À propos de l'auteur : Marie-Josée Boucher

Catégories : Société

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Marie-Josée Boucher

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Quelle est la situation des camps de jour au Québec après deux ans d’une pandémie qui a bouleversé la vie de chacun de nous ? À quelques jours du début de la saison 2022, nous avons voulu savoir comment les camps de jour vivront avec la nouvelle réalité pour accueillir les jeunes de leur quartier ou de leur région. Quels seront les défis?

« Il y a vraiment un retour dans les camps de jour. Nous connaissons une très très forte demande », se réjouit Éric Beauchemin, directeur général de l’Association des camps du Québec (ACQ). L’organisme regroupe plus de 370 camps membres certifiés qui se conforment à quelque 70 normes de qualité et de sécurité.

Eric Beauchemin est très enthousiaste en vue de la saison 2022 qui s’amorcera dans quelques jours.
Par contre, le manque de personnel, qui caractérise la plupart des secteurs d’activité au Québec, touche aussi les camps de jour. « Les ratios définissent le nombre de places. Nous avons un ratio de 1 animateur pour 15 jeunes. Si nous n’avons pas le 1, ce sont 15 jeunes qui viennent de perdre une place en camp de jour! », lance Éric Beauchemin.

Centre Lasallien

Le Centre socio-éducatif Lasallien, situé dans le quartier montréalais Saint-Michel, est très dynamique. Il a pour slogan : Un avenir brillant.
Il offre quatre types d’activités estivales pour les jeunes : le camp culturel, le camp santé physique, le camp des PROS (un camp pédagogique de francisation) ainsi que le camp loisirs, offert au Centre René-Goupil.

Le Centre Lasallien n’est pas membre de l’ACQ, mais la question est au menu des discussions, confirme la coordonnatrice du camp santé physique, Annie Lalonde.

L’organisme déploie tous les efforts pour recruter des animateurs. Le coordonnateur du camp culturel, Cedric Irakoze, raconte que le Centre a placé des annonces sur Instagram, sur le site de l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension ainsi que sur les sites des cégeps et des universités. « Le défi de l’embauche, c’est un enjeu majeur », soutient Annie Lalonde.

« Surtout cette année. Je peux cependant dire que près de 70 % de notre personnel requis a été embauché », a confirmé Cedric Irakoze, au moment où nous l’avons rencontré, Annie Lalonde et lui, au début de juin. « Nous allons y arriver; nous sommes presque complets », assure Annie Lalonde.

Cédrick Irakoze a aussi sondé des élèves des classes enrichies du secondaire V de l’école secondaire avoisinante Louis-Joseph Papineau. Sur 20 jeunes qui ont démontré de l’intérêt pour les camps de jour, trois ont été embauchés pour le nouvel atelier Techno, un des volets du camp culturel. Les 17 autres étudiants ont été invités à venir grossir les rangs des animateurs des camps.

Cedric Irakoze et Annie Lalonde font cependant observer qu’ils devront assurer davantage une présence quotidienne sur le terrain pour soutenir les nouveaux animateurs. « L’équipe est jeune. Il y a beaucoup beaucoup de nouveaux cette année. Ce qu’on souhaite, c’est une continuité dans le personnel », plaide Cedric Irakoze.

Au Centre Lasallien, le ratio pour les camps de jour est de 1 animateur pour dix ou douze jeunes, selon leur âge.

Le camp culturel présente des ateliers de peinture, musique, contes et danses africains et cirque hors-piste. De plus, le nouveau volet Techno offrira des activités axées sur la tablette électronique, la réalité virtuelle, la Lü (une aire de jeux interactive et d’apprentissage ludique), de même que la robotique.
Même variété d’activités pour le volet santé physique qui se concentrera sur les saines habitudes de vie. Annie Lalonde rapporte qu’il y aura notamment pratique du soccer et du basket, des activités à vélo, de l’agriculture urbaine ainsi que des ateliers de cuisine.

De son côté, le camp des Pros est réservé aux nouveaux arrivants. S’étendant sur cinq semaines, il regroupera des jeunes des cycles primaire et secondaire. Il offrira surtout des cours de francisation ludique, par exemple par la production d’un film muet ou de bandes dessinées, donc de l’expression orale et de l’initiation à la technologie.

Contrecoups de la pandémie

La pandémie a mis beaucoup de pression sur le dos des parents du quartier. « La clientèle s’est appauvrie », relève Annie Lalonde. « Nous avons dû soutenir les familles sur le plan alimentaire. »
Les places étaient plus limitées dans les camps de jour depuis deux ans en raison des mesures sanitaires. « Il y avait des bulles. Nous devions fonctionner avec de plus petits ratios. Par contre, cette année, nous pouvons ouvrir à plus grande capacité », précise Annie Lalonde.

Autre effet de la pandémie : les coûts ont fortement augmenté, notamment au plan du transport. « Les sorties ne seront pas les mêmes cet été. Nous n’irons pas à l’extérieur de l’île de Montréal. Et nous ne pouvons pas augmenter le prix des camps; les familles ont déjà des difficultés », rapporte Annie Lalonde.
De même, les collations et les repas seront plus limités. Le Centre veillera cependant à ce que les jeunes qui arriveront au camp de jour le ventre vide puissent bénéficier d’une collation.

Les camps de jour du Centre Lasallien Saint-Michel accueillent annuellement de 250 à 300 jeunes de 5 à 12 ans. Ils se dérouleront cette année du 27 juin au plus tard le 19 août prochain.

Volonté d’une meilleure reconnaissance 

Le directeur général de l’ACQ, Éric Beauchemin, souhaite une meilleure reconnaissance et un meilleur encadrement des camps de jour par le gouvernement du Québec. « Est-ce qu’il pourrait y avoir un permis d’opération? Il y a une grande partie de l’offre en camp de jour qui n’est pas normée au Québec », déplore-t-il.

Il souhaite également resserrer les liens avec le milieu scolaire, même si l’ACQ relève déjà du ministère de l’Éducation. « Nous sommes l’été des jeunes au Québec ! Nous empêchons ce qu’on appelle la glissade de l’été, c’est-à-dire la perte des acquis de l’école pendant les vacances. »

M. Beauchemin ajoute que les camps de jour constituent également le premier employeur des adolescents. Il fait valoir que cette expérience les aide notamment à aiguiser leur sens des responsabilités, leur créativité, leur capacité de communiquer et leurs aptitudes à travailler en équipe.

« Nous devenons de plus en plus une industrie. Nous avons un beau modèle, des applications de jeux pour les membres du personnel, et nous avons modernisé et numérisé notre approche. »

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