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Capture d’écran
Joe Biden, lors de sa conférence de presse clôturant le sommet de l’OTAN à Washington le 11 juillet.
Jean Dussault
Lâchera-t-il ? Restera-t-il ?
Devrait-il lâcher ? Devrait-il rester ?
Tout a été dit et écrit sur la candidature de Joe Biden.
Tout et son contraire.
Ou presque …
Au Sénat des États-Unis d’Amérique, il y a 25 sénatrices, un record.
Cinquante femmes y ont été élues depuis un peu plus d’un siècle, quand la première y a fait son entrée.
À la «chambre haute» américaine où, contrairement à certains pays (!), les sénateurs sont élus, trois sont noirs.
Avant sa démission en 2007 pour briguer la présidence, Barack Obama était le seul élu noir du Sénat.
Dans l’enceinte envoutée dans plus d’un sens, il y a une femme noire.
Une seule femme noire.
Il y a cinquante États dans l’Union, deux sénateurs par État donne 100.
Donc 25 % de femmes, 3 % de noirs, une femme noire sur 100.
Grosso modo, il y a au Sénat américain deux fois moins de sénatrices que de femmes dans le pays et quatre fois moins de noirs que leur proportion nationale.
Six fois moins de femmes noires que dans la population.
La Chambre
Dans la Chambre des représentants, l’équivalent du Parlement canadien ou de l’Assemblée nationale, il y a 125 députées, entre le quart et le tiers des 435 sièges.
À la « chambre basse », où les sièges sont mis en jeu tous les deux ans, une cinquantaine d’élus sont noirs. Ce chiffre ne provient pas de données officielles, mais du Black Caucus qui regroupe, qui regroupait la plupart des élus afro-américains des deux chambres jusqu’à l’élection de Donald Trump en 2016. Additions ici et soustractions ailleurs permettent d’établir une honnête approximation de cinquante congressmen afro-américains.
La différence entre la proportion des élus noirs et celle des noirs dans la population est statistiquement insignifiante, celle de la proportion des femmes élues est presque aussi grande qu’au Sénat.
Le nombre et la proportion de femmes noires demeurent une anomalie encore plus politique qu’arithmétique.
Dans l’ensemble du Congrès, 80 % des non blancs sont des démocrates.
Les États (plus ou moins unis)
Parmi les cinquante gouverneurs des États (plus ou moins l’équivalent des premiers ministres provinciaux du Canada) , il y a 13 femmes. Comme dans les postes électifs nationaux, ce score représente la moitié de la parité femmes-hommes.
Au dernier décompte, aucun Afro-Américain ne gouvernait le Capitole local.
Forcément, aucune non blanche.
Le vote ethnique
La sensibilité ethno-culturelle est électoralement beaucoup plus visible aux États-Unis qu’ici.
Il y a à peine une génération, les grands réseaux de télévision annonçaient spécifiquement le résultat du vote afro-américain dans les grand-messes quadriennales. Depuis, il leur faut préciser aussi le vote des hispaniques devenus 50 % plus nombreux que les noirs (18 % vs 12% de la population).
Grossièrement résumé, une immense majorité d’afro-américains et une forte majorité d’hispaniques votaient traditionnellement pour le Parti Démocrate.
Cela n’est pas systématiquement le cas pour les plus récents immigrants latinos plus catholiques que leurs prédécesseurs.
Le débat sur l’avortement se fait aussi en espagnol.
Le précédent
Avant sa démission en janvier 2021 pour accéder à la vice-présidence, Kamala Harris était la seule élue noire du Sénat.
Elle avait été le première sénatrice afro-américaine de l’histoire du pays d’adoption de ses parents, la première sénatrice asio-américaine, la première sénatrice indo-américaine.
Donald J. Trump avait déclaré en campagne électorale que l’accession de Madame Harris au poste situé « à un battement de coeur de la présidence » serait une insulte.
Il n’est pas impossible qu’il pense la même chose de l’éventuelle accession de Madame Harris à la présidence.
Il n’est pas non plus impossible qu’il le dise et le répète.
Le non-dit
Parmi l’électorat américain, il y a certainement quelqu’un qui croit et/ou craint que le président Biden ne termine pas son prochain mandat, s’il le convoite et s’il l’obtient.
La proposition n’est ni scandaleuse ni insensée.
Auquel cas la vice-présidente deviendrait la 47e POTUS, la première femme présidente des USA, la première noire à occuper le bureau ovale, la première femme noire à diriger les forces armées du pays.
Cette proposition n’est pas non plus scandaleuse ou insensée.
Trump, bien sûr, fera et dira ce qu’il fait et dit d’habitude.
Des moins énervés noteront, peut-être, que l’électorat américain ne vote pas trop pour des femmes et très rarement pour des femmes noires.
Ce qu’il ferait, peut-être, en votant pour Joe Biden.