. Et ils imposeront le résultat de leur pathétique nombrilisme à un monde où les États-Unis ont jadis été, tout croche, mais quand même, un rempart contre des égarements tellement pires que les leurs
Grave erreur
Il est fichtrement tentant d’exécrer Donald Trump : la liste des preuves de sa détestabilité est infiniment longue. Sans compter celle de son instabilité. Reste qu’il n’a pas volé sa victoire en 2016. C’est plutôt l’orgueilleuse organisation démocrate qui a trébuché dans sa suffisance. Comme ceux de monsieur Gore en 2000, les stratèges de madame Clinton, et elle itou, ont compté sur leur supériorité morale plutôt que sur leurs doigts.
USA vs Québec
Chez nos voisins américains comme chez nous, le nombre d’appuis recueillis lors d’un scrutin est quasi secondaire. C’est la quantité d’élus qui détermine le parti gagnant.
Il est arrivé au Québec qu’un parti remporte l’élection en obtenant moins de votes que son adversaire ; de même il est arrivé aux États-Unis qu’un parti accède à la Présidence en ayant perdu la course aux votes.
Là comme ici, il est de bon ton de crier à la distorsion du processus électoral. Or, là comme ici, les règles sont connues avant le début de la partie et vaut mieux en prendre note qu’en râler.
Des votes gaspillés
Quand la très grande majorité en Californie ou dans l’État de New York vote démocrate, le parti engrange des millions de votes stratégiquement inutiles.
C’est comme quand le PLQ remporte une immense majorité des voix dans une circonscription du bien-nommé West Island montréalais, ça ne lui donne qu’un député à l’Assemblée nationale. Le record stalinien dans cette catégorie a été de 87,3 % dans Robert-Baldwin en 2014 : 34,602 votes de plus que le deuxième candidat! Un seul député.
Des votes payants
À l’inverse, l’emporter par la peau des dents dans un État rapporte autant de votes au collège électoral que d’y écraser son adversaire. Par exemple, sur six millions de votes, Bush en a obtenu 1700 de plus que Gore en Floride en 2000. Il s’agit d’une différence infinitésimale qui a néanmoins permis au candidat républicain de récolter les 25 ‘grands électeurs’ et de battre son adversaire démocrate dans la colonne qui compte.
C’est comme quand au Québec un parti remporte une toute petite majorité dans une circonscription, mais réussit quand même à y faire élire un député.
Le record de la course serrée a été établi dans Fabre (Laval) au dernier scrutin : 31,8 % de voix accordées à la CAQ : 306 de plus qu’au deuxième.
Au Québec, remporter un siège par trois cents ou trente-cinq mille votes procure un seul député à l’Assemblée nationale.
Aux États-Unis, remporter la petite, ou la grande majorité dans un État, procure, dans la plupart des cas, toutes les voix que ledit État possède au sein du fondamental collège électoral.
Le système
Au sud de la frontière, le parti qui gagne dans le plus d’États contrôle la Maison-Blanche. Chez nous, le parti qui remporte le plus de circonscriptions prend le pouvoir.
Ainsi, le résultat de l’élection traduit et transmet l’humeur politique régionalement pondérée de la nation plutôt que d’indûment donner relativement trop de pouvoir à, disons, la Californie ou le West-Island où tout le monde vote du même bord.
Celles et ceux que ça inquiète et/ou dérange ont deux options : ou bien travailler à changer les règles du jeu, ou bien oeuvrer à gagner en suivant les règles du jeu.
En mettant leurs efforts où ça compte.
Littéralement.
Que Trump ait été le cinquième POTUS à être élu avec moins de votes que son adversaire a été essentiellement la faute de son adversaire.
Il n’est pas nécessaire d’en faire la preuve une sixième fois.
(1) President Of The United States.