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Photo du site Réinfo Covid Québec tirée de Google image.
Conférence de presse du collectif Réinfo Covid Québec du 3 novembre 2021. Des professionnels de la santé mettent en doute le bien-fondé des mesures sanitaires et la sécurité des vaccins.
Dominique Lapointe
La Terre tourne finalement autour du Soleil, mais il n’en fut pas toujours ainsi. D’illustres personnages comme Nicolas Copernic, Giordano Bruno, Galileo Galilei ou encore René Descartes l’ont appris douloureusement, soit sur le bûcher ou en censurant leurs travaux. De tous temps, la science s’est heurtée aux croyances des époques, aux diktats des autorités ou encore aux simples réponses du « gros bon sens ». Aujourd’hui toutefois, les inquisiteurs ne se drapent plus de soutane. Il leur arrive même de porter le sarrau blanc.
De chloroquine et de Lysol
N’eussent été les mesures barrières promptement déployées et les vaccins mis au point en un temps record, la pandémie de Covid 19 aurait été une des plus funestes épidémies de l’histoire.
Peu importe. Nous avons eu droit au spectacle d’un président des États-Unis, Trump, qui proposait des injections de nettoyant domestique Lysol. Un président biélorusse, Loukachenko, qui appelait au calme et à se désinfecter le gosier à la vodka. Un président brésilien, Bolsonaro, qui parlait d’une vulgaire grippe pendant que les autorités locales cherchaient des lots pour enterrer les morts.
Mais la palme de la fourberie revient sans aucun doute au professeur Didier Raoult, ce microbiologiste qui prétendait qu’on pouvait prévenir le développement morbide de la Covid avec un antipaludique courant, la chloroquine.
Une idée sans fondement scientifique, mais tellement populaire qu’elle amènera le président français dans les labos du chercheur à Marseille, entouré de caméras. Situation paradoxale. Une fois que Raoult aura mis en doute l’efficacité des vaccins, le président français dénoncera ces mêmes médias pour avoir donné un espace démesuré aux divagations du scientifique.
Didier Raoult n’était cependant que la pointe d’un iceberg de désinformation organisée et de fausses spéculations qui ont essaimé dans le monde pendant deux ans (voir photo ci-haut).
La pandémie passera donc à l’histoire pour cette raison : on y retrouvait les ingrédients de la soupe populiste. Ici, la peur de l’inconnue Covid, la méfiance envers les autorités gouvernementales, le complot des toutes-puissantes pharmaceutiques, des éclaireurs inattendus avec leurs solutions simples, mais rejetées par l’autorité du domaine, la science, autorité pervertie bien sûr.
Faut-il rappeler que les dérives négationnistes de la pandémie seront récupérées par des aspirants politiques devenus chefs de partis au pays ?
Le poison venu du ciel
Le Québec compte plus de deux cent trente usines de métallurgie dont une quarantaine de fonderies. Toutefois, une seule fut le point de mire de la dernière campagne électorale, la fonderie Horne de Rouyn-Noranda. On lui reproche des niveaux d’émission d’arsenic démesurés en regard d’une norme dont, pourtant, on ne sait que peu de chose.
Pourquoi 3 ng/m3 (nanogrammes par mètre cube d’air) ? A-t-on pris la peine d’expliquer qu’une telle valeur représente ce qu’on appelle en santé publique « le bruit de fond », c.-à-d. une valeur qu’on est susceptible de retrouver dans n’importe quel milieu urbain comme celui de Montréal sans usine comparable ?
A-t-on expliqué pourquoi alors que l’Europe s’est fixé un objectif ultime de 6 ng/m3 ? Que ces valeurs sont impossibles à obtenir dans ces environnements industriels avec les technologies les plus avant-gardistes ?
L’Institut national de la santé publique (INSPQ) évalue qu’au niveau actuel des émissions, soit 100 ng/m3 de moyenne, il pourrait y avoir entre 1 et 14 décès supplémentaires par cancer du poumon sur une période de 70 ans dans la région environnante.
Soulignons ici que nous tolérons aujourd’hui 14 décès de Covid et souvent davantage par jour au Québec pour éviter de refermer l’économie, la société . Théoriquement, ce serait plus de 350 000 morts sur 70 ans !
Et plus de mille emplois directs et indirects liés à cette usine, quel en est l’impact en termes de santé publique, sur trois générations de familles ? Une question qui relève pourtant de la science, de la gestion des risques. En débattre est devenu blasphématoire.
Le populisme c’est aussi retenir les faits qui construisent la bonne histoire, populaire, au détriment d’autres faits qui permettent de comprendre tous les enjeux d’un phénomène.
Les médecines alternatives
À la fois très complexes, mais intimement liés au quotidien des gens, les enjeux de santé restent un terreau idéal pour le populisme, au point même de lui permettre de s’ancrer dans les institutions.
S’en remettre à des pratiques thérapeutiques pseudo scientifiques pour soulager quelconques malaises ou maladies chroniques reste un choix personnel absolument légitime.
Pour protéger le public des abus, des charlatans, on leur a créé des ordres professionnels et même des facultés d’enseignement publiques. Des institutions qui deviennent inévitablement des sanctions d’efficience délivrées par l’État.
Pourtant, la science a échoué à prouver que des médecines alternatives comme l’acupuncture ou la chiropratique avaient des effets qui surpassaient ceux de placebos.
Rien n’empêche. Même des programmes d’assurance privée remboursent ces traitements alors qu’ils refusent la couverture d’actes diagnostics et thérapeutiques reconnus, mais difficilement accessibles dans le régime public.
Rappelons qu’il a fallu des années d’un débat houleux en France pour que le gouvernement se décide enfin, début 2021, à ne plus rembourser en partie le coût des produits homéopathiques, une des plus illustres arnaques de l’industrie de santé populiste moderne.
Le populisme en orbite
Il n’y a aucun doute que la conquête de l’espace fut de tout temps, et encore aujourd’hui, motivée en grande partie par un noble esprit d’aventure et une concurrence patriotique des États.
Mais qui aurait pu imaginer dans les années 60 que la plus importante agence spatiale du monde, la NASA, allait sombrer dans le populisme.
Après le succès retentissant des premières missions lunaires et le sauvetage héroïque de l’équipage d’Apollo 13 en 1970, le public et les élus américains, qui financent ces grandes envolées, n’ont plus la fièvre. Les trois dernières missions sont même abandonnées faute d’appuis.
Pour redonner un souffle au programme spatial, on mise sur un projet mijoté depuis une décennie, celui d’un taxi spatial capable de faire des allers-retours sur orbite à prix modique, toutes les semaines avance-t-on. Rien de mieux pour séduire l’assistance.
Tellement que Russes et Européens plancheront chacun sur des projets similaires au programme de navette spatiale américaine STS (Space Transportation System). Des projets qui feront long feu. Mais pas aux États-Unis..
Catastrophe. Le système STS est d’une complexité infinie. Le coût de chaque mission sera vingt fois supérieur aux prévisions. On effectuera tout au plus neuf lancements en un an pour une moyenne moitié moindre sur l’ensemble du programme en trente ans.
Pire encore, quatorze personnes y laisseront leur vie lors de deux missions qui, selon les rapports d’enquête, ont été bâclées pour forcer le respect des calendriers. À bord, des pilotes et astronautes de carrière mais aussi de simples citoyens, histoire de donner une résonance populaire au voyage dans l’espace.
La réalité a ramené la NASA vers les lanceurs classiques avec, comme à l’habitude, le concours de l’industrie privée. Sauf qu’aujourd’hui, ces partenaires milliardaires ne se contentent plus de vendre du savoir-faire. Avec la Lune, ils promettent Mars, à pied, pour après-demain presque.
Conscient du véritable défi de l’opération, l’astrophysicien américain Neil deGrasse Tyson nous met en garde contre le populisme spatial: « À moins que nous ne trouvions du pétrole ou des diamants sur Mars, je ne pense pas que cela se produira bientôt, peut-être jamais .»
Excellent article qui permet de relativiser ce qui depuis au moins les deux dernières années nous questionne au quotidien: le populisme. Merci de cet éclairage.