À propos de l'auteur : Jean Dussault

Catégories : Québec

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Capture d’écran

Le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, présentant une nouvelle version du troisième lien en avril 2022 sous une vue panoramique de la Ville de Québec … à l’envers. 

Jean Dussault 

C’est comme si l’électorat de la région de Québec avait voté en octobre dernier pour traverser le grand fleuve dans un tunnel.

Et presque sur rien d’autre.

Le dernier sondage Léger publié au début de mai montre une dégringolade spectaculaire des appuis à la CAQ dans la région de Québec. De 40 à 26 %

Les caquistes peuvent se rassurer : la prochaine élection est prévue pour 2026.

Le tunnel

Grand état a été fait de l’abandon par le gouvernement Legault de sa promesse (fondamentale ?) de creuser un tunnel à l’est du Cap Diamant.

Comme c’est surtout cet enjeu qui avait animé, même excité, les ténors caquistes, il est légitime de présumer que l’électeur caquiste du coin voulait passer sous l’eau matin et soir. D’où la frustration de devoir continuer à conduire son auto en surface.

Et la présomption que le parti au pouvoir va prendre le champ au prochain tournant électoral.

Le même sondage indique que le PQ est en tête dans les intentions de vote de la région, avec 28%. Les Péquistes ne devraient pas s’emballer. Le chemin de leur éventuelle victoire  dans la région de la Capitale nationale en est un de gravelle.

Le panier bleu

Lors des scrutins fédéraux, ce sont les bleus qui récoltent la manne à et autour de Québec. En septembre 2021, le Parti conservateur y a fait élire 10 députés sur 13 circonscriptions. Personne n’a prétendu que c’est le charisme du chef Erin O’Toole qui a séduit l’électorat.

D’ailleurs, aucun candidat conservateur n’a cette fois-là été élu ailleurs au Québec.

En 2019, le PC a obtenu des résultats similaires à la fois à Québec et au Québec, sans que le pouvoir d’attraction d‘Andrew Scheer n’explique le résultat ici ou là.

La rumeur d’un « mystère Québec » a continué de s’amplifier. 

Le panier percé

Aux élections québécoises par ailleurs, l’écuelle péquiste est restée vide à et autour de Québec l’automne dernier, tout comme lors de l’élection de 2018. Le PQ a alors même « réussi » à perdre la circonscription de Taschereau qu’il détenait depuis 20 ans.  Plus, ou moins, quand le Parti québécois a formé le gouvernement, minoritaire, en 2012, il a à peine survécu dans la région. Seules deux de ses porte-étendard y ont remporté un siège : sa cheffe Pauline Marois dans Charlevoix-Côte-de-Beaupré et l’indélogeable Agnès Maltais dans Taschereau.

Oui, c’est non

Autre ombrage au tableau péquiste, le parti fondé par René Lévesque est revenu à un discours franchement souverainiste.

Au référendum de 1995,  la dernière fois où les Québécois se sont prononcés sur la question, et encore, le camp du Non l’a emporté par la peau des dents.

L’électorat de la ville de Québec avait voté comme les francophones en général : environ 60 % en faveur du Oui. La région de Québec aussi avait voté Oui, mais dans une proportion moindre que celle du reste des franco-québécois. Que voilà une variante spécifiquement régionale du célèbre ‘vote ethnique’. Cela augure bien mal pour un parti qui met de l’avant son projet résolument indépendantiste.

L’histoire

Évidemment, un sondage dans la foulée de l’abandon du projet de tunnel autoroutier entre Lévis et Québec exprime la réaction que tout le monde a entendue dans les deux semaines précédentes. Il reste cependant environ 175 semaines avant le prochain scrutin.

Maurice Duplessis, le bleu des bleus,  a déjà contourné une question pressante, et embêtante, en affirmant « qu’on traversera le pont quand on sera arrivés à la rivière ».

Une autre version du même proverbe stipule plutôt « qu’il ne faut pas traverser le pont avant d’arriver à la rivière ».

Dans la mystérieuse région de Québec, tunnel et fleuve ont remplacé pont et rivière ; les eaux politiques sont pour l’instant tumultueuses. Mais la traversée prévisible vers l’Assemblée nationale reste celle de la CAQ.

De la même façon que l’hirondelle ne fait pas le printemps, un sondage ne fait pas une élection.

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