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Capture d’cran
Serge Truffaut
Depuis que Trump a ajouté à sa panoplie le titre de premier président des États-Unis à avoir été reconnu coupable de crimes divers, les grands quotidiens de ce pays ont publié une quantité impressionnante d’analyses et opinions. De cette avalanche découle une obligation : élaguer, éclaircir, préciser.
La première réalité qui doit être soulignée est la suivante : si Trump est élu président il ne pourra pas se pardonner pour la bonne et simple raison qu’à l’origine de la poursuite dont il fut le sujet il y a un État, celui de New York évidemment, et non l’État fédéral.
Les forts en exercices juridiques assurent que si Trump s’installe à la Maison-Blanche en janvier 2025 s’ensuivra une crise constitutionnelle majeure. Car le pays étant une république, le président dispose d’un pouvoir décisionnel sur les ministères régaliens, dont celui de la Justice. Et alors ? Comment un condamné pourrait-il ordonner à l’appareil judiciaire sa marche à suivre à moins …
Dictateur l’espace d’une journée
À moins de se transformer en dictateur. À ce propos, on se rappellera que Trump lui-même a indiqué qu’il envisageait être dictateur l’espace d’une journée, le temps de faire un gros et sale ménage. On se rappellera aussi que lors de la défense par les avocats de Trump de l’immunité que la Cour suprême devrait accorder du président, ils étaient allés jusqu’à dire que celui-ci pourrait bien ordonner l’assassinat d’un adversaire politique sans être poursuivi.
On se rappellera également que lui et ses collaborateurs ont confié qu’une fois de retour aux manettes ils s’emploieraient à poursuivre Biden et un bon nombre de leurs adversaires. Pour ce faire, ils n’ont pas caché, le conseiller Steve Bannon en tête, qu’ils entendaient remplacer les hauts fonctionnaires par des politiques.
Il pourrait en aller ainsi pour une raison, là également, toute simple : les Pères fondateurs n’ont jamais envisagé qu’un criminel devienne président à l’exception du gouverneur de la Virginie. Son nom ? Patrick Henry, auteur notamment d’un célèbre discours intitulé Donnez-moi la liberté ou donnez-mois la mort.
Henry avait une hantise soit que le pays soit dirigé un jour par un président se muant en monarque absolu parce que reconnu coupable, parce que la Constitution ne comprend pas d’articles consacrés à l’imputabilité du chef de l’exécutif.
Sur ce flanc, Henry ferrailla en vain contre James Madison, l’un des principaux rédacteurs de la Constitution, qui, en fédéraliste convaincu, voulait que le président dispose d’une concentration de pouvoirs plus imposante que celle accordée aux États. Passons au ras des pâquerettes.
136 ans de prison ?
Trump ayant été reconnu coupable de 34 méfaits, dont celui trop ignoré de conspiration contre le processus électoral, le juge Juan Merchan de la Cour suprême de l’État de New York pourrait théoriquement le condamner à 136 ans de prison, chacun de ces méfaits étant passible d’une peine de quatre ans.
Cela précisé, il est écrit dans le ciel que Merchan permettra à Trump ce qui est toujours permis dans les cas semblables : purger simultanément les 34 peines si, il est important de le souligner, Merchan le condamne à l’emprisonnement pur et simple.
À ce propos il faut savoir que dans la décision du magistrat, un acteur va jouer un rôle majeur : Alvin Bragg, procureur du comté de New York à l’origine de la poursuite. Ayant gagné le procès, il lui revient de suggérer à Merchan le peine devant être fixée.
Si l’emprisonnement d’une durée de quatre ans est écarté alors Trump pourrait être condamné à des peines épisodiques, soit X nombre de fins de semaines, l’assignation à résidence ou les travaux communautaires. Dans tous les cas de figure, il devra rendre des comptes à un agent de probation appelé, lui, à limiter les déplacements du … candidat à la présidence.
L’étendue ou la portée de la peine que Merchan communiquera le 11 juillet dépendra en partie si Trump a respecté l’ordre du bâillon – le gag order -, commandé par le premier. L’ex-président ne l’ayant pas respecté, il a injurié notamment le magistrat, sa fille et les jurés, ce dernier pourrait fort bien imposer une peine plus importante.
Dernier fait à rappeler, c’est l’avocat principal de Trump, Todd Blanche qui a demandé que le verdict soit rendu public le 11 juillet, car trois jours plus tard commencera la convention républicaine. On l’aura compris, Trump entend jouer le rôle du martyr.