À propos de l'auteur : Dorothée Giroux

Catégories : International

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Dorothée Giroux

La guerre que mène Israël contre le Hamas continue à faire des centaines de victimes dans la Bande de Gaza, après un cessez-le-feu qui a duré deux mois. Les hostilités et les activités militaires israéliennes ont repris, la destruction d’infrastructures civiles aussi, et des otages israéliens sont encore détenus par le Hamas. Comme au début de cette guerre il y a 18 mois, les victimes du conflit se demandent où sont les leaders du monde et que font-ils pour tenter d’y mettre un terme.

Les images en provenance de la Bande de Gaza sont brutales. Avant et après la trêve. Des familles quittent les décombres de leur ancienne habitation et marchent vers une autre partie du territoire, une couverture sur les épaules et tout ce qui leur reste, mis dans deux ou trois sacs.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a averti les Palestiniens, par communiqué, que l’armée va étendre son offensive : « Bientôt, les opérations s’intensifieront et s’étendront à d’autres zones dans la plus grande partie de Gaza et vous devrez évacuer les zones de combat. » Un message à peine moins brutal que celui qu’il a publié sur le réseau X, le 19 mars, au lendemain de la rupture du cessez-le-feu. Israël Katz parlait alors de dernier avertissement : « Suivez le conseil de président des États-Unis. Rendez les otages et jetez le Hamas dehors et de nouvelles options s’ouvriront pour vous, y compris la relocalisation dans d’autres parties du monde pour ceux qui en font le choix. L’alternative est la destruction et la dévastation totale. »

Depuis ce 19 mars, 400 000 Gazaouis ont été déplacés, selon l’Agence des Nations-Unies d’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA). Cette population subit également le plus long blocage d’aide humanitaire et d’approvisionnements commerciaux depuis le début de la guerre, dans les heures qui ont suivi les attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023, en Israël. Bilan des attentats du Hamas, ce jour-là, dans des communautés israéliennes, des bases militaires et au Festival de musique Nova: 1200 morts, plus de 5000 blessés et 251 personnes prises en otage. Ce sont ces attaques qui ont déclenché les foudres du gouvernement Nétanyahou et qui jusqu’à maintenant ont fait plus de 50 810 morts chez les Palestiniens et plus de 115 000 blessés.

Toujours selon les Nations Unies, près de 2,1 millions de personnes sont piégées dans la Bande de Gaza, à nouveau bombardées, déplacées et affamées. Les activités militaires israéliennes sont intenses, les dommages et destructions d’infrastructures civiles se poursuivent. La nourriture, les médicaments et fournitures médicales, l’essence, tout cela est à nouveau bloqué de l’autre côté des postes frontaliers, depuis la fin du cessez-le-feu. Tellement que le directeur de l’Agence des Nations-Unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, réitère le message suivant : « Si vous décidez d’arrêter l’approvisionnement à une population dans le besoin pour mettre de la pression sur cette même population, ce n’est rien d’autre que la militarisation de l’assistance humanitaire. »

Des ambulanciers-paramédics assassinés

Le blocus de médicaments et de nourriture ne semble pas être la seule preuve de militarisation de l’aide humanitaire. Le 23 mars, 15 premiers répondants et ambulanciers-paramédics palestiniens auraient été la cible de militaires israéliens.

Ils ont été portés disparus pendant une semaine. Ce n’est que le 4 avril que la Fédération internationale des sociétés des Croix Rouge et Croissant Rouge a annoncé que les dépouilles de 15 premiers répondants et paramédics avaient été retrouvés et auraient été la cible de tirs nourris. Neuf d’entre eux travaillaient pour le Croissant Rouge et les six autres étaient à l’emploi des Nations Unies et de la Défense civile palestinienne.

Un d’entre eux, du Croissant Rouge, n’a pas encore été retrouvé. Pendant sept jours, les forces armées israéliennes n’auraient pas donné d’information sur le lieu où se trouvaient les corps et les ambulances. Le président et le vice-président du Croissant Rouge palestinien sont formels : ces ambulanciers-paramédic répondaient à une importante urgence médicale. Les ambulances étaient clairement identifiées. Les véhicules et leur personnel auraient été ciblés, violemment attaqués et assassinés.

La direction du Croissant rouge palestinien affirme avoir deux vidéos constituant des preuves d’une attaque contre les ambulanciers qui ne faisaient que leur travail : tenter de sauver des vies. L’une de ces vidéos a été enregistrée par un des ambulanciers tués, à l’aide de son téléphone cellulaire. La Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant rouge appuient la tenue d’une enquête complète et indépendante et demandent au Conseil de sécurité des Nations Unies de donner suite à cette affaire. Quant au Croissant Rouge palestinien, son président, Younis Al-Khatib, exhorte le Conseil de sécurité et la communauté internationale à ne négliger aucun effort pour que l’entente de cessez-le-feu soit reconduite et menée à terme.

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