juin 2024
Reconstruire sur les ruines de Gaza ?
L’Histoire suggère qu’il faudra un jour reconstruire la bande de Gaza. C’est ce qu’on a fait à Berlin, à Varsovie, à Tokyo, à Hiroshima, à Grosny. Un jour, l’enclave de 365 kilomètres carrés redeviendra peut-être habitable … Mais quand, comment, à quel prix ce travail sera-t-il réalisé ?
mai 2024
Souvenirs d’Israël
Tous les journalistes, qu’ils l’avouent ou non, ont une grille d’analyse personnelle, fruit de leur expérience et de leur histoire. Il n’existe aucun œil pur qui puisse analyser « objectivement » les attaques terroristes contre Israël en octobre dernier ni les souffrances des 2,4 millions de Palestiniens parqués dans les ruines du ghetto de Gaza. Le choix de ce qui constitue ou non un fait digne de mention est déjà un a priori. Je ressens donc aujourd’hui le besoin de déclarer ma propre lorgnette à la douane médiatique.
février 2024
Rouge : une mer à éviter
Même si les morts s’y comptent par dizaines de milliers, le conflit dans la bande de Gaza ne trouble pas trop le reste de la planète, pas plus qu’il n’affecte, à lui seul, le rythme mondial des affaires. On en a déjà vu d’autres dans cette poudrière-là, diront les cyniques et les fatalistes. Il en est autrement à 2300 kilomètres au sud, dans le détroit de Bab el-Mandeb qui ouvre (ou qui ferme) la mer Rouge au reste du «grand bleu» et aux navires qui sillonnent ce dernier: les missiles que s’échangent les miliciens houthis, qui sont maîtres de l’ouest du Yémen depuis 2015, et une coalition mise en place par Washington et Londres ont fait relativement peu de victimes jusqu’ici mais ils ont perturbé plus de 10 % du transport maritime mondial et 35 % de celui qui passe par le canal de Suez.
Qui sont les Houthis du Yémen ?
Pour expliquer l’irruption des Houthis du Yémen dans l’actualité internationale, une partie de nos médias se contentent d’invoquer un axe géostratégique chiite manipulé par l’Iran qui va du Hezbollah libanais aux chiites yéménites en passant par le régime du dictateur syrien Bachar el-Assad et les milices irakiennes inféodées à Téhéran. Le ciment de tout cela serait l’appartenance à une religion unique, le chiisme. Faux départ. Il faut déboulonner un mythe, tous ces pays ne partagent pas la même religion.
janvier 2024
La guerre de Gaza et le droit international
Cet article ne doit pas être interprété comme une exonération du Hamas et du Jihad islamique. Les exactions de leurs miliciens, prises d’otages, massacres de civils, utilisations de boucliers humains, viols et exécutions extrajudiciaires constituent d’incontestables crimes en droit international. La Charte des Nations unies reconnaît « le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée »[1]. Israël avait donc parfaitement le droit de répliquer militairement au pogrom du 7 octobre. Cela ne lui permet pas toutefois de faire n’importe quoi.
décembre 2023
Que faire de Gaza ?
Qu’adviendra-t-il de Gaza en ruine une fois que les Israéliens seront revenus de leur rage et de leur soif de vengeance ? Les leçons de l’histoire ne sont malheureusement pas très prometteuses. En 1947, l’ONU avait prévu la partition de la Palestine britannique en deux États, mais le rejet de la formule autant par les sionistes que par les nations arabes se termine par la victoire totale d’Israël l’année suivante. Pour les Palestiniens, c’est la « Nakba », la catastrophe. Le territoire de Gaza, qui avait été conquis par l’Égypte, devient la terre de refuge des Arabes de toute la région côtière et plus loin. Aux 80 000 habitants d’avant la guerre s’ajoutent plus de 200 000 réfugiés. La misère s’installe, pour longtemps.
Hamas : la guerre des guillemets
Il y a des mots pipés, à prendre avec des pincettes ou à jeter aux orties. Terrorisme fait partie du lot. Dans la couverture du massacre du 7 octobre et de la guerre à Gaza, l’Agence France-Presse marche sur des œufs et refuse de coller au Hamas les dix lettres qui déchaînent passion et colère. Résultat : l’AFP est dans un champ de mines lexical.
novembre 2023
Le Hamas — la carte islamiste d’Israël
Dans le climat manichéen actuel, peu de médias ont rappelé que, jusqu’à l’éclatement de la guerre le 7 octobre dernier, le gouvernement israélien soutenait indirectement le régime du Hamas à Gaza via l’émirat du Qatar. Depuis son premier mandat il y a treize ans, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a toujours parié qu’en permettant un minimum d’approvisionnement et de financement en sous-main, les islamistes ne compromettraient jamais cette manne et s’abstiendraient d’initiatives qui bloqueraient l’amélioration des conditions économiques des Gazaouis.
Une longue cuillère
Pour diner avec le Diable, il faut une très longue cuillère nous rappelle un vieux dicton. On en retrouve parait-il la trace en Angleterre dès le XIV eme siècle. La sagesse des peuples a depuis traduit et adopté ce proverbe en de nombreux pays. La folie des puissants semble pourtant les porter a l’oublier. Mais le diable reste diablement dangereux.
Russie-Israël, je t’aime, moi non plus
Il y a le trait d’union et le pointillé. Le premier définit les relations entre les États-Unis et Israël. Le second représente celles entre la Russie et l’État hébreu : pas toujours nettes, mais soutenues. Si Washington a reconnu Israël vingt-quatre heures après sa création le 14 mai 1948, Moscou l’a fait deux jours plus tard. Depuis, ces relations sont teintées d’ambiguïtés. À la fois amis et ennemis, le Je t’aime, moi non plus, de Serge Gainsbourg résume bien les rapports russo-israéliens.
octobre 2023
Le 7 octobre …
Le constat est unanime : il y aura un avant et un après. Si le 7 octobre est à marquer au fer rouge dans l’histoire d’Israël, pour le Hamas son offensive meurtrière depuis la bande de Gaza est une victoire qu’il capitalisera à jamais dans les opinions publiques arabes, peu importe les conséquences.
À qui le crime profite
Civils massacrés de sang-froid, villes délibérément rasées. Nos écrans nous mettent quotidiennement sous les yeux des images d’actes de barbarie d’une insupportable violence. Cette violence est d’autant plus inacceptable qu’elle fait parfois résonner chez les spectateurs que nous sommes les harmoniques venues de cordes que nous préférions ignorer : Des pulsions de colère, de haine.
Quand les mots manquent
Devant l'horreur les mots manquent. Il vaudrait peut-être mieux se taire, mais les êtres humains ont besoin de « s’extérioriser », surtout s’ils ont vécu cette horreur de proche ou dans leur chair, mais aussi quand ils y ont assisté de loin en observant des écrans. C’est la plupart du temps la colère qui s’exprime.