Paru en 1961, Black Like Me, qui raconte l’expérience du journaliste John Howard Griffin qui a assombri sa peau pour vivre comme un Noir, « est l'histoire des persécutés, des escroqués, des craints et des détestés ». Lecture déterminante pour certains, cet ouvrage mettait en lumière la déplorable vie quotidienne des Noirs des États du Grand Sud des États-Unis.
Ouvrir un livre pour comprendre le monde. Fuir le quotidien. Découvrir le ciel et la mer. Errer entre les rimes. S’émerveiller devant le récit de l’infini. Glaner de quoi se nourrir de saveurs nouvelles. S’imaginer toucher la grâce. Ou s’avouer complètement ignorant de tout un pan de l’histoire de l’art au Québec dès lors que l’on tient entre les mains Les peintres de la Montée Saint-Michel, un ouvrage imposant de Richard Foisy qui nous conduit dans l’univers de huit peintres qui avaient investi au début du 20e siècle le Domaine Saint-Sulpice situé au nord de Montréal.
Le français tel qu’on l’utilise aujourd’hui en France dans plein de sphères d’activités est gangréné par le tsunami des emprunts coupables à l’anglais. Loin de donner de la force et de la tenue à la langue française, ces mots et ces expressions qui choquent les oreilles et brouillent la vue sonneraient plutôt le glas du français. La situation est d’autant plus déplorable que l’article 2 de la Constitution française stipule que : « La langue de la République est le français ». Or le français-français des années 2020 est un français qui lentement fait naufrage, pour reprendre le mot qui résume bien l’amer constat de Lionel Meney à l’issue de son enquête sur l’état actuel du français en France.
L’actualité guerrière fait parfois remonter des souvenirs de lecture qui recouvrent de leur ombre une situation politique dont on ne sait l’issue. Ainsi en est-il de la relecture de l’histoire d’un homme qui veut maigrir. Sous la plume de Benny Barbash, Little Big Bang (Zulma, Paris, 2011, 176 pages), une ode à la terre ancestrale. Loin du qui-a-tort-qui-a-raison et de la violence inouïe entre mer et Jourdain.
Dans le langage de la sociologue Nathalie Heinich, « l’expérience de la maison est au-delà de la question de l’habitat. Peut-être parce qu’une maison a des racines qui l’enfoncent dans la terre et des ailes qui la tirent vers le ciel ». C’est dire à quel point les maisons ne sont pas tout à fait des bâtiments comme les autres. Sans doute est-ce parce qu’aux yeux de l’architecte Ando Tadao, « la maison est la construction la plus intime et la plus révélatrice de la vie des humains ». D’où l’intérêt porté aux constructions aux allures modernistes qui ont surgi au Japon depuis 1945.
Nombreux sont ceux et celles pour qui le tribunal de Nuremberg vient clore la Seconde Guerre mondiale. À la suite d’une longue série d’audiences qui déboucha sur la condamnation de dignitaires nazis, justice a été rendue, une fois pour toute, aurait-on pu croire. Sans doute, mais pas pour tous. Deux ouvrages récents et un film relatent le parcours du groupe Nakam qui comptait faire chèrement payer aux Allemands l’assassinat de quelque six millions de Juifs.
Le populisme est souvent perçu comme une pathologie des démocraties représentatives rendues à bout de souffle. Entré dans le vocabulaire politique, le mot – polysémique – témoigne d’un rejet à droite comme à gauche d’institutions parlementaires qui ne seraient plus aptes à servir le peuple. Sous forme de questions-réponses, voici un aperçu de cette mouvance qui vise une recomposition sociale et politique radicale.
Au tournant du 20e siècle, dans les classes des villes et des campagnes, l’apprentissage de l’orthographe impose aux élèves la récitation de l’alphabet dont la représentation graphique des majuscules et des minuscules est installée au-dessus de grands tableaux noirs. Dans la région de Disraeli, quand Marie-Paule se fait demander d’énumérer les lettres de l’alphabet, elle n’oublie pas la leçon apprise : m – n – o – p – la lettre infâme – r – s – t – u – v ...
En ces temps de jeûne matinal, de sobriété glucidique, de restriction céliaque, d’abstinence éthylique, on peut éviter de sombrer dans une sorte de dépression alimentaire en parcourant certains ouvrages dont on dit qu’ils invitent aux plaisirs de la table. De ces bien nommés, on peut extraire de quoi contenter l’appétit, du ventre ou des yeux.
Depuis quelques décennies, on a vu se créer sous l’égide de l’ONU des instances dont la mission était – apparemment – de préserver l’écosystème de la Terre. Puis par une sorte de hasard sémantique est apparu une expression qu’aujourd’hui on ne peut qualifier que d’oxymoron : développement durable. Une expression qui a servi à tous ceux qui, sous couvert de « sauver » l’environnement, ont attiré l’attention sur leur personne (exceptionnelle), leurs actions (imaginaires) leurs programmes (abstraits), alors que le saccage de la planète se poursuivait rondement, impunément. Une (triste) épopée que raconte Fabrice Nicolino, dans Le grand sabotage climatique (Les Liens Qui Libèrent, Paris, 2023, 349 pages).