À propos de l'auteur : Jean Dussault

Catégories : Québec

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Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole masculin de Québec solidaire.

Jean Dussault

Comme partout, il y a au Québec des racistes.

Comme partout, il y a au Québec des xénophobes.

Comme partout, il y a au Québec des démagogues.

Le cppmQS fait partie du troisième groupe.

À l’ombre de la Solennelle Déclaration de Saguenay, le co-porte-parole-masculin de Québec Solidaire a affirmé que les deux partis bleus du Québec sont contre les immigrantes, contre les immigrants, contre l’immigration. « Le logement, les écoles, le français, les services publics, peu importe le problème, pour ces deux-là, c’est toujours la faute de l’immigration. »

Même que le projet indépendantiste du PQ passerait par un référendum sur l’immigration. Voire contre l’immigration.

Entre l’esquive et l’esbrouffe

C’est une chose, légitime, de discuter d’immigration; c’en est une autre d’ajouter au discours une prétention morale construite, évidemment, sur l’indignation.

C’est le bon vieux truc (le bon mauvais truc?) qui consiste à blâmer les adversaires, à tort ou à raison, quand les $%?&&* journalistes n’arrêtent pas de montrer les difficultés, par ailleurs normales, de son propre parti.

Le faire pour détourner l’attention découle au mieux de la mascarade. Dans les faits, jouer sur les questions d’immigration à des fins partisanes relève, ou plutôt descend dans les caniveaux où jouent habituellement les pénistes de ce monde.

Il n’est pas plus noble de faire campagne sur l’âme des immigrants que sur leur dos. Les deux manigances émanent de la même petite politicaillerie qui alimente le cynisme à l’endroit des institutions entre autres politiques.

Cela vient d’un parti qui a prétendu souffler un vent nouveau sur la façon de contribuer au débat collectif sur des enjeux importants.

Raté

Les déceptions sont toujours proportionnelles aux attentes.

Les étiquetés radicaux de la frange ceci ou cela de QS  se trouveront bien une autre cause à « franger » et leur mini-clan leur permettra de se conforter quasi religieusement. Plus, et plus triste, ce parti de renouveau, de coups de gueule et de coups de cœur, ce parti de brassage de la cage a imité la pire des plus mauvaises habitudes des « vieux partis ». Dans un temps pas si lointain, ce parti était animé par une poignée de leaders dont il n’était pas nécessaire d’appuyer toutes les orientations pour admirer l’engagement pour un plus grand bien-être collectif,

Se réclamer d’un indéfini pragmatisme après s’être moqué de celui du gouvernement caquiste ne fera pas gagner de médailles de cohérence à Québec solidaire.

Il est noble de vouloir changer le monde pour le mieux, il est admirable de s’y consacrer au prix incalculable imposé à sa vie personnelle et familiale, il est , oui, héroïque  de débattre et combattre, tirer et pousser, hésiter et affirmer.

Mais la beauté se sauve en courant quand la laideur pointe son nez; le pfiou détale quand le ouache arrive. Il en va ainsi : lancer de la bouette, c’est salissant et les taches sont plus évidentes quand on s’habille en blanc.

Une vieille habitude

Au printemps 2019, Québec Solidaire avait viré capot sur la question des signes religieux dans les services publics. Rejetant un programme bâti sur plusieurs années, les délégués au Conseil national suivant l’élection avait abandonné le compromis Bouchard-Taylor qui proposait certaines restrictions pour plutôt statuer qu’il ne faut pas empêcher une femme de travailler parce qu’elle porte un voile au travail dans un emploi de service public.

Il y avait eu débat dans le parti, comme cette fois-ci sur le « virage pragmatique »’. Pour se sortir d’une conférence de presse où il s’était empêtré à dire une chose et son contraire, M. Nadeau-Dubois avait fait appel à son meilleur allié, le gouvernement : « On ne laissera pas la caq faire de cet enjeu un paravent à son inaction en matière de changements climatiques. » (1)

Un artiste/athlète du Cirque du Soleil aurait admiré la pirouette; un magicien aurait été soufflé par le subterfuge; un fumiste aurait été impressionné par la boulechite. (2)

Plutôt que de reconnaître  que ses habits sont un peu serrés, rien de grave, le co-leader maximo avait choisi de dénigrer la garde-robe du gars d’à-côté.

Ça fait deux fois que QS vire de bord, ça fait deux fois que son capitaine pointe du doigt la chaloupe du concurrent.

Hasard

Deux semaines avant la charge du leader de QS contre les partis anti-immigration, l’Institut de la Statistique du Québec a publié des chiffres, disons, parlant.

« Les migrations internationales ont été le moteur de la croissance démographique au Québec en 2022-2023. Toutes les régions ont connu des gains records à ce chapitre au cours de la dernière année. Cette situation découle d’une hausse sans précédent du nombre de résidents non permanents [ principalement des travailleurs étrangers temporaires, des demandeurs d’asile et des étudiants internationaux ]. »

L’ISQ a noté la spécificité montréalaise : « Les déménagements d’une région à une autre à l’intérieur du Québec continuent d’être défavorables à Montréal, qui a de nouveau perdu un bon nombre de résidents au profit des autres régions. Ces pertes sont toutefois largement compensées par les gains migratoires internationaux, d’où la forte croissance de sa population . »

Plus clair que ça, c’est aveuglant. Pour qui ne se bouche pas les yeux.

Nadeau-Dubois peut haïr l’attitude des caquistes et péquistes en matière d’immigration, d’ailleurs tout plein de porte-voix de ces deux partis lui donnent matière à critiquer.

Cela ne change rien à la réalité : à Montréal, la croissance des demandes de logements, la manque de places dans les écoles, la diminution de l’usage du français, le drain additionnel sur les services publics proviennent essentiellement de nouveaux arrivants.

Pour citer GND : «  Le logement, les écoles, le français, les services publics, peu importe le problème, [ pour ces deux-là ], c’est toujours la faute de l’immigration. »

Statistiquement, c’est, oui, la faute de l’immigration.

Le néo-pragmatisme de QS devrait l’inciter à chercher des façons d’aider tout ce beau monde qui débarque ici plutôt que de chialer contre ceux qui chialent contre leur arrivée.

 

(1) Presse Canadienne. 30-03-19

(2) Dictionnaire Québécois-Français. Guérin éditeur ltée, 1999

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