À propos de l'auteur : Marie-Josée Boucher

Catégories : Québec

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Les deux candidats principaux à la mairie de Montréal, la mairesse sortante, Valérie Plante, et l’ex-maire Denis Coderre, multiplient les annonces depuis cet été. Parmi les sujets clés de leur plateforme électorale respective, figure le réseau des pistes cyclables de l’île, qu’on ne peut dissocier des déplacements en automobile et à pied. 

Marie-Josée Boucher 

Les cyclistes sont devenus une réalité incontournable à Montréal. De plus en plus de citoyens de tous les âges enfourchent leur vélo. Un sport qui comporte plusieurs atouts, comme la réduction de leurs coûts de transport.

Dans une lettre ouverte du 2 octobre dernier parue dans La Presse+, le président-directeur général de Vélo Québec, Jean-François Rheault, indiquait que sept Québécois sur dix souhaitent que le réseau cyclable de leur municipalité soit amélioré et davantage étendu. Il faisait valoir les volets bénéfiques du vélo sur les plans de la santé physique et mentale, de la qualité de l’environnement et de sa contribution à l’économie locale et régionale.

Dans son document État du vélo au Québec en 2020, Vélo Québec affirme que 54 % des citoyens font du vélo, soit 800 000 de plus qu’au milieu des années 1990. À elle seule, la ville de Montréal compte maintenant 1 001 km de pistes cyclables.

Les programmes

Que proposent Valérie Plante et Denis Coderre ? Leurs programmes se ressemblent beaucoup.

La cheffe de Projet Montréal s’appuie sur le bilan de son administration depuis son élection en 2017. Ayant pour thème Le meilleur réseau cyclable en Amérique, elle veut renforcer ce qu’elle appelle « la culture du vélo » à Montréal.

Dans sa vision, elle inclut les personnes à mobilité réduite, comme celles qui se déplacent en fauteuil roulant électrique. Soucieuse « du bon aménagement au bon endroit », elle entend notamment augmenter l’offre de voies cyclables, dont celui du Réseau express vélo (REV) actuel, en collaboration avec les acteurs locaux. Enfin, Plante souhaite implanter un programme de soutien pour les personnes handicapées qui voudraient acquérir un vélo familial, électrique ou adapté.

Au chapitre de l’automobile, la mairesse sortante promet de favoriser, entre autres, l’autopartage, le covoiturage et les véhicules libre-service, de même qu’augmenter la surveillance des véhicules lourds aux abords des résidences pour aînés, des bibliothèques et des services de garde.

De son côté, Denis Coderre ne fait pas table rase de tout ce qui a été fait par son adversaire. Il propose plutôt des améliorations au réseau cyclable dans son programme ayant pour thème La mobilité. Plus. Mieux. Pour tous. Partout.

Il dit s’élever contre ce qu’il appelle la « guerre à l’automobile » et est d’avis que « tout le monde a sa place à Montréal, peu importe son mode de déplacement ». Par exemple, il veut accroître la sécurité des piétons du REV qui couvre l’artère Saint-Denis, par l’ajout de feux cyclistes aux intersections plus achalandées.

S’il est élu, Coderre veut en outre réaménager le REV de la rue Bellechasse. Dans le cas de ces deux artères, leur mise en place a suscité l’ire de plusieurs commerçants qui affirment avoir perdu une grande partie de leur clientèle.

Coderre promet également le développement d’axes cyclables dans le secteur ouest (Bois-de-Liesse), nord (Montréal-Nord) et est (Saint-Léonard), en lien avec le Réseau express métropolitain (REM) et le prolongement de la ligne bleue du métro.
Tant Denis Coderre que Valérie Plante promettent d’étendre le réseau BIXI, de rétablir les trottinettes électriques et de réduire l’utilisation de l’auto-solo dans la ville.

Cohabitation vélo-auto-piétons

Le vélo est là pour rester, qu’on le veuille ou non. C’est au chapitre de la cohabitation entre les cyclistes, les automobilistes et les piétons qu’il faut redoubler d’efforts.
La relation auto-vélo a d’abord connu de sérieux heurts lorsque celui-ci a pris de l’ampleur à Montréal. Les automobilistes reprochaient aux cyclistes de prendre toute la place sur les rues et boulevards alors que ces derniers tonnaient contre la vitesse et la témérité des conducteurs au volant.

Certains cyclistes avaient aussi tendance à rouler beaucoup trop vite. N’oublions pas les piétons, qui devaient et doivent toujours redoubler de prudence aux intersections, pour voir venir cyclistes et automobilistes. L’installation de feux pour piétons à de nombreuses intersections a aidé leur cause.

Puis, la ville a mis en place, à juste titre, de nombreuses voies réservées aux cyclistes. En outre, les événements annuels comme le Tour de l’île de Montréal ont sensibilisé les automobilistes et l’ensemble de la population aux avantages du vélo et aux droits de ses adeptes.

Pourtant, les décès de cyclistes et de piétons au cours des dernières années sont venus douloureusement rappeler qu’il faut non seulement partager la route, mais la partager harmonieusement. L’organisme Vélo fantôme a installé des vélos blancs à des intersections montréalaises où des cyclistes ont perdu la vie, pour rappeler leur mémoire et illustrer l’importance de demeurer prudents.

Parallèlement, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) insiste constamment, depuis 2007, sur le fait qu’il faut se déplacer en faisant montre de sens civique, au moyen de campagnes de sensibilisation, comme les slogans de 2020 et 2021,  SVP,  Partageons la route et Sur la route, on veille sur les autres.

De plus, les nombreux et interminables travaux récurrents et prolongés de réfection dans les rues de Montréal ont accentué l’importance d’une saine cohabitation entre cyclistes, automobilistes et piétons. L’agressivité, tant au volant, au guidon de son vélo ou à pied, n’y a pas sa place.

Au cœur de ce grand enjeu des pistes cyclables, on ne saurait oublier l’urgence climatique. Les citoyens du monde entier pressent depuis longtemps les gouvernements de durcir le ton pour préserver la santé de notre planète, blessée par les abus des êtres humains. Nous serons nombreux à avoir les yeux rivés sur la conférence COP26 qui se tiendra du 31 octobre au 12 novembre prochain à Glasgow, en Écosse.

Jusqu’à la date du scrutin municipal, les 6 et 7 novembre prochain, d’autres annonces liées au réseau cyclable pourraient s’ajouter. Le constat est clair : chaque administration municipale, à Montréal et au Québec du moins, doit maintenant et pour longtemps, inclure la question du réseau de voies cyclables dans ses priorités.

 Marie-Josée Boucher
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