septembre 2024
Un contexte politique chamboulé
Petit tremblement de terre dans le paysage politique canadien qui vient rappeler brutalement au premier ministre Justin Trudeau la fragilité de son gouvernement et son impopularité après neuf ans de règne. La victoire étonnante du candidat bloquiste Louis-Philippe Sauvé à l’élection partielle dans la circonscription montréalaise de LaSalle-Émard-Verdun confirme que la marque de commerce libérale a du plomb dans l’aile, incapable de conserver ce château fort malgré tous les efforts déployés par les têtes d’affiche de l’équipe Trudeau.
L’atrabilaire confronté à l’espoir
La réaction au débat entre Kamala Harris et Donald Trump a été unanime: le champion des républicains a été terrassé par la candidate des démocrates. Il en a été ainsi parce que Harris a accordé un soin plus méticuleux à la préparation de ce combat que Trump, mais aussi, voire surtout, parce que ce dernier a multiplié les mensonges et les sorties de route sur le flanc des faits.
Le débat
Ça ne peut se passer qu’aux États-Unis. Un ancien président veut reprendre le poste et le statut qu’il pense s’être fait voler par le président de la vice-présidente qui vient contester sa suprématie. Harris veut parler de l’avenir, bla-bla-bla, tourner la page. Le républicain accuse la démocrate d’avoir mené le pays à la ruine … économique, militaire, morale, nationale.
France : la démocratie à l’envers
Le président Emmanuel Macron peut désormais se vanter d’avoir injecté dans la culture politique de la Ve République l’adage qui se crie et se répète dans toutes les écoles maternelles de France et de Navarre depuis l’instauration de la 1er République. Soit que les derniers seront les premiers.
Elle déchoit, la langue de France
Le français tel qu’on l’utilise aujourd’hui en France dans plein de sphères d’activités est gangréné par le tsunami des emprunts coupables à l’anglais. Loin de donner de la force et de la tenue à la langue française, ces mots et ces expressions qui choquent les oreilles et brouillent la vue sonneraient plutôt le glas du français. La situation est d’autant plus déplorable que l’article 2 de la Constitution française stipule que : « La langue de la République est le français ». Or le français-français des années 2020 est un français qui lentement fait naufrage, pour reprendre le mot qui résume bien l’amer constat de Lionel Meney à l’issue de son enquête sur l’état actuel du français en France.
Élections en Europe et essor d’une extrême droite xénophobe
La nomination d’un premier ministre en France près de deux mois après les élections qui ont coûté le pouvoir à son prédécesseur, ne signifie pas la fin des turbulences politiques dans ce pays. Il faudra encore attendre avant de savoir si le nouveau venu réussira à former un gouvernement de coalition. Ce n’est ni dans la tradition ni dans la culture de la cinquième république. Ce gouvernement encore très hypothétique au moment où s’écrivent ces lignes, aura-il, s’il voit le jour, une espérance de vie raisonnable où ne sera-t-il que le premier d’une succession de gouvernements éphémères comme en a connu la France sous la quatrième république ?
Ukraine : un coup d’éclat dans une guerre d’usure
La guerre en Ukraine nous a offert plein de surprises. Le fait de continuer après trente mois, sans compter les opérations lancées par la Russie au Donbass et en Crimée dès avril 2014, n’est pas la moindre. Plus récemment, la percée réalisée par les forces ukrainiennes le 6 août 2024 dans la région russe de Koursk a étonné bien du monde par son caractère spectaculaire et inattendu, au point où l’on a pu se demander s’il s’agissait d’un tournant dans la guerre.
L’Afrique terre d’« accueil » des immigrés
À bord d’embarcations de fortune, les images de migrants africains échouant sur les rives de la « forteresse Europe » frappent encore et toujours l’imaginaire. Et pourtant … Loin des feux médiatiques, l’Afrique reste leur principale « bouée de sauvetage ». Si les statistiques valent mille mots c’est donc sur le continent le plus pauvre et le plus jeune de la planète que les grands déplacements se font.« En réalité, les migrants subsahariens se tournent peu vers l’Europe. Ainsi 70 % des émigrés ouest-africains restent en Afrique. 61 % d’entre eux privilégient les pays de la sous-région alors que 15 % seulement se dirigent vers l’Europe et 6 % vers l’Amérique du Nord. »
La revanche du protectionnisme
Après presque un demi-siècle de mondialisation libérale, marquée par moult traités de libre-échange, par le non-interventionnisme étatique dans les marchés et par le diktat du capital financier, on assiste au retour en grâce du protectionnisme et à son arrière-goût amer. Ses ténors sont les mêmes qui, hier encore, vantaient haut et fort les vertus du commerce sans frontières.
La photographie du mois (Septembre 2024)
Tegucigalpa, Honduras, février 2015. Rose-Mary Omez, 25 ans vit dans le quartier Colonia Australia, à Comayagüela, une banlieue pauvre et dangereuse de Tegucigalpa. Elle habite avec sa soeur, ses tantes et ses deux enfants. Le père de ses enfants a quitté le domicile. Elle gagne 50 Lempiras (3$ca) par semaine en faisant la lessive. Grâce à l’aide de son père, elle a repris des études dans le domaine du commerce. En tout, la famille de sept personnes vit avec environ 1000 Lps par semaine, soit 60 $ca.
Pour Starmer, des émeutes en guise d’initiation
Keir Starmer est devenu le premier ministre du Royaume-Uni le 5 juillet. Moins d’un mois après son entrée en fonction, il a dû faire face à une crise majeure. Le meurtre de trois fillettes à Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre, a déclenché des émeutes dans plusieurs villes du Royaume-Uni, principalement en Angleterre et en Irlande du Nord. Les émeutiers ont attaqué des mosquées et des refuges pour demandeurs d’asile, tenté d’incendier certains de ces bâtiments et s’en sont pris physiquement à des individus dans la rue. Des affrontements ont également éclaté entre des émeutiers et des policiers.
La Belgique de 0 à 12
Vous trouvez le Canada compliqué ? Un gouvernement fédéral, deux langues officielles, 10 provinces, 3 territoires, 3 peuples autochtones selon la constitution de 1982, 630 Premières Nations autochtones, un nombre indéterminé de communautés multiculturelles reconnues par Ottawa… Il y a mieux. La Belgique bat le Canada haut la main.
Hier Blakey, Silver, Adderley, aujourd’hui Herring
Pour paraphraser tonton Georges, le Brassens qui voisine Paul Valéry sur les hauteurs de Sète, au cimetière pour être exact, mieux vaut vivre pour une idée que de mourir pour elle. L’an dernier, le saxophoniste Vincent Herring en a attrapé une, d’idée. Et une si bonne qu’il l’a méditée, touillée dans toutes les harmonies sonores possibles comme imaginables.
Un témoin clé
Déployé un peu partout sur la planète, souvent en territoire hostile, le personnel politique d’une ambassade marche, par définition, sur des œufs … et c’est encore plus vrai pour les représentants officiels des grandes puissances de ce monde. Ici, dans cet étonnant Première dame, c’est une évidence qui s’impose rapidement puisque l’action « impromptue » de notre histoire se déroule en grande partie en Inde, à l’intérieur de l’ambassade américaine de New Delhi, quelque part entre hier et … n’importe quand.
Nina, Doudas et les autres
Par un concours de circonstances invraisemblable et fou, Nina (Nahéma Ricci), une danseuse de bar sexy, aux ongles ultra rouges et super longs, se retrouve avec une « gang de gars » dans un camp de chasse dans le « fin fond des bois » quelque part dans le nord du Québec. C’est Kevin (Frédéric Miller-Zouvi), un de ses clients récents, qui l’y amène, presque malgré lui.
août 2024
Récession ou pas ?
Au début du mois, le mot en R brûlait les lèvres de presque toutes les personnes qui placent leurs économies à la Bourse, en tout ou en partie. Fausse alerte puisque la chute de 3 % de l’indice S&P 500 enregistrée le lundi 5 était effacée le vendredi. Repli hebdomadaire : 0,04 %, autant dire trois fois rien. Fausse question puisque les récessions font partie du capitalisme au même titre que les saisons dans la nature. Différence notable toutefois qui alimentent les spéculateurs de tout acabit, elles ne répondent pas à une mécanique aussi précise que la rotation de la Terre. En fait, si les récessions sont toutes porteuses de souffrances, leur élément déclencheur, leur profondeur, leur étendue et leur durée les distinguent les unes des autres.
Tim Walz, le prof, le coach
Le moins que l’on puisse dire est que le choix par Kamala Harris de Tim Walz comme éventuel vice-président des États-Unis a passablement surpris. Il y a encore une dizaine de jours, le nom de ce gouverneur du Minnesota ne figurait pas sur la liste des cinq candidats potentiels à ce poste. Et voilà qu’au cours de la dernière étape inhérente à cette décision, Walz a pour ainsi dire doublé tous les favoris.
Du GOP au PIPP
La légende veut que le Parti républicain américain soit, ou ait été, le Grand Old Party : le bon vieux parti. Or, Donald Trump est en train de réécrire l’histoire politique américaine contemporaine: son parti, (oui, c’est maintenant exclusivement le sien), n’a plus rien de républicain. Si son gourou pouvait prononcer des mots de plus de trois syllabes, le nouveau parti serait le PIPP : le Parti Isolationniste, Protectionniste et Populiste.
La COVID déroutante
Fin officielle de la pandémie pour l’Organisation mondiale de la santé. On pensait l’affaire réglée en attendant la prochaine épidémie de zoonose infectieuse, une grippe aviaire ou autre dérapage de la nature. Pas si vite. Non seulement le SARS-COV-2 persiste à bas régime dans la population, mais sa manifestation en version longue devient déroutante. Du jamais vu en médecine.
Mauvais calcul
Hydro-Québec calcule et prévoit ce dont le Québec a besoin et cherche les moyens de livrer la marchandise. Son dernier « ajustement tarifaire » est clair : les tarifs d’électricité payés par les Québécois sont trop bas. Selon les calculs d’Hydro-Québec, les tarifs résidentiels auraient dû augmenter de presque 4 % pour permettre à l’entreprise de financer ses nécessaires investissements.
Révolte au Bangladesh
À peine plus de quinze jours après son éviction, de la course à la présidence, sous prétexte de son âge, il n’est pas impossible que le président Biden, informé des événements qui on secoué le Bangladesh ces dernières semaines, soit resté un peu pensif. Voilà que dans ce pays de 175 millions d’habitants, les insurgés qui ont renversé le pouvoir, font appel pour diriger leur gouvernement provisoire à un sage. Un homme de deux ans son aîné.
Pourquoi 31 jours en juillet et en août ?
On connaît presque tous l’explication qu’on nous a donnée à l’école. Fermez votre poing, les enfants. Les bosses font 31 jours et les creux 30. Sauf le premier creux, février, qui en fait 28 ou 29 selon les années. On y va. Janvier 31, février 28, mars 31, avril 30, mai 31, juin 30, juillet 31 … Juillet, on est arrivé au bout du poing, donc on recommence au début. Première bosse, août, 31 jours, septembre 30, etc.
La photographie du mois (Août 2024)
Le 19 juillet 2020, après une vague de dénonciations et de témoignages de violences sexuelles vécues par des femmes du Québec, et alors que le monde émerge timidement du premier confinement dû à la COVID, des milliers de femmes se réunissent au Parc Lafontaine à Montréal pour marcher ensemble jusqu’au Palais de justice et dénoncer l’incapacité du système de justice à condamner les violences sexuelles.
Le Maître est mort
Le 22 juillet dernier John Mayall est mort. Il avait 90 ans. C’est bête à dire, mais on se doutait depuis quelque temps qu’il était à deux doigts de jouer la dernière note. On s’en doutait pour une raison aussi simple que nette : il y a un an et trois mois, ce Britannique vétéran de la guerre de Corée avait annoncé qu’il mettait un terme aux tournées.
Macron joue à qui perd gagne
Par deux fois, le président français Emmanuel Macron vient d’être clairement désavoué par la plupart de ses concitoyens. D’abord début juin aux élections européennes, les partisans de la « macronie » n’ont obtenu que 14,6 % des voix, contre 22,4 % en 2019. Dépité par ce score, Macron a alors dissous l’Assemblée législative dès la publication des résultats le soir du 9 juin. Cette décision l’a conduit à une deuxième défaite au deuxième tour, le 7 juillet, avec 23,15 % des voix contre 25,75 % aux législatives de 2022.
Orbàn, « Viktator » dans l’UE
Attention ! Un éléphant vient d’entrer dans un magasin de porcelaine ! Viktor Orbàn assume depuis le 1er juillet et pour six mois la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Depuis 14 ans qu’il dirige la Hongrie, il a cherché à tout casser sur son passage. Populiste de droite, eurosceptique, le sulfureux premier ministre de 61 ans a toujours ouvertement attaqué les « bourreaux excités » du Parlement européen, à ses yeux un repaire de « libéraux et gauchistes ».
« Vive la Catalogne libre ! », le retour de Puigdemont
Pied de nez à la justice espagnole réussi, hurlements de rage à droite, l’ex-président de la Catalogne Carles Puigdemont est rentré d’un exil de sept ans en évitant tous les barrages de police … dans le véhicule d’un policier catalan ! Il a même réussi à se payer une allocution électrisante devant ses partisans en plein milieu de Barcelone, à deux pas du Parlement régional, avant de disparaître dans la foule et d’échapper de justesse à ses poursuivants … grâce à un feu de circulation ! Il a depuis franchi la frontière française pour rentrer à son domicile de Waterloo, en Belgique.
All that Jazz …
Certains esprits chagrins, pourront penser qu’il faut qu’un journaliste ait l’esprit passablement tordu pour laisser croire au lecteur qu’il publie une enquête journalistique déguisée en roman épistolaire alors qu’au fil de la lecture on se rend compte qu’il s’agit d’un roman déguisé en enquête journalistique. De plus, quand, progressant dans l’ouvrage, on réalise que le cœur du roman est constitué d’éléments de la réalité d’importance majeure, issus d’une très sérieuse recherche historico-journalistique, on peut rester un tantinet perplexe. Le contraste entre la désinvolture de la forme et le sérieux du propos est pour le moins déstabilisant.
Le sol en soi
L’actualité guerrière fait parfois remonter des souvenirs de lecture qui recouvrent de leur ombre une situation politique dont on ne sait l’issue. Ainsi en est-il de la relecture de l’histoire d’un homme qui veut maigrir. Sous la plume de Benny Barbash, Little Big Bang (Zulma, Paris, 2011, 176 pages), une ode à la terre ancestrale. Loin du qui-a-tort-qui-a-raison et de la violence inouïe entre mer et Jourdain.
Des images qui valent mille mots et quelques invraisemblances
Vu au cinéma Beaubien, dans une de ses micro-salles, malheureusement, L’été dernier de Catherine Breillat, la « sulfureuse » réalisatrice française de retour derrière la caméra à 76 ans, après un AVC il y a dix ans. Chapeau ! Le film raconte la relation passionnée entre Anne, une jolie quinquagénaire en fleurs et froide avocate spécialisée dans la protection de l’enfance et son beau-fils, Théo, un adolescent de 17 ans, beau, ténébreux, instable, révolté contre son père.
À l’assaut de la Cour suprême
Il y a tout d’abord le lieu : la bibliothèque Lyndon B. Johnson située à Austin au Texas. Il y a ensuite l’événement : le 29 juillet 2024 s’avère le 60e anniversaire de la Loi sur les droits de vote, le Civil Rights Act, soit la législation emblématique du combat pour les droits civiques pour laquelle Johnson s’est battu avec plus d’ardeur que John F. Kennedy. Il y a surtout, en ce lieu et en ce jour, la réforme de la Cour suprême déclinée par Joe Biden.
juillet 2024
Les 48 heures de Kamala
Dans l’oreille d’un journaliste du New York Times, Robby Mook, directeur de la campagne d’Hillary Clinton en 2016, a confié son admiration pour le travail effectué par Kamala Harris dans les heures suivants le retrait de Joe Biden en qualifiant ces dernières: « Un 48 heures parfait. » Déclinons celles-ci.
Joe s’en va. Merci Nancy.
Au cours des 23 jours qui ont suivi la performance affligeante de Joe Biden lors de son débat avec Donald Trump le 27 juin dernier, le président n’a pas cessé de souligner qu’il n’envisageait pas du tout abandonner la course. Au cours des 21 jours qui ont suivi le débat évoqué, les caciques du Parti démocrate, les leaders du Congrès avant tout, ayant une opinion différente de leur grand chef, ont observé le principe de réalité pour mieux le greffer ensuite au principe de précaution.
Élections en France : quel pataquès !
Lorsque le président Emmanuel Macron a commandé le 9 juin dernier la dissolution de l’Assemblée nationale au terme d’une journée douloureuse pour son camp et la gauche dans son ensemble, le Rassemblement national (RN) ayant récolté plus de 30 % des votes lors des élections européennes, il avait justifié son geste en avançant que la vie politique du pays exigeait de la clarification.
La démocratie d’Aral
On parle volontiers de demi-siècles, mais on se réfère rarement aux quarts de siècles. Pourtant ce premier quart du vingt et unième siècle est sur le point d’avoir vécu. Il aura connu : les attentats du World Trade Center, une brusque résurgence de l’affrontement entre l’Occident et une Russie cette fois activement appuyée par une Chine riche et puissante, une pandémie qui a mis le monde à l’arrêt pendant presque deux ans. Une agression armée qui se transforme en guerre en Ukraine et implique l’Occident par le jeu des alliances.
La normalité retrouvée des taux d’intérêt
Dans un effort concerté, les banquiers centraux ont fait grimper en chandelle les taux d’intérêt afin de repousser les assauts inflationnistes qui ont suivi la récession liée à la pandémie de Covid 19. L’offensive a fait mal à un peu tout le monde, mais la montée des prix a été freinée, tout en demeurant tenace, voire coriace dans quelques pays. Mince consolation pour les emprunteurs, le loyer de l’argent va dégonfler un tantinet.
Des avancées pour le droit autochtone
Les peuples autochtones au Canada viennent de marquer des points dans leur bataille pour la reconnaissance de leurs droits. Deux jugements récents sont venus coup sur coup donner un nouvel élan à leurs revendications sur le plan juridique. En février dernier, la Cour suprême du Canada a déclaré constitutionnelle une loi fédérale qui accorde aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis le droit à l’autonomie gouvernementale dans le domaine des services à l’enfance et à la famille.
Ras-le-bol. Indeed. Mais encore ?
Les élections récentes - et peut-être en sera-t-il ainsi lors des prochaines, aux États-Unis par exemple - dans les pays démocratiques indiquent une volonté de changement, née la plupart du temps d’un ras-le-bol à l’égard des gouvernements sortants. Changement pour le changement ? Il y a peut-être un peu de cela, mais ce serait un peu court, pour ne pas dire démagogique, de prétendre que « le problème c’est le système ». Prenons le cas du Royaume-Uni, où le Parti conservateur (on dit aussi les tories) s’est effondré après 14 ans au pouvoir et où les travaillistes (le Labour Party) ont réussi un retour qu’on a qualifié de « spectaculaire » même s’il était prévisible depuis des mois, voire des années.
La photographie du mois (Juillet 2024)
Valérian Mazataud Baiterek, Kazakhstan, septembre 2023. Une troupe de danseurs traditionnels ouïghours
Bye Dem
Lâchera-t-il ? Restera-t-il ? Devrait-il lâcher ? Devrait-il rester ? Tout a été dit et écrit sur la candidature de Joe Biden. Tout et son contraire. Ou presque …
L’antipathie partisane dans l’arène politique
Fracturés politiquement, les États-Unis le seront encore plus avec la décision le 1er juillet de la Cour suprême, à majorité conservatrice, d’accorder une immunité partielle à Donald Trump concernant son procès fédéral pour tentative d’inverser illégalement les résultats de l’élection de 2020. Pour la juge dissidente Sonia Sotomayor, cette décision fera d’un président « un roi au-dessus des lois ». Elle est loin d’être la seule à s’inquiéter pour la démocratie américaine minée par l’hyper-partisanerie.
Le Congo, un pays ruiné par ses richesses
Les combats qui sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis deux ans et qui ont redoublé d’intensité au cours des derniers mois ont forcé plus d'un million de civils à fuir, portant à 5,7 millions le nombre de personnes déplacées dans ce pays.
Espagne : ces juges qui font de la politique
La loi d’amnistie des indépendantistes catalans a beau avoir été adoptée le 30 mai dernier, de nombreux juges espagnols continuent de multiplier les procédures pour empêcher la levée des mandats d’arrêt contre les exilés et l’annulation des condamnations contre les autres. Le sort de 486 personnes est en jeu. Même s’il est à nouveau député régional et s’il brigue la présidence du gouvernement de Barcelone, l’ancien président catalan Carles Puigdemont n’est pas près de rentrer librement dans son pays.
Les maux dits
Entendue d’en haut, la rumeur d’en bas dérange. Les pouvoirs n’aiment que la parole qui les louange. Pour faire taire leurs opposants, les dictateurs les tuent. Pour museler leurs critiques, les élites les huent. C’est pour ça que la parole est essentielle. Petite ou grande, chuchotée ou hurlée.
La Cible, contre-enquête sur la maltraitance journalistique
La Cible. Le titre est violent. Démesuré pour une simple affaire journalistique? Il faut connaître la fin de l’histoire pour en juger. Le 6 décembre 2016, le Dr Alain Sirard se suicide, trois ans après la diffusion d’un reportage à la télévision nationale qui prétendait décrire son acharnement à vouloir démontrer la maltraitance chez des parents dans sa pratique à l’hôpital Sainte-Justine. Le livre du professeur Marc-François Bernier est une leçon de journalisme incontournable.
Au pied de la lettre
L’évolution, la mode ou la politique changent le langage. Même la langue. Par exemple, le terme « sexe » est maintenant, littéralement, ambivalent. Des mots jadis aussi simples que « genre » sont devenus moins nets. «Droite» et «gauche» ont aussi suivi, voire subi des cours de ré-orientation.
Silhouettes insolites
Dans le langage de la sociologue Nathalie Heinich, « l’expérience de la maison est au-delà de la question de l’habitat. Peut-être parce qu’une maison a des racines qui l’enfoncent dans la terre et des ailes qui la tirent vers le ciel ». C’est dire à quel point les maisons ne sont pas tout à fait des bâtiments comme les autres. Sans doute est-ce parce qu’aux yeux de l’architecte Ando Tadao, « la maison est la construction la plus intime et la plus révélatrice de la vie des humains ». D’où l’intérêt porté aux constructions aux allures modernistes qui ont surgi au Japon depuis 1945.
Pertes de repères
Difficile de comprendre comment on a pu en arriver là. Comment, par exemple, un sans papier mexicain devenu coiffeur à Miami peut-il encenser Donald Trump, ainsi qu’on pouvait le lire dans La Presse récemment ? Pourquoi les Français se sont-ils vus forcés de choisir entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélanchon ? Les Canadians opter pour Trudeau ou Poilièvre ? Comment expliquer cette perte de références et de repères qui confine aux extrêmes, sinon par un sentiment d’inconscience ou de non-appartenance ? Peut-être cela tient-il à la notion d’identité. Comme si nous avions oublié qui nous sommes et d’où nous venons; ce qui nous définit collectivement, comme l’ouverture aux autres et l’aide aux plus démunis. Et tant qu’à y être, notre rapport au territoire et à ceux qui l’habitent avec nous. Hum ? Quand même étrange qu’un polar nous amène à poser de telles questions, non…
« Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles » : deux acteurs lumineux
J’ai vu il y a quelques jours, dans la salle 2 du cinéma Beaubien Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles de Lyne Charlebois. J’étais assis dans l’avant dernière rangée avec, devant moi, un parterre de têtes blanches. C’est un film sur le Frère Marie-Victorin (1885-1944), botaniste, fondateur du jardin botanique de Montréal, auteur de La flore laurentienne, figure emblématique de l’histoire des sciences au Québec : un homme lumineux, dans la très catholique et conservatrice société québécoise des années 30 et 40.
juin 2024
Coup de tonnerre en France
Les Français qui se plaisent à ridiculiser leurs dirigeants en les affublant de sobriquets divers, surnomment volontiers le président Macron Jupiter. Un Jupiter maître de l’Olympe, qui se veut à bonne distance des mortels et laisse libre cours à son caractère autoritaire et ombrageux. Dimanche 9 juin au soir, c’est effectivement d’un coup de tonnerre digne des foudres du dieu grec qu’il a traumatisé politiciens, observateurs et électeurs de son pays.
Le mal que cache l’immigration
Les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault se sont rencontrés à Québec le 10 juin dans le but d’apaiser les tensions entre Ottawa et Québec au sujet de l’immigration. Le chèque de 750 millions offert à Québec est bien accueilli, mais la vision divergente des deux chefs de gouvernement persiste. Ni l’un ni l’autre n’osent pourtant s’attaquer de front au mal d’où découlent les besoins toujours grandissants de main-d’oeuvre étrangère.
Le PQ perd ses modèles catalan et écossais
Comme jadis les communistes orphelins de leur patrie du socialisme, le Parti québécois va devoir faire son deuil des modèles européens de voie à l’indépendance. En mars 2023, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon se rangeait encore derrière la démarche des indépendantistes écossais. « On s’inspire beaucoup de Scotland’s Future, des documents produits en 2014 et renouvelés par la suite en 2022 avec Building a new Scotland. Ce sont des cahiers accessibles à la population qui répondent en termes simples sur l’intérêt du projet d’indépendance et sur l’après-indépendance »[1]. Ces phrases, PSPP n’oserait probablement plus les prononcer un an plus tard alors que le nouveau premier ministre indépendantiste de l’Écosse, John Swinney, ne parle plus, contrairement à ses prédécesseurs Nicola Sturgeon et Humza Yousaf, de transformer le prochain scrutin national en élection référendaire.
Reconstruire sur les ruines de Gaza ?
L’Histoire suggère qu’il faudra un jour reconstruire la bande de Gaza. C’est ce qu’on a fait à Berlin, à Varsovie, à Tokyo, à Hiroshima, à Grosny. Un jour, l’enclave de 365 kilomètres carrés redeviendra peut-être habitable … Mais quand, comment, à quel prix ce travail sera-t-il réalisé ?
34 fois coupable. Et après ?
Depuis que Trump a ajouté à sa panoplie le titre de premier président des États-Unis à avoir été reconnu coupable de crimes divers, les grands quotidiens de ce pays ont publié une quantité impressionnante d’analyses et opinions. De cette avalanche découle une obligation: élaguer, éclaircir, préciser. La première réalité qui doit être soulignée est la suivante : si Trump est élu président il ne pourra pas se pardonner pour la bonne et simple raison qu’à l’origine de la poursuite dont il fut le sujet il y a un État, celui de New York évidemment, et non l’État fédéral.
Alea jacta est
Perd ou gagne en novembre prochain, Donald Trump se proclamera élu POTUS pour une troisième fois d’affilée. Même si la limite constitutionnelle est de deux mandats présidentiels dans son pays. Il appert que l’homme n’en est pas à une contradiction près. Ses opposants démocrates non plus d’ailleurs.
La « gaffe » de Biden sur l’immigration
Joe Biden est « une machine à gaffes ». Il l’a dit et répété lors de la campagne présidentielle de 2020. En a-t-il fait une autre le mois dernier lorsqu’il a qualifié le Japon et l’Inde de « xénophobes » ? Alors que le 46ème président des États-Unis est rattrapé par la question migratoire — un de ses talons d’Achille en cette année électorale — il a lancé un pavé dans la mare diplomatique entre Washington et ses deux alliés asiatiques. « Ils ne veulent pas d’immigrés. » Vrai, faux ?
La photographie du mois (Juin 2024)
Tunis, Tunisie décembre 2011. Une statue romaine d’Apollon attend dans le hall d'entrée du Musée du Bardo alors en rénovation. À peine un an après la « révolution du jasmin » qui avait permis la chute du dictateur Ben Ali, le pays peinait à relever son économie. Le tourisme qui constituait sa principale source de devises étrangères avait alors chuté de plus de moitié. En 2015, un attentat terroriste dans ce même musée du Bardo n’allait pas arranger les choses. Aujourd’hui, après la COVID, le pays semble bien avoir retrouvé ses marques. En 2023 il accueillait presque neuf millions de visiteurs, un record.
Le pragmatisme solidaire
À l’ombre de la Solennelle Déclaration de Saguenay, le co-porte-parole-masculin de Québec Solidaire a affirmé que les deux partis bleus du Québec sont contre les immigrantes, contre les immigrants, contre l’immigration. « Le logement, les écoles, le français, les services publics, peu importe le problème, pour ces deux-là, c’est toujours la faute de l’immigration ». Même que le projet indépendantiste du PQ passerait par un référendum sur l’immigration. Voire contre l’immigration.
Paris 2024 : Prévoir et craindre
Paris est véritablement en mode proactif en vue des Jeux Olympiques et Paralympiques, qui se tiendront respectivement du 26 juillet au 11 août prochain, et du 28 août au 8 septembre. Les autorités et même les entreprises françaises se préparent à les accueillir.
Ben Sidran : homme de lettres
Il y a eu Mose Allison. Puis il y a eu et il y a toujours, heureusement pour nous, Ben Sidran. Le premier fut chanteur, pianiste, auteur, compositeur, accompagnateur, poète, raconteur, commentateur politique et homme de lettres très influencé par William Faulkner. Quoi d’autre ? Il était un original.
Le poison de la vengeance
Nombreux sont ceux et celles pour qui le tribunal de Nuremberg vient clore la Seconde Guerre mondiale. À la suite d’une longue série d’audiences qui déboucha sur la condamnation de dignitaires nazis, justice a été rendue, une fois pour toute, aurait-on pu croire. Sans doute, mais pas pour tous. Deux ouvrages récents et un film relatent le parcours du groupe Nakam qui comptait faire chèrement payer aux Allemands l’assassinat de quelque six millions de Juifs.
Toute la lourdeur du monde
La pandémie a laissé des traces un peu partout sur la planète comme en témoigne l’histoire sordide dont on vous parle ici et qui se déroule dans la ville de Québec, au moment où tout le monde commençait à laisser tomber le masque… il y a à peine plus de deux ans. Dans cette fresque un peu grise, il est question de la difficulté de vivre isolé des autres, de détresse et de pauvreté, d’intolérance, d’homophobie et de violences caractérisées avec même de forts relents d’escroquerie et d’abus de pouvoir en arrière-fond. La totale, quoi. C’est à se demander si le tsunami Covid 19 n’a que fait surgir le pire ou s’il a simplement révélé ce qui était là, plus ou moins enfoui depuis toujours, et qui ressemble à ce que l’on pourrait appeler la terrible lourdeur du monde …
mai 2024
Montée du populisme : la dynamique canadienne
Le Québec et le Canada n’ont pas échappé à la vague populiste qui a traversé la plupart des démocraties libérales au cours des dernières décennies. La méfiance envers les élites dirigeantes jugées corrompues et la promesse d’une reprise du pouvoir par le peuple ont trouvé ici comme ailleurs un terreau fertile. Mais le discours est ici plus nuancé, moins dans les extrêmes qu’aux États-Unis, au Brésil, en Hongrie ou en France où les Donald Trump, Jair Bolsonaro, Viktor Orbán, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon naviguent dans des registres plus radicaux. Il n’y a pas de parti d’extrême droite ou d’extrême gauche au Canada.
Le mot en P… pour tourisme
On évoque souvent la notion de « démocratisation » du tourisme par laquelle le voyage, non plus réservé à une élite richissime et privilégiée comme ce le fut longtemps, est maintenant enveloppé d’une aura d’accessibilité tous azimuts pour l’ensemble du peuple. À tel point que des humanistes comme le psychologue Maslow s’accordent pour le placer au rang de besoin dans la pyramide des satisfactions chez l’humain. L’offre s’étant ainsi multipliée devant la demande pressante des clientèles, une concurrence féroce s’est installée, avec comme résultats une poussée des tarifs vers le bas et, du même coup, une explosion des services proposés. Un passeport pour le plus grand nombre. Extrapolons vers une sorte de populisme dictant la crainte d’une invasion de son espace vital, voire la menace de « l’autre ».
Taxer, c’est gouverner
On exige toujours plus de l’État. Le vieillissement de la population, les changements climatiques, les élèves en difficulté, le logement abordable, les transports collectifs, l’entretien de nos infrastructures délabrées ou la sécurité des citoyens et des frontières: tout cela sollicite davantage le Trésor public. Le déficit anticipé de Québec est de l’ordre de 10 milliards, celui d’Ottawa, quatre fois plus, pour l’année en cours. Québec ne veut augmenter ni taxes, ni impôts, sans pour autant recourir à l’austérité, mais la faible croissance prévue ne peut combler l’écart à elle seule. Que faire?
Souvenirs d’Israël
Tous les journalistes, qu’ils l’avouent ou non, ont une grille d’analyse personnelle, fruit de leur expérience et de leur histoire. Il n’existe aucun œil pur qui puisse analyser « objectivement » les attaques terroristes contre Israël en octobre dernier ni les souffrances des 2,4 millions de Palestiniens parqués dans les ruines du ghetto de Gaza. Le choix de ce qui constitue ou non un fait digne de mention est déjà un a priori. Je ressens donc aujourd’hui le besoin de déclarer ma propre lorgnette à la douane médiatique.
Vous avez dit ligne rouge ?
C’est sans doute la métaphore la plus utilisée en relations internationales. On la doit à Calouste Gulbenkian. Sur une carte, avec un crayon rouge, le milliardaire arménien traça sans la moindre hésitation la zone exclusive d’exploitation pétrolière dans les pays arabes du défunt Empire ottoman. C’était le 31 juillet 1928. La « red line agreement » entra rapidement dans la diplomatie mondiale.
Le front (voilé) de la FAE
C’est écrit tel quel dans les documents de la FAE : « Nous incarnons un syndicalisme plus militant et plus combatif. » La Fédération autonome de l’enseignement s’est jointe en avril à la Commission scolaire English Montreal et au Conseil national des musulmans canadiens pour contester devant la Cour suprême du Canada la loi 21 sur (contre) des signes religieux dans des services publics. Soit.
Éclipse scolaire et l’ombre d’un doute
L’éclipse totale qui a parcouru le Québec le 8 avril dernier devait être une fête absolue. Certes, elle fut une occasion unique de partager entre amis, collègues, familles, une expérience éblouissante de rencontre astronomique. Elle a toutefois été précédée d’un vif débat sur le risque, ou l’occasion à saisir, d’une activité scientifique pour les élèves. En tout état de cause, nous avons eu droit à un dialogue de sourds.
La multiplication de la division
Il y a trop de raisons de s’inquiéter de l’avenir des États-Unis d’Amérique ; il ne faut pas rajouter celle de la « division » décriée et condamnée de toutes parts. Y inclus, au premier chef, par ceux qui la fomentent. Il est étonnant d’avoir à rappeler aux tenants de cette thèse d’épouvante que le contraire de la division, c’est l’unanimité. Il faudrait donc que tout le monde vote du bon bord pour ne pas fragiliser l’âme nationale. Ou, ô combien plus efficace, truquer les élections comme tant et tant de dirigeants le font pour étaler l’harmonie populaire.
La photographie du mois (Mai 2024)
Lima, Pérou, mars 2013. Extrait de la série The Commuters, exposée au festival CONTACT Toronto en 2014 conjointement avec Michel Huneault. La série explore les relations et l'intimité entre les voyageurs quotidiens dans diverses villes du monde : Lima, Londres, La Paz, Odessa et La Havane. À travers ces photographies un lien et des récits se créent entre inconnus, questionnant la frontière entre sphères privées et publiques. Créé en 1997, le festival photographique de la Ville-Reine se veut tous les mois de mai un regard à la fois critique et créatif sur les événements sociaux, culturels et politiques de notre époque.
Lloyd: entre raffinement et recueillement
Il y a longtemps, le saxophoniste et compositeur Charles Lloyd était grand. Longtemps, mais encore demandera-t-on ? Depuis les années 60 et plus précisément depuis la publication de l’album Forest Flower. Depuis ce temps lointain, il est resté grand. Avec Sonny Rollins, Benny Golson et Roscoe Mitchell il est membre de la bande des vieux grands. John Zorn, Steve Coleman? Ils sont plus jeunes.
L’apocalypse en temps réel … ou presque
Même si les rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat se suivent et deviennent de plus en plus alarmants, les gouvernements du monde avancent à pas de tortue devant les bouleversements climatiques qui affligent la planète, on le sait. Partout on piétine en invoquant les impératifs économiques ou la sécurité énergétique plutôt que de poser des gestes déterminants qui se font de plus en plus urgents. Comme s’il voulait nous faire prendre conscience de la menace que représente cette lente dégradation à la grandeur du globe, le romancier écossais Peter May s’appuie sur les constatations du GIEQ et situe l’action de son plus récent roman dans le futur presque immédiat; celui des décennies qui s’annoncent. Bienvenue dans l’apocalypse … ou presque.
avril 2024
Haïti — pays mafieux
Le 11 mars dernier, la CARICOM (15 pays des Caraïbes) avait donné 24 heures à un Conseil présidentiel transitoire créé par leurs soins pour choisir un Premier ministre intérimaire. Avec l’approbation du « Core Group », c’est-à-dire des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et du Brésil. Un mois plus tard, les élites se sont entendues sur le choix de sept des leurs… qui auront tous les pouvoirs… qui choisiront un nouveau premier ministre… qui, lui, organisera des élections dans les deux ans (il n’y en a pas eu depuis 2016)… qui sécurisera le pays… qui rédigera un plan de relance économique et humanitaire… qui… qui… Mais en attendant, Haïti est toujours sans gouvernement réel alors que les gangsters font la loi.
Le PQ préoccupe les créanciers du Québec
La remontée quasi miraculeuse du Parti québécois dans les sondages ranime malgré lui la frousse de l’indépendance, parmi les créanciers présents et futurs de la province. La prime qu’ils exigent pour les rassurer reste un sujet tabou. On ne la mentionne pas explicitement, mais des acteurs du marché obligataire observent que Québec consent ces jours-ci un écart de crédit de un à deux points pour mettre la main sur leurs millions. Cet argent sert à (re)financer la dette nette de plus de 220 milliards et le nouveau déficit annoncé de quelque 11 milliards, pour l’exercice en cours. C’est ce qu’a appris En Retrait par suite d’une indiscrétion d’un joueur très actif sur le marché obligataire.
Migrations et populismes
Lorsque l’on pénètre dans la cathédrale de Noto, petite ville historique de Sicile on est frappé par la croix qui accueille les visiteurs. Une croix faite de pièces bois polychrome rongées et délavées. Ce sont les morceaux d’épaves de barques de migrants qui ont tenté la traversée de la Méditerranée. Elles ont été trouvées sur les côtes de cette ile Italienne. Plus au sud dans l’ile de Lampedusa ce sont les croix du cimetière des migrants victimes de naufrages, qui sont faites avec le bois des épaves de leurs embarcations. Entre juin et septembre dernier plus de 2500 hommes femmes et enfants ont péri lors de ces traversées.
Impression(s) de dépression(s) en Argentine
Il n’y a que quelques mois que Javier Milei a été élu président et pourtant nombre de citoyens de l’Argentine sont déjà à bout de souffle. Pas une semaine, parfois pas même une journée, sans que les nouvelles de réformes brutales ou de réactions à celles-ci ne fassent les manchettes des médias argentins, qu’ils soient en ligne, en papier, ou en ondes.
Populisme à la sauce britannique
Pour le meilleur ou pour le pire, le populisme a progressé en Occident. Le cas du Royaume-Uni est intéressant ne serait-ce que parce que les Britanniques possèdent de très vieilles institutions politiques, qui ont eu l’heur de résister aux bouleversements, mais qui n’en ont pas moins été déstabilisées ces derniers temps.
La politique des enragés
Le populisme est souvent perçu comme une pathologie des démocraties représentatives rendues à bout de souffle. Entré dans le vocabulaire politique, le mot – polysémique – témoigne d’un rejet à droite comme à gauche d’institutions parlementaires qui ne seraient plus aptes à servir le peuple. Sous forme de questions-réponses, voici un aperçu de cette mouvance qui vise une recomposition sociale et politique radicale.
Covid-19 ou la liberté de vivre
La pandémie de COVID-19 est enfin derrière nous. Sur les plans humain, sanitaire, social et économique, son impact fut considérable. Chacun invoque son propre rétroviseur afin de tirer les leçons pertinentes de cette expérience sans précédent pour notre civilisation moderne. Avons-nous fait ce qu’il fallait ? En avons-nous trop fait ? Pas suffisamment ? Qui a le mieux réagi ? Qui a échoué ? L’enjeu des interventions non pharmaceutiques parait aujourd’hui déterminant.
Kické out de ma radio
La radio de Radio-Canada fait trop souvent mal aux oreilles. Ça la fout mal puisque c’est par là qu’on l’écoute. Un des plus sanglants massacre de la langue française à la radio publique a déjà été rapporté par l’auteur de ces lignes : une chroniqueure/chroniqueuse culturelle avait relaté le congédiement du bassiste d’un groupe populaire. Le pauvre type avait été « kické out de son band ».
Mark Robinson, un « Trump afro-américain »
Il a le verbe haut. Un peu trop. Mais cela plaît à Donald Trump qui le compare à « Martin Luther King sous stéroïdes ». Mark Robinson a beau encenser l’ex-président, il n’aime pas la comparaison. Pour lui, le champion des droits civiques est un « communiste ». Il préfère, de loin, être qualifié de «Trump afro-américain».
Trump bis ?
«Vous pouvez dire ce que vous voulez de Biden : il nous a au moins permis de passer des jours entiers sans qu’on pense à lui. » * Il s’agit d’un extrait d’un des vingt-quatre articles publiés par The Atlantic dans son numéro de janvier-février : Si Trump gagne.
La photographie du mois (Avril 2024)
Vue du township de Soweto, à Johannesburg. Le quartier de Diepmeadow, et en arrière-plan les stériles de la mine de Mooifontein, autrefois connue pour ses mines d’or. Le 16 juin1976, les émeutes de Soweto pour protester contre l’introduction de l’afrikaans comme langue officielle d’enseignement à l’école à égalité avec l’anglais, firent plus d’une vingtaine de morts. Depuis la fin de l’apartheid, le 16 juin est un jour férié en tant que fête de la jeunesse. Soweto influence aujourd’hui l’Afrique du Sud notamment sur les plans politiques et culturels.
Dans une classe à part
Au tournant du 20e siècle, dans les classes des villes et des campagnes, l’apprentissage de l’orthographe impose aux élèves la récitation de l’alphabet dont la représentation graphique des majuscules et des minuscules est installée au-dessus de grands tableaux noirs. Dans la région de Disraeli, quand Marie-Paule se fait demander d’énumérer les lettres de l’alphabet, elle n’oublie pas la leçon apprise : m – n – o – p – la lettre infâme – r – s – t – u – v ...
Quand « l’enfer c’est les autres » …
Lorsqu’on voit la violence des conflits qui déchirent le monde, quand on constate partout, chaque fois, le même acharnement sanguinaire et barbare, toutes ces morts inutiles et ces destructions … il est difficile de croire en l’avenir de la race humaine. Ou, pire encore, que la planète puisse survivre à la bêtise des hommes. Dur. En fait, le constat est tellement radicalement inacceptable qu’on préfère penser que, heureusement, il y a d’abord et avant tout… le reste: l’entraide et la coopération, la beauté, l’amitié, l’amour, la science, l’art, la culture.
Invincible Wes Anderson
Invincible finaliste aux Oscars 2024! C’est un court métrage écrit et réalisé par Vincent René-Lortie, produit par Samuel Caron, distribué par Jean-Christophe J.Lamontagne : ces trois-là font partie d’une toute nouvelle et talentueuse génération de cinéastes québécois.
mars 2024
Perdus dans l’espace
Activité intense ces temps-ci entre la Terre et l’espace ! Après une mission avortée en janvier, la NASA se pose finalement sur la Lune après 50 ans d’absence. Le Japon vient de faire de même pour la première fois. Plus près d’ici, des astronautes assurent la relève vers la Station spatiale internationale alors que le Starliner de Boeing et la géante Starship de Musk sont à la veille du compte à rebours. Tout ça alors que des enfants meurent de faim à Gaza, que Poutine menace de faire exploser sa guerre et que la planète vient d’enregistrer l’hiver le plus doux de son histoire connue. Sommes-nous perdus dans l’espace ?
Le cul-de-sac démographique du populisme ethnique
Au Québec, 61 % des répondants à un sondage Léger pensent que le Canada accueille trop d’immigrants. 65 % des Français souhaitent, pour l’ensemble du territoire français, l’abolition du droit du sol, le droit pour toute personne née en France de devenir automatiquement citoyen. Des deux côtés de l’Atlantique, les immigrants servent de boucs émissaires aux angoisses identitaires des nations, mais aussi à la détérioration des services de l’État, sécurité publique, crise du logement, santé, éducation.
Le Canada, moins bon, mais meilleur
De 1994 à 2000, durant sept ans d'affilée, le Canada a occupé le premier rang au classement de l'Indice de développement humain (IDH) des Nations unies. De là est née la formule selon laquelle «le Canada est le plus meilleur pays au monde», faussement attribuée à Jean Chrétien, premier ministre pendant toutes ces années. Désormais, le Canada occupe le 15e rang sur 195 pays. Mince consolation, les États-Unis sont au 21e, la France au 28e.
Médias en crise, démocratie en sursis ?
Le quatrième pouvoir a du plomb dans l’aile. Les médias d’information, considérés comme des piliers de la vie démocratique, n’ont plus les moyens de jouer leur rôle de chien de garde, privés de la majeure partie des revenus de la publicité dont profitent désormais les géants du numérique Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM).
Le syndrome de Stendhal, ou le mal des beaux-arts
Le jeune vingtenaire rêvait de mettre le cap sur le pays du Taj Mahal, affectueusement dépeint par des proches qui y avaient beaucoup frayé. Ainsi baigné dans l’ambiance depuis tout petit, il s’imaginait pouvoir se fondre aisément dans cet État mythique d’Asie du Sud cinq fois millénaire. C’était sans doute mal jauger la portée des sentiments que peuvent provoquer de visu les pics de l’Himalaya, le rivage de l’océan Indien et les eaux du Gange peuplées de pèlerins alanguis, pour dire le moins. Résultat : un voyage idyllique au cœur de la terre de Gandhi à troquer contre un autre vers l’hôpital, le syndrome de Stendhal ayant sévi, avec une psychose dans la valise pour le vol de retour.
Les vieux démons allemands
Depuis le début de l’année les Allemands descendent massivement dans la rue contre l’extrême droite. « Plus jamais ça ! » Avec ces trois mots, ils manifestent leurs craintes de voir un passé pas si lointain revenir en force.
Inde : la « marque » Modi
Le 6 décembre 1992, à Ayodhya, une ville de l’Uttar Pradesh, une foule de militants nationalistes hindous menés par les principaux porte-drapeau de cette mouvance a pris d’assaut et détruit une mosquée, déclenchant une flambée de violence intercommunautaire dans toute l’Inde et jusque dans les pays voisins. Babri Masjid (la mosquée de Babur) a probablement été construite au XVIe siècle sous le règne de Babur, le fondateur de l’empire moghol, sur un site qui, selon la tradition, avait déjà abrité un temple hindou.
À chacun son métier
En Russie, les tribunaux sont inféodés au pouvoir. Idem en Chine. Plus flagrant si possible. Dans tant et tant de pays, dans trop et trop de pays, c’est le même constat généralisé : le pouvoir suprême porte son nom. Plus crûment exposé, une clique impose sa loi.
Donald Trump et l’incertitude internationale
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump s’en prenait à l'OTAN, mais à l’approche des deux ans de guerre de la Russie contre l’Ukraine, il est carrément allé plus loin. Le fort probable candidat républicain à la présidence américaine a menacé les alliés de l’Alliance atlantique de leur donner toute une leçon, s’il est réélu en 2024. Les États-Unis pourraient bien ne pas se porter à l’aide d’un pays membre de l’OTAN en cas d’attaque, si ce pays ne contribue pas suffisamment à l'Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ou ne dépense pas assez en matière de défense. Et cela ne s’arrête pas là. Donald Trump encouragerait même la Russie à attaquer les alliés américains délinquants.
Oeuvres de chair
En ces temps de jeûne matinal, de sobriété glucidique, de restriction céliaque, d’abstinence éthylique, on peut éviter de sombrer dans une sorte de dépression alimentaire en parcourant certains ouvrages dont on dit qu’ils invitent aux plaisirs de la table. De ces bien nommés, on peut extraire de quoi contenter l’appétit, du ventre ou des yeux.
Un vertigineux trompe-l’œil
La violence faite aux femmes est une des tares du monde moderne. En ce mois qui célèbre l’émancipation et les droits des femmes, on la voit pourtant sévir partout; incompréhensible, injustifiable, aussi impensable qu’omniprésente. Ici comme ailleurs — le Québec a déjà connu six féminicides depuis le début de l’année au moment d’écrire ces lignes —, cette violence repose sur une sorte d’atavisme tenant de la volonté de contrôle et de l’abus de pouvoir; comme si les pulsions de l’homme de Néandertal survivaient toujours en nos gènes. 12 000 ans d’évolution pour en arriver là! Menfin… Le roman d’Anna Jansson semble donc développer ce même insupportable thème jusqu’à ce que…
Revoir Zorba
On peut ne pas apprécier particulièrement le poids d’un âge qui donne le privilège d’attendre une soixantaine d’années avant de revoir un film qu’on a beaucoup aimé. Mais enfin … Il serait déraisonnable de bouder, le plaisir de pouvoir le faire et de n’être pas conscient que le destin, au fil des années, distribue cette sorte de cadeau avec de plus en plus de parcimonie.
février 2024
Ukraine : une victoire par-ci, une défaite par-là
Un pas en avant, deux pas en arrière. Difficile de résumer autrement 24 mois de conflit en Ukraine. Russes et Ukrainiens ont beau multiplier leurs offensives tout au long de la ligne de front, rien ne bouge vraiment. C’est la guerre des tranchées. Une guerre d’usure. À qui finira-t-elle par profiter ? S’il ne peut y avoir de victoire absolue, ni d’un côté ni de l’autre, alors comment se terminera la boucherie déclenchée par l’invasion russe du 24 février 2022 ? Difficile à dire, mais plusieurs points se dégagent.
La photographie du mois (Février 2024)
Une jeune ukrainienne durant un entraînement militaire réservé aux femmes, à Kharkiv dans l'est de l'Ukraine, en février 2022. Le projet d'autodéfense féminine Garda avait entre autre pour objectif de former les femmes de la région au maniement des armes à feu. Le 24 février 2024 marque les deux ans de l’invasion russe de l’Ukraine. Temporairement occupée par la Russie, la région frontalière de Kharkiv est reprise par les forces ukrainiennes en octobre 2022, mais subit depuis d'incessantes attaques de la part de la Russie. Les femmes sont les premières victimes collatérales du conflit militaire. Dès la fin 2022, l'ONU reconnaissait que « les violences sexuelles étaient une '' tactique délibérée '' des forces russes ».
L’art de bâtir des crises
La pénurie de logements abordables et sociaux s’étire depuis des années partout au Québec, au point d’avoir engendré celle de l’itinérance. Les causes sont multiples: abandon du soutien financier au logement social par Ottawa au siècle dernier, laisser-faire de Québec, hausses des coûts de construction, pénuries de main-d’oeuvre, locations à court terme, spéculation tout azimut et incapacité du marché d’assurer tout seul le droit fondamental à pouvoir se loger selon ses moyens. Il y a enfin le contrat de travail spécifique au Québec qui freine la mobilité de la main-d’oeuvre, nourrit le corporatisme professionnel, stimule la concurrence intersyndicale et empoisonne souvent la vie sur les chantiers.
Immigration : un enjeu de société
Immigration. Le mot est sur toutes les lèvres. C’est la question de l’heure un peu partout en Europe, aux États-Unis, au Canada et au Québec bien sûr, bref là où le niveau de vie fait l’envie des millions de déshérités et de gens aux horizons bouchés qui aspirent à un avenir meilleur pour eux et pour leurs enfants.
Histoires de migration
Ce dimanche 4 février une grande manifestation, contre les migrants dans une préfecture française. Ce département à voté à 60 % en faveur de Marine Le Pen à la dernière élection présidentielle, rien donc de bien surprenant. Par contre on peut s’étonner du fait que la population ici soit à 95 % musulmane. De plus, parmi ceux qui manifestent énergiquement contre l’insécurité et l’immigration clandestine, on ne discerne guère de visage de souche européenne.
Madame Laliberté
Il faut voir la Statue de la Liberté de très près pour constater que son talon droit est levé. Le guide a expliqué que cela signifie que la Liberté est en marche. Il n’a pas répondu à la question facétieuse du touriste : vers l’avant ou vers l’arrière ?
Rouge : une mer à éviter
Même si les morts s’y comptent par dizaines de milliers, le conflit dans la bande de Gaza ne trouble pas trop le reste de la planète, pas plus qu’il n’affecte, à lui seul, le rythme mondial des affaires. On en a déjà vu d’autres dans cette poudrière-là, diront les cyniques et les fatalistes. Il en est autrement à 2300 kilomètres au sud, dans le détroit de Bab el-Mandeb qui ouvre (ou qui ferme) la mer Rouge au reste du «grand bleu» et aux navires qui sillonnent ce dernier: les missiles que s’échangent les miliciens houthis, qui sont maîtres de l’ouest du Yémen depuis 2015, et une coalition mise en place par Washington et Londres ont fait relativement peu de victimes jusqu’ici mais ils ont perturbé plus de 10 % du transport maritime mondial et 35 % de celui qui passe par le canal de Suez.
Qui sont les Houthis du Yémen ?
Pour expliquer l’irruption des Houthis du Yémen dans l’actualité internationale, une partie de nos médias se contentent d’invoquer un axe géostratégique chiite manipulé par l’Iran qui va du Hezbollah libanais aux chiites yéménites en passant par le régime du dictateur syrien Bachar el-Assad et les milices irakiennes inféodées à Téhéran. Le ciment de tout cela serait l’appartenance à une religion unique, le chiisme. Faux départ. Il faut déboulonner un mythe, tous ces pays ne partagent pas la même religion.
Il restera toujours le voyage
De tout temps, épousant la nature même de ce segment de l’activité humaine qu’est le tourisme, les types de voyageurs se sont avérés multiples. Mais les modes de vie en perpétuel mouvement engendrent aussi leurs propres modèles qui collent aux changements de l’heure. Parmi les tendances qui se dessinent pour 2024, et assurément à plus long terme, se classe le « voyageur caméléon », selon les résultats d’un sondage effectué auprès de 1000 Québécois par la Chaire de tourisme Transat-UQAM, dévoilés il y a quelques jours. Dégageons quelques grandes orientations.
Légendes onusiennes
Depuis quelques décennies, on a vu se créer sous l’égide de l’ONU des instances dont la mission était – apparemment – de préserver l’écosystème de la Terre. Puis par une sorte de hasard sémantique est apparu une expression qu’aujourd’hui on ne peut qualifier que d’oxymoron : développement durable. Une expression qui a servi à tous ceux qui, sous couvert de « sauver » l’environnement, ont attiré l’attention sur leur personne (exceptionnelle), leurs actions (imaginaires) leurs programmes (abstraits), alors que le saccage de la planète se poursuivait rondement, impunément. Une (triste) épopée que raconte Fabrice Nicolino, dans Le grand sabotage climatique (Les Liens Qui Libèrent, Paris, 2023, 349 pages).
Terriblement noir
Depuis quelques années déjà, février est devenu, de ce côté-ci de l’Atlantique du moins, le Mois de l’histoire des Noirs. C’est l’occasion de rappeler les nombreuses actions des membres de la communauté afrodescendante qui ont contribué à façonner pour le mieux le monde dans lequel nous vivons. Mais l’histoire que nous raconte Châtiment n’a rien de glorieux, bien au contraire. Le livre de Percival Everett fait plutôt écho aux vies détruites de ces milliers de personnes qu’on a lynchées — un peu partout à travers les États-Unis mais surtout dans le «Deep South» — à cause de la couleur de leur peau. C’est un roman improbable parce qu’il est à la fois terrifiant et délirant d’humour … noir. Attachez vos ceintures.
Ru et Ferrari: où est le sublime ?
Je suis allé voir Ru au cinéma Star Cité, dans l’est de Montréal, à l’ombre du stade Olympique et Ferrari au Cinéplex Forum, dans l’ouest, avec dans le hall d’entrée la statue en bronze du mythique Maurice Richard. Ce sont de belles salles, un peu fanées mais confortables et aux antipodes l’une de l’autre comme les films que j’y ai vus. En même temps ces deux films, aux sujets et thèmes si différents, ont quelque chose en commun : une certaine incapacité à tendre vers le sublime.
janvier 2024
Une image vaut deux mots : intelligence artificielle
On discourt beaucoup ces temps-ci sur l’intelligence artificielle, ses vertus et surtout les craintes qu’elle suscite. Des simples travaux scolaires jusqu’à la géopolitique de l’IA, on s’attarde longuement sur la pertinence, l’exactitude ou encore l’efficacité du contenu sémantique que ces technologies peuvent générer. Mais les algorithmes nous plongent déjà tous dans une révolution troublante, celle de l’image.
La guerre de Gaza et le droit international
Cet article ne doit pas être interprété comme une exonération du Hamas et du Jihad islamique. Les exactions de leurs miliciens, prises d’otages, massacres de civils, utilisations de boucliers humains, viols et exécutions extrajudiciaires constituent d’incontestables crimes en droit international. La Charte des Nations unies reconnaît « le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée »[1]. Israël avait donc parfaitement le droit de répliquer militairement au pogrom du 7 octobre. Cela ne lui permet pas toutefois de faire n’importe quoi.
La fausse course
Le sprint vers la Maison-Blanche commence par un faux départ. Habituellement et officiellement, les caucus de l’Iowa et les primaires du New Hampshire ouvrent la longue marche vers les conventions républicaine et démocrate de l’été suivant. Ce ne sera pas le cas cette année.
Salvador, un pays « sûr »
A grandes males, grandes remedios. Depuis son entrée au palais présidentiel salvadorien le 1er juin 2019, Nayib Bukele, a pris le taureau par les cornes pour s’attaquer à l’insécurité qui faisait du plus petit État d’Amérique centrale l’un des plus violents de la planète. Oui, lui ont dit la grande majorité de ses habitants : aux grands maux les grands remèdes !
Frotter Charles III à défaut de l’empiler
Quoi de plus plaisant que de commencer l’année, les mains dans les poches, en frottant l’oreille de Charles III ? Le profil gauche de Sa Gracieuse Majesté (SGM), roi du Canada, orne les nouvelles pièces de cinq, 10, 25 et 50 cents, de même que celles de un et de deux dollars frappées par la Monnaie royale canadienne (MRC) depuis le 14 novembre dernier, jour de son 75e anniversaire de naissance.
La photographie du mois (Janvier 2024)
20 mai 2020. Hôpital mobile de LaSalle, où sont traités des patients atteints de la COVID-19. L’infirmière auxiliaire Marie Alexis est au chevet d’une patiente très affaiblie. « J'aime beaucoup ce que je fais, mais il faut vraiment avoir la vocation », témoigne-t-elle. Engagés dans un mouvement de grève depuis la fin octobre 2023, les 80 000 membres de la FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec) ne sont toujours pas parvenus à un accord avec le gouvernement du Québec concernant l’amélioration de leurs conditions de travail.
Le destin tragique d’Eduardo Malpica
Le corps d’Eduardo Malpica a été retrouvé dans les eaux du Saint-Laurent dans la Baie de Beauport à Québec le 31 mai 2023. L’homme de 44 ans était porté disparu depuis la nuit du 26 novembre 2022 au sortir du café-bar Zénob de Trois-Rivières. Les causes et les circonstances de sa mort demeurent nébuleuses aux yeux de sa famille qui a présenté en novembre dernier une demande d’enquête publique au coroner en chef du Québec dans l’espoir de faire la lumière sur toutes les questions restées sans réponses.
2024 ? Ah bon !
Ça fait plus d’un an que la Cour d’Appel du Québec a entendu les plaidoiries contre la décision de la Cour Supérieure sur la loi 21. Ladite Cour Supérieure avait statué sur l’affaire il y a 33 mois. Le juge Blanchard avait alors conclu que le gouvernement du Québec a le droit de faire ce qu’il a fait, en l’occurrence interdire le port de signes religieux dans certains services publics. Le magistrat avait aussi conclu que des dispositions de la loi 21 vis-à-vis les commissions scolaires anglophones et les députés étaient inconstitutionnelles.
Le secret de la femme en rouge
D’ici, la Finlande nous apparaît bien lointaine et la petite ville de Pori, où Tuominen situe ses histoires, encore plus minuscule même si elle compte aujourd’hui plus de 75 000 habitants. C’est pourtant une sorte de microcosme illustrant parfaitement la complexité du monde dans lequel nous vivons. Où que l’on soit sur cette terre, les problèmes sont les mêmes … à quelques variantes près, bien sûr. Les conflits sociaux, le manque de respect, la violence, les inégalités, la pauvreté et le racisme font partout la Une des quotidiens. En ligne ou non. C’est de cela qu’il est question ici : de l’état du monde.
La beauté est au rendez-vous
L’autre soir, à contrecœur ou presque, je suis allé voir « Les feuilles mortes » de Aki Kaurismaki ! Après la projection je suis sorti de la salle 3 du Cinéma du Parc enchanté ! Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen), les deux protagonistes, sont des personnages emblématiques du monde de Kaurismaki : humbles ouvriers, résignés et seuls : Holappa est sableur et perd son emploi à cause de son alcoolisme, il devient travailleur de la construction et perd à nouveau son emploi pour la même raison. Ansa est préposée aux aliments dans un supermarché. Mise à la porte pour des raisons absurdes elle vogue ensuite de jobine en jobine.