Le doublé de Sun Ra
Le vieux nous gâte. Et pas à peu près, pour reprendre une formule chère aux antiquaires de la langue. Voilà que le vieux qui est en fait très vieux puisqu’il affiche 98 ans, dont plusieurs de ces ans perdus sur les fronts divers de la Deuxième Guerre mondiale, propose depuis peu un coup double. Lequel ? Patience !
Le jazz de conservatoire et le réel
Oui madame, oui môssieu, nous sommes propriétaires de quelque chose, on ne sait comment dire, de très rare. De-que-cé? Une confidence. Avouez que ce n’est pas donné à tout un chacun d’être actionnaire exclusif d’une confidence. Vous n’avouez pas ? No problema.
T. Butler : l’héritier singulier
Lorsqu’on suit le fil de la logique, le dé à coudre aidant sans l’usage de la redoutable aiguille, on finit par lire immanquablement le résumé suivant: il y eut tout d’abord Oscar Peterson, puis Oliver Jones et, ces jours-ci, Taurey Butler. Pianiste au jeu aussi puissant et dense que ses aînés, le sieur Butler propose un nouvel album en trio intitulé One of The Others sur l’étiquette montréalaise Justin Time.
Le jazz du poing levé
À Chicago, le jazz se joue encore et toujours le poing levé. La ville demeure en effet le chef lieu des contestataires qui y sont nés ou qui s’y sont installés. En d’autres mots, dans la ville des vents on souffle et on cisèle les notes qui font écho aux luttes syndicales, ici aussi intenses qu’à Detroit et davantage qu’à New York, et aux combats pour les droits civiques. Si les Black Panthers furent fondés en 1966 à Oakland, c’est à Chicago qu’ils installèrent leur siège social.
Le jazz de Paul Auster
On ne sait pas ou si peu, mais l’écrivain Paul Auster adore le jazz. Oui, on sait, il n’est pas le seul, les galériens de la périphrase formant un contingent d’amateurs de la note bleue. Mais voilà, aucun d’entre eux ne peut se vanter d’être à la tête du «plus-meilleur» club de jazz de Nueva Yorke, comme disent les Porto-Ricains de East-Harlem.
Les paysans par R. Cooder et T. Mahal
Pour employer un lieu commun, disons que les vieux du jour - Taj Mahal, 80 ans et Ry Cooder 75 ans -, ont bouclé la boucle récemment par le biais de la réincarnation musicale de plus vieux qu’eux qui, eux, s’appelaient Sonny Terry et Brownie McGhee. Pour faire court, Cooder et Mahal proposent depuis peu un album intitulé Get On Board, publié par Nonesuch, et qui est fait de pièces signées McGhee et Terry.
La liste sans les … vices !
La dernière fois que l’idée a bousculé nos neurones elle avait pour origine le mensuel Jazz Times. Avant ce dernier, l’idée du sujet du jour nous était venue de Jazz Hot puis de Jazz Magazine, Jazziz, DownBeat, Jazz Journal sans oublier les quotidiens au premier rang desquels on retrouve évidemment le New York Times. L’idée du sujet du jour (bis, repetita) se résume en un mot et un seul : liste !
Deux encyclopédistes au piano
Jean-Michel Pilc joue autant du piano qu’Ethan Iverson n’en joue et vice comme versa. Non seulement ces deux lascars se penchent jour après jour, il est facile de l’imaginer, sur le même instrument, ils ont également en commun d’être des virtuoses.
L’hénaurme Mingus
Le 22 avril dernier, Charles Mingus, le monumental parmi les nobles du jazz, aurait eu 100 ans. Histoire de singulariser l’importance de cette date, de la sortir de son apparente banalité, le label Résonance publiait le lendemain un inédit intitulait Mingus - The Lost Album From Ronnie Scott’s, sous la forme de deux CD ou trois vinyles.
Cellar Live ou la force du jazz
Avec des bouts de ficelle et les trois fois rien, quand ont peut leur mettre la main dessus évidemment, le saxophoniste Cory Weeds, ténor de l’Ouest, a fait de Cellar Live l’un des meilleurs labels de jazz qui soit. Où donc? Dans le monde. Rien de moins. On ajoutera qu’il a fait cela avec la force que l’on prête au poignet. Le droit ou le gauche ? On n’en sait rien. Bien.
William Parker, enfin !
Il paraîtrait que la surprise est parfois divine. Il y a peu, elle le fut pleinement lorsqu’on a appris que William Parker avait été sacré ‘Musicien de l’année’ par les critiques du mensuel JazzTimes. Qu’un des précurseurs du courant baptisé «loft jazz», dans les années 70, qu’un ex-compagnon de Cecil Taylor, qu’un animateur culturel, un défenseur constant des droits des habitants du Lower East Side à New York soit qualifié artiste de l’année a autant étonné que ravi.
Le pianiste qui venait du froid
L’ univers du jazz ne fait pas exception. Comme l’autre, notre monde, il a ses détectives privés. Ses Sherlock Holmes et sa formule 7, ses Nestor Burma qui met le mystère KO, ses Philip Marlowe qui fume trois Camel en même temps qu’il sirote un Dry Martini. Et que font les correspondants musicaux de ces derniers ? Ils traquent les enregistrements inédits. Parfois les rares partitions, mais c’est d’abord et avant tout la recherche de l’inédit pour laquelle ils perçoivent de la «grosse argent sale», comme disait l’autre.
Maître Harris n’est plus
On le sait peu, mais Detroit est la ville où sont nés le plus grand nombre des « plus meilleurs » musiciens de jazz. Elvin Jones, Ron Carter, Kenny Burrell, Pepper Adams, Geri Allen, Thad Jones et beaucoup d’autres ont grandi dans ces environs. C’est surtout au piano que les enfants de la ville des moteurs, qui a dominé le Dow Jones et ses affidés pendant des lunes, se sont distingués. Leurs noms ? Tommy Flanagan, Hank Jones, Sir Roland Hanna et Barry Harris.
SUN RA AUX GRAMMYS …
Il est vieux. Passablement vieux. À preuve, il a aujourd’hui 97 ans et 6 mois. Il l’est assez, vieux, pour avoir fait la Deuxième Guerre mondiale au sein de la 92e division d’infanterie. Sur quel front? Celui qui commença en Normandie et s’acheva à Berlin.
L’amour suprême, selon Coltrane
La découverte musicale de l’année, voire des dernières années, a pour nom propre Coltrane. John de son prénom, évidemment. De quoi s’agit-il ? D’un enregistrement «assigné à résidence» dans le sous-sol d’un bungalow de Seattle pendant 60 ans. Le programme? L’interprétation intégrale de son chef-d’œuvre dans un club de la ville baptisé Penthouse, et que la maison de disques Impulse! vient tout juste de publier sous le titre A Love Supreme – Live in Seattle.