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Ministère des Transports du Québec
Diane Précourt
Routiers au long cours, habitués des autoroutes, touristes ou visiteurs du dimanche, tous ont besoin à un moment ou un autre de prendre la pause dès lors que le voyage s’étire le moindrement. Les haltes routières du Québec sont ainsi faites que ces arrêts peuvent s’avérer un petit plaisir comme une plate nécessité de se soulager, ou quelque part entre les deux.
On aura peut-être en tête ces vieilles cabanes brunes, autrefois visitées par des cantines mobiles, voire accompagnées de ces horribles baraques constituées de roulottes d’un autre âge prolongées de bâches en équilibre précaire qui offraient de la malbouffe pour trois fois le prix dans quelques-unes de ces escales. Et vlan pour l’image de la « Belle Province » auprès des étrangers, mais aussi auprès des Québécois dont la fierté en prenait un bon coup pour son fleurdelisé!
Cela n’existe plus, grand bien nous fasse, même si certaines stations portent encore aujourd’hui le chapeau d’une désolante vétusté et désuétude. Quand elles ne sont pas carrément fermées. Ou collées à l’étiquette « sans eau potable ». Aussi — et l’on comprendra ici que je ne puisse vérifier moi-même de visu ! —, des personnes de la gent masculine ont porté à mon attention le fait que des urinoirs manquent sévèrement d’une intimité minimale… Quant à la propreté et à l’entretien, soyons polie et disons simplement qu’ils sont variables.
Un vaste chantier
Quelques-uns de ces arrêts, toutefois, ont été ou sont en cours de rajeunissement des installations, de modernisation des services et même d’accueil d’œuvres d’art. Construites pour la plupart dans les années 1970, les haltes routières ont été aménagées à la suite de la construction d’axes autoroutiers majeurs s’inscrivant dans la foulée de l’Expo universelle de 1967 et des Jeux olympiques de 1976. Autant dire dans une autre vie. Elles font actuellement l’objet d’un vaste chantier de restructuration établi par le ministère québécois des Transports (MTQ), en collaboration avec ceux du Tourisme, de la Culture et des Communications, et qui cheminera jusqu’en 2027. Lavaltrie, le long de l’autoroute 40, et Villeroy, sur la 20, en sont des exemples récents.
Selon un porte-parole du MTQ, l’idée sous-jacente au projet de l’État vise à s’assurer que les usagers du parc routier puissent disposer de services de base « à intervalles réguliers raisonnables », qu’ils soient publics ou privés, à tous les 100 kilomètres environ, ou, si l’on veut, pour chaque heure de route. Si tant est que le quidam roule à 100 km/h… Dans certains cas, ce sera plus, beaucoup plus, dans d’autres cas, moins, beaucoup moins vu le festival des cônes orange synonymes de travaux d’importance inégale dans le réseau. Sur les principales voies, le but du MTQ est d’offrir de l’assistance « 24-7 ». Mais pour ce vaste territoire qu’est le Québec, les prestations fournies obéissent également aux volumes de fréquentation.
Zones de wifi gratuit, aires de jeu pour les enfants, espaces à pique-niques, parcs canins, stationnements adaptés aux différents véhicules, salles d’allaitement, tables à langer, bornes de recharge pour véhicules électriques, en plus, bien sûr, d’installations sanitaires revisitées… Tout cela fait partie des nouveaux emplacements de repos, y compris des bâtiments pénétrés par la lumière naturelle.
Dans les pommes
Si les efforts de Québec sont très louables, et plus que bienvenus pour pouvoir circuler sur les autoroutes en toute sécurité, la notion de confort, elle, est considérée inachevée par des usagers. Au chapitre des sanitaires, notamment, n’aurait-on pas pu installer des douches, ce que les camionneurs et camionneuses réclament depuis belle lurette, mais qui serait également un avantage apprécié par les autres voyageurs ? Il semble toutefois que la proposition ne tienne pas la route auprès des instances décisionnelles. Sur un budget 150 millions de dollars réparti en trois grandes catégories, la pomme de douche serait-elle le ver dans la pomme de ce projet ?
Et si le bonheur est dans l’assiette, nos relais doivent faire bien des voyageurs perplexes devant leurs froides machines distributrices. Dans certaines provinces canadiennes et en d’autres pays, des haltes routières prennent parfois l’allure de véritables milieux de vie où ça grouille et ça gesticule au comptoir d’un café, voire devant un repas concocté sur place.
On dira qu’il est toujours possible d’apporter sa boîte à lunch. Mais, non, ce n’est pas toujours envisageable. Vrai qu’il y a des stations-service où l’on peut faire le plein d’essence autant que le plein de fast-food ou d’alimentation à la chaîne. Dans certaines d’entre elles, cependant, de même que dans plusieurs dépanneurs, on trouve aujourd’hui quelques denrées fraîches et du café digne de ce nom. Ça… dépanne, mais ça n’a rien à voir avec une bonne table ou un simple kiosque regorgeant de produits régionaux, par exemple, qu’on nous incite allègrement à rechercher par ailleurs. Ce serait là belle occasion, en même temps, de promouvoir le garde-manger québécois.
Quant à la question de l’information touristique qui s’ajoute à tout le concept, là aussi, on devra la plupart du temps se contenter de dépliants, de brochures et de vidéos, plutôt que de renseignements personnalisés dispensés par des êtres humains.
Un aspect underground
On ne peut pas aborder le thème ici traité en escamotant un aspect plus underground, dont on parle peu et qui assombrit le tableau de ces lieux commodément anonymes et retirés que sont les parcs routiers : les rendez-vous clandestins, voire la prostitution, qui ont alimenté les manchettes il y a quelques années. Et il serait bien naïf de croire que ces travers ont complètement disparu. Pas étonnant que certaines haltes américaines vont jusqu’à faire appel à la présence d’un gardien en tout temps. Bon, le Québec n’est pas les États-Unis, mais les mœurs, elles, sont universelles. Nos récentes haltes sont munies de caméras de surveillance, pas les anciennes. Un bon début.
Dans tous les cas de figure, les escales routières restent d’une nécessité criante, surtout à une époque où le débit de circulation s’accélère à la vitesse grand V. Une nécessité, un besoin, certes, toutefois ces lieux pourraient également s’avérer presque des destinations en soi, dans la mesure où l’on y trouve le service et la sécurité, mais aussi le confort, le repos, l’attrait et le plaisir. On rêve là?
En vrac
- Les parcs routiers québécois comportent 6 types de lieux d’arrêt, soit 7 aires de service sous entente de partenariat public-privé (pourvues de caméras de surveillance), 16 haltes permanentes, 27 haltes saisonnières, 37 belvédères, 10 aires de repos pour conducteurs de véhicules lourds et 44 villages-relais.
- Certaines municipalités possèdent et gèrent sur leur territoire leur propre espace d’arrêt, de repos et d’informations, touristiques ou autres.
- En octobre 2022, une entente de partenariat public-privé est intervenue entre le ministère des Transports et Couhe-Tard pour l’exploitation de sept aires de service sur le réseau autoroutier québéois, pour les 17 prochaines années. Les municipalités concernées : Saint-Augustin-de-Desmaures, Maskinongé, Melbourne, Magog, Saint-Jérôme, Rigaud et Rivière-Beaudette.
Ministère des Transports du Québec