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Serge Truffaut
Il est vieux. Passablement vieux. À preuve, il a aujourd’hui 97 ans et 6 mois. Il l’est assez, vieux, pour avoir fait la Deuxième Guerre mondiale au sein de la 92e division d’infanterie. Sur quel front? Celui qui commença en Normandie et s’acheva à Berlin.
À la Libération, il s’est installé à Paris, où il a étudié pendant dix ans la composition et l’arrangement avec la «prof» la plus respectée de l’époque : Nadia Boulanger. Il s’appelle Marshall Allen et vient d’être nommé aux Grammy Awards dans la catégorie «album jazz» de l’année pour son disque Swirlingpublié par Strut.
Il joue de tous les instruments ou presque, quinze en tout pour être exact. Mais c’est surtout pour son jeu au saxophone alto qu’il est réputé. De lui, de son style plus précisément, on dit qu’il est un Johnny Hodges pyrotechnique. Sur cet instrument, il est effectivement aussi flamboyant que virevoltant.
Mémorialiste
Ce cher Allen est également, voire surtout, un mémorialiste. Depuis 1993, soit l’année de la mort de Sun Ra, pianiste et compositeur, il s’emploie avec un souci maniaque à la restauration des mémoires d’outre-pyramide rédigés, peaufinés, par ce dernier. Par ce Sun Ra qui forma son Arkestra au milieu des années 1950 et qu’Allen dirige depuis maintenant près de trente ans.
Au cas où l’on ne serait pas au parfum, précisons que le Sun Ra Arkestra est resté depuis le décès de son fondateur ce qu’il était déjà dans les quarante années antérieures, soit LE big band le plus original, le plus vital, le plus incontournable, le plus déroutant, le plus courageux — oui, courageux! En d’autres mots, sur le podium du jazz, dans la catégorie des grandes formations, il mérite d’être aux côtés de ceux dirigés autrefois par Duke Ellington et Count Basie.
On aurait des doutes qu’il suffirait d’écouter Swirling, premier album studio en vingt ans. Sur les dix pièces interprétées, neuf portent la signature de Sun Ra, l’autre ayant été écrite par Allen. Et comme c’est souvent le cas avec Ra, de son vrai nom Herman Poole Blount, né le 22 mai 1914 à Birmingham, Alabama, les titres sont des manifestes, quand ils ne sont pas des programmes.
Astrophysicien du jazz
DeSwirling, on a notamment retenu La mer de l’obscurité, Les anges et les démons s’amusent, La fusée no 9,La porte du cosmos… Il faut savoir que Sun Ra fut l’astrophysicien du jazz. Eh oui! Bon. Cet album a été réalisé par les quinze fidèles de la galaxie Ra-Allen, dont les saxophonistes Knoel Scott, James Stewart, le baryton Danny Ray Thompson, le trompettiste Cecil Brooks, le pianiste Farid Barron, trois batteurs-percussionnistes, une chanteuse-violoniste, etc.
De cette aventure musicale, l’extraordinaire est là : la vitalité, la dynamique du jeu! Dans chaque membre de cette phalange orchestrale, il y a un je-ne-sais-quoi qui pourrait constituer la définition en notes noires et blanches de la volonté. Bref, ils jouent tous franc-jeu. Autrement dit, nous sommes à des années-lumière du jazz de conservatoire qui pollue tant l’horizon. C’est dit.
Cela étant, aux amateurs du Sun Ra Arkestra on doit préciser que, dans les mois précédant la sortie de Swirling, l’étiquette allemande In + Out a publié deux albums live :Live at the Paradoxet un liveà Istanbul baptisé Babylon, ainsi qu’une compilation de pièces écrites et enregistrées par Sun Ra entre 1956 et 1961. Ave!
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Slide Hampton, le dernier des grands trombonistes de l’époque be-bop, est décédé le 18 novembre dernier à Orange, dans le New Jersey. Il avait 89 ans. La fluidité de son jeu en avait fait un des trombonistes les plus appréciés par Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Dexter Gordon, Charles Mingus, Art Blakey et bien d’autres.
Outre sa dextérité instrumentale, Hampton était également réputé pour être un excellent compositeur-arrangeur. C’est d’ailleurs pour cela que Motown Records fit fréquemment appel à ses services pour diriger les formations accompagnant un jour Stevie Wonder, le lendemain les Four Tops, sans oublier Diana Ross. Amen!
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Pianiste et chef d’orchestre de la formation liée au Late Showde Stephen Colbert, Jon Batiste a établi un record. Lequel? Il a été nommé à onze reprises aux Grammys. Précisons qu’outre le jazz, ce musicien caméléon est très prisé par les producteurs de genres musicaux divers.
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La SFJAZZ Organisation vient de lancer une application — la SFJAZZapp — qui permet aux amateurs de regarder en direct les spectacles présentés les vendredis et les samedis dans la salle que cette organisation possède à San Francisco. Le prix de l’abonnement à l’application? 5 $ par mois ou 50 $ par année.