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Capture d’écran
Jean Dussault
Le lieu est solennel, le moment était solennel. Le président des États-Unis d’Amérique s’adressait aux deux Chambres du Congrès réunies. À la nation. Au monde.
D’un ton trumpien : «Nous avons fait plus en 43 jours que la plupart des présidents en quatre ans ou huit ans .»
Renommer le Golfe du Mexique en Golf of America (1) est aussi puéril qu’impérialiste. Ou le contraire.
Donald Trump en a rajouté dans son premier discours au Congrès depuis son humiliante défaite électorale de novembre 2020.
Plus profondément, ou en fait plus bas, Trump a clamé que sa victoire en 2024 signifie que l’Amérique renaît, et que son pays, c’est AMERICA.
Comme dans MAKE AMERICA GREAT AGAIN, une usurpation politico-linguistique.
Parce que dans les Amériques, il y a, tout proche, des voisins mexicains et canadiens qu’il traite d’exportateurs de drogues et de criminels.
Des voisins formellement alliés qu’il attaque avec des tarifs qui vont nuire tout autant, sinon plus à ses citoyens/électeurs
Et plus au sud, des dizaines de pays dont tant et tant de femmes et d’hommes se sauvent pour atteindre le lieu du rêve américain encore vanté par Trump dans son plus récent sermon.
Le meilleur
Comme pour s’en rassurer lui-même, Trump a, comme on dit ,« beurré épais ».
Exemples.
« Ça a été le mois le plus grand de l’histoire de notre nation.» Biden a été « le pire président de l’Histoire (…) ce président vicieux qui m’a poursuivi en justice. »
« L’âge d’Or de l’Amérique ne vient que commencer, ce sera comme on ne l’a jamais vu auparavant. »
Donc, « le rêve américain est plus grand qu’il n’a jamais été ».
Parce que « le 5 novembre a été une des plus importantes date de notre histoire (…) qui amène la grande libération de l’Amérique ».
Encore une fois, comme s’il allait changer le nom de son pays pour l’agrandir.
Le clivant
Il s’est moqué des démocrates, des « lunatiques de la gauche radicale », des fonctionnaires qui prennent des décisions sans être élus, (bonjour Elon Musk !), des « wokes » pour qui la couleur et le genre comptent plus que la compétence, des trans « vous êtes parfaits dans le corps que Dieu vous a donné », du « Mexique sous le contrôle de bandits », du « Groenland qu’on va avoir d’une façon ou d’une autre ». Du Panama dont «nous allons reprendre le canal ».
Du Lesotho !
L’élu … de Dieu
Il a répété que « ma vie a été sauvée par Dieu pour que je puisse redonner sa grandeur à l’Amérique », en versant une larme sur la famille du pompier qui est mort sous les balles de l’assassin de Pennsylvanie en juillet 2024.
Et il a, là, trouvé le moyen d’ajouter son admiration pour les pompiers « parce qu’ils ont voté pour moi ».
Le menteur
Encore une fois, il a soutenu que les Américains subventionnent leurs voisins mexicains et canadiens à coups de centaines de milliards de dollars, alors qu’ils choisissent simplement d’acheter des produits importés parce qu’ils en ont besoin ou qu’ils les trouvent meilleurs ou moins chers.
En fait, sur sa rengaine sur les tarifs qui « permettront de réduire les impôts », il a mis en garde le monde entier : « Fini le temps où tout le monde abuse de nous .»
Il a dit cette ineptie dans la même journée où il avait imposé des tarifs de 25 % sur, entre autres, les autos importées du Canada. Dès le lendemain, les patrons de l’industrie américaine de l’automobile sont allés lui expliquer quelques réalités de la vie et le grand homme a suspendu lesdits tarifs.
Puis, jamais à bout de souffle, il a reporté tous les tarifs contre le Mexique parce la présidente est gentille …
Et il a remis à plus tard les tarifs contre plus du tiers des exportations canadiennes dans son pays, même s’il exècre le « gouverneur » Trudeau.
La logique est impressionnante.
Des amis comme ça
Ça a été répété et répété : une guerre commerciale menée par un pays officiellement allié est particulièrement ignoble.
C’est ignoble, mais pas étonnant : Trump avait dit et redit en campagne en 2016 qu’il souhaitait être le président des États-Unis d’Amérique, mais pas celui du monde.
Ce 47e POTUS est pourtant le successeur d’un lot de « locataires de la Maison-Blanche » qui ont agi comme le grand patron de la planète en se mêlant aussi violemment qu’allègrement des affaires de tout un chacun, souvent pour aider, plus souvent pour leurs propres intérêts nationaux, commerciaux ou politiques.
Et là, à cause d’un homme qui ne comprend rien à ce qui se passe en dehors de sa cour, littéralement, les USA font cavalièrement cavaliers seuls.
À cause de Trump et à cause des 70 millions de personnes qui ont voté pour lui.
Et nous ?
Les citoyens d’ici, les élus d’ici et les entrepreneurs d’ici craignent à juste titre les dommages économiques provoqués par les mesures de l’Oncle Don.
D’ailleurs, et pour une rare fois, le premier ministre Trudeau a parlé clairement pour dénoncer la stupidité des tarifs, ainsi que le Wall Street Journal les avait étiquetés.
Sacrifier des emplois au Canada et au Mexique est odieux, mais en principe pas permanent puisque quelqu’un quelque part va finir par faire comprendre à l’entêté qu’il est dans le champ.
Ou qu’il va finir par débarrasser la place.
Pire encore
Des emplois perdus peuvent se retrouver à plus ou moins long terme, des idées forcées par la réalité peuvent amoindrir le choc.
Il n’en va pas de même des vies perdues à cause de l’agression russe en Ukraine. Elles sont perdues pour toujours, et peut-être finalement pour pas grand-chose s’il n’en tient qu’à Putrump.
Donald Trump a déclaré devant le monde que « c’est beau, la paix ». Il aurait pu ajouter :« Presque aussi beau que des terres rares. »
Il se peut qu’il change d’avis dans la prochaine demi-heure, mais, pour l’instant, il a suspendu toute aide militaire et économique au pays assiégé par son nouvel ami. Les USA ne partagent même plus leurs renseignements militaires et stratégiques avec l’Ukraine assiégée.
Le 4 mars 2025, Donald J. Trump a déclaré qu’il est à ce point le plus fort qu’il va tout garder pour lui, et qu’il va prendre aux autres ce qu’il a le goût de leur prendre.
Il a confirmé que MAGA, c’est en fait FYA.
F…You All.
(1) Après Mar-a-Gaza, Golf America.
(2) ‘shit countries’