L’enfer canadien
Début mai, la campagne électorale albertaine s’amorce en enfer. La première ministre conservatrice sortante, Danielle Smith, décrète l’état d’urgence et des dizaines de milliers de citoyens sont évacués en raison des feux de forêt hors contrôle. Cette farouche opposante aux mesures fédérales de réduction des émissions de GES est élue majoritaire de justesse avec 52 % des voix.
L’UNEQ : autopsie d’une crise
Juin 2022, il y a un an, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) remportait une éclatante victoire. Après des années de lutte acharnée et de pressions sur le gouvernement du Québec, la nouvelle Loi sur le statut professionnel des artistes venait d’être adoptée par l’Assemblée nationale, permettant à l’UNEQ de devenir un véritable syndicat ayant la capacité d’agir et de négocier une première entente collective avec les éditeurs pour le bénéfice de tous les auteurs.
Le remède incertain des taux d’intérêt
Baisseront-ils ou pas ? Eh non, les taux d’intérêt ont plutôt augmenté une neuvième fois et rien n’indique que c’est terminé. Bien malin qui peut prétendre connaître aujourd’hui le loyer de l’argent de l’an prochain pour payer sa maison, son véhicule ou sa carte de crédit.
« Extrême centre » : le concept testé dans le Far-Est
Dans un essai récent, la journaliste Hélène Buzzetti lance un Plaidoyer pour l’extrême centre (Les Coops de l’information / Art Global, 2023) volonté affichée de rétablir les ponts entre la droite et la gauche, clivage exacerbé lors de la dernière pandémie. L’ouvrage a ses mérites et plusieurs limites. Nous nous attarderons ici à voir dans quelle mesure son propos passe l’épreuve du ROQ.
Les retraites municipales ou le « pelletage par en avant »
En décembre 2014, les grandes villes du Québec ont reçu un beau cadeau du gouvernement Couillard. Après des décennies d’insouciance, les caisses de retraites des employés municipaux (en grande partie des régimes à prestations déterminées) avaient accumulé des déficits de l’ordre de 2,6 milliards $. Par sa Loi 15, le Québec a permis aux villes d’aller chercher une bonne partie de l’argent manquant dans les poches des cotisants et des retraités sans avoir à négocier quoi que ce soit avec les syndicats, privés du droit de grève sur ce sujet. La remise en cause de la légalité de cette loi par la Cour supérieure en 2020 puis, en mai dernier par la Cour d’appel du Québec, promet des lendemains de veille douloureux au monde municipal.
La photographie du mois (Juin 2023)
Inauguration de la mine Eleonore à Eeyou Istchee (Baie James) en juillet 2015. Située à 800 km au nord de Montréal en territoire cri, la mine d’or désormais propriété de Newmont, le plus important producteur d’or au monde, tire son nom de la chanson Fernande de Georges Brassens, appréciée par les prospecteurs qui l’ont découverte. La minière a signé une entente de collaboration avec le gouvernement de la Nation Crie et emploie plusieurs centaines de travailleurs cris, même si le méga-projet ne fait pas l’unanimité auprès des membres de la nation. Le jour de son inauguration en présence de journalistes et de représentants du gouvernement, Goldcorp avait littéralement choisi de servir un gâteau de lingots d'or ... à se partager
Un rendez-vous décontracté avec le quatrième pouvoir
Est-ce à cause de la brise vivifiante qui a soufflé sur la Gaspésie au printemps ? Le premier Festival international de journalisme de Carleton-sur-mer (FIJC) a donné lieu à des discussions intéressantes et animées, rarement moroses malgré les difficultés que la profession connaît depuis des années. Les organisateurs, les participants et le public semblaient heureux du succès de l’évènement qui s’est déroulé du 19 au 21 mai et prêts à répéter l’expérience. Les difficultés dont on parle, la « crise » comme on l’appelle parfois, ont bien évidemment été discutés lors de cet évènement qui se voulait « un forum citoyen, ouvert sur le monde, convivial, sur la pratique du journalisme ».
LGBT: sur tous les fronts en Ukraine
Le 1er juin, Mois de la Fierté, la Cour européenne condamnait l’Ukraine pour discrimination et violation du droit au respect de la vie privée à cause de l’absence de reconnaissance et de protection juridiques des couples homosexuels dans le pays. Alors que la guerre est entrée dans sa deuxième année, des soldats de la communauté LGBT se battent pour faire valoir leurs droits, en parallèle du combat qu'ils mènent pour leur pays.
Une vitrine routière
Une demi-douzaine d’artistes québécois ont chanté Mille après mille pour raconter leur tristesse sur la route loin de l’être aimé. Ils n’auraient pas moins aimé, mais se seraient beaucoup moins ennuyé dans un aller-retour à La Nouvelle-Orléans. En regardant de chaque côté de la route.
À la recherche du temps perdu: la revanche des globe-trotters
À l’instar de bien des citoyens du monde, les Québécois lorgnent leurs valises un peu empoussiérées depuis 2020. En cette ère postpandémique, la soif du voyage fait saliver. Tout se passe comme si l’homo touristicus voulait envoyer au diable l’inflation menaçante, le prix galopant de l’essence, la flambée des coûts alimentaires, la hausse des taux hypothécaires ou des tarifs des billets d’avion. Et basta sur la crise sanitaire ! Le mot-clé ambiant semble plutôt être « revanche » sur cet intervalle de privations. Tout au plus pourra-t-on consentir à rogner sur quelques restos ou activités une fois sur place.
Le nomade du jazz : Chet Baker
Le trompettiste Chet Baker est mort le 13 mai 1988 à Amsterdam. Il avait 58 ans. Au petit matin, un passant avait aperçu son corps au pied d’un hôtel de la ville où il se produisait souvent. Cette mise entre parenthèses définitive ainsi que son lieu ne résume pas, mais symbolise l’aventure musicale de celui qu’on surnomma des années auparavant le James Dean du jazz. Ce qu’il détesta profondément.
Une fuite immobile
Que dire de certains endroits qui ne disparaissent jamais de notre esprit, même longtemps après les avoir quittés, sinon qu’ils nous habitent, non comme un souvenir mais comme une sorte de zone à la périphérie de notre mémoire, là où l’on se glisse parfois pour ne plus être que là, sans oblitérer pour autant le quotidien, avec tout ce que la remembrance comporte de circonvolutions. Labyrinthe de nos fuites et de nos flâneries à distance, ainsi en est-il de Kyôto.
Le lourd tribut de la bêtise ordinaire
Même si l’actualité en fait tous les jours la démonstration la plus probante, on ne saisit jamais l’ampleur de la bêtise humaine que lorsqu’elle frappe aveuglément. Par décret, souvent, sur tout et sur rien. Ou encore par décision d’un tribunal, parfois même «suprême»… Car l’ineptie des hommes, surtout quand elle s’enrobe d’une aura de légitimité, réussit à atteindre des profondeurs abyssales, même, soviétiques… En voici un exemple douloureux.
Saint Omer, remarquable et maladroit
Saint Omer d’Alice Diop : premier film de fiction de cette cinéaste française fille d’immigrants sénégalais. Il est tiré d’un fait réel : Fabienne Kabou ,une jeune étudiante en philosophie d’origine sénégalaise à Paris, tue son bébé de 15 mois en l’abandonnant sur la plage de Berck-sur-Mer à la marée montante le 19 novembre 2013. La réalisatrice a basé le film sur les actes du procès qui a eu lieu à Saint-Omer. C’est un film à la fois remarquable et maladroit.