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Selon un sondage publié en 2023, près des trois quarts des milléniaux et des jeunes de la génération Z sont prêts à adopter l’intelligence artificielle.
Diane Précourt
Par son rayonnement multisectoriel, le monde du tourisme sollicite toutes les facettes de l’activité humaine. Hébergement, alimentation, transport, loisir, travail, et leurs corollaires qui répondent davantage aux sensibilités, telles la découverte, la connaissance, l’évasion, l’émotion … Pas étonnant que les algorithmes s’excitent allègrement dans ce joyeux melting pot. Ainsi, quand l’intelligence artificielle* (IA) se pointe au détour d’un autre aspect de l’innovation technologique, le domaine du tourisme répond présent, lui qui est toujours enclin à explorer et exploiter de nouveaux procédés permettant d’optimiser l’expérience voyage.
On n’a pas fini d’en entendre ni d’en parler, du phénomène IA. Dans l’entreprise au premier chef, mais de plus en plus chez le consommateur, qui, s’agissant de tourisme, en épluche volontiers les nombreuses déclinaisons. Ce consommateur friand de globetrotting voit notamment dans l’intelligence artificielle une excellente méthode – et rapide – de recherche pour des itinéraires, des types de séjour, de bonnes adresses, voire pour la prise de décision, la personnalisation des choix, et quoi encore. En somme, un outil que plusieurs estiment déjà incontournable avant, pendant et même après un voyage.
Selon une enquête effectuée en 2023 par la firme new-yorkaise de conseil en stratégie Oliver Wyman et citée par la Chaire de tourisme Transat, « le tiers des voyageurs d’agrément canadiens et américains sondés déclarent avoir déjà fait appel à un outil d’intelligence artificielle pour s’inspirer, planifier ou réserver les composantes d’un séjour. Près de la moitié d’entre eux affirment avoir réservé l’entièreté ou la plupart des produits que l’IA leur a suggérés et la majorité (84 %) se déclarent satisfaits des recommandations reçues. » Cette analyse s’inspire de l’essai de maîtrise en sciences de la gestion de Hamza Sajid, à l’UQAM.
Un texte publié dans La Presse en octobre de la même année présente des statistiques éloquentes, cette fois résultant d’un sondage de la québécoise FlightHub auprès de 2000 Canadiens. Selon son PDG, Christopher Cave, « 43 % des Québécois envisagent d’utiliser l’IA pour simplifier la planification de leurs voyages. Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes, avec 62 % des milléniaux et 71 % de la génération Z prêts à l’adopter. Ils sont convaincus que l’IA leur permettra de faire des découvertes qu’ils n’auraient pas faites autrement, comme le soutiennent 60 % des répondants québécois. » Rien d’étonnant, en effet, à ce que les jeunes accaparent les premières loges de ce mouvement, eux qui ont grandi avec la fibre technologique au bout des doigts.
Le cerveau humain
Les chercheurs et les spécialistes qui diffusent articles et statistiques sur les ChatGPT et autres Gemini insistent toutefois sur le rôle humain sous-jacent aux manifestations de l’intelligence artificielle, sur la prudence requise devant ses possibles biais et sur la notion d’outil qu’elle représente, et non une fin en soi. L’IA a beau jouir de son propre QI, quel qu’en soit le degré, elle reste faillible.
En écho à la demande exponentielle des usagers, foisonnent les chatbots de conseils, de suggestions, de présentations, d’inégale qualité on va dire. Outre les susmentionnés, des plateformes telles askLAYLA, GuideGeek, Mindtrip, Wonderplan, Curiosio et plusieurs autres prolifèrent pour se tailler une place au soleil du voyage. À l’utilisateur d’apprendre à en maximiser l’application, d’abord pour déblayer le terrain dans une requête, quitte à prolonger le processus auprès d’instances complémentaires. Pour le moment, pourrait-on dire, puisque le phénomène IA, déjà implanté dans nos vies, même subrepticement, est bien là pour rester. Et il voyage vite, très vite.
Dans notre jardin québécois, notons la création du Groupe de travail IA et tourisme, à l’initiative du consultant Pierre Bellerose et sous l’égide du MT Lab, qui analyse les défis de l’intelligence artificielle pour ce domaine « en s’appuyant sur l’expertise qui s’est développée à Montréal ».
Dans tous les cas de figure, l’IA peut s’avérer un formidable tremplin plurifonctionnel, dans la mesure où cette innovation est gérée de façon … intelligente. Naturellement.
* Comme il est de bon ton ces temps-ci de spécifier l’assistance ou non de l’IA dans tout processus de création, soulignons que cet article a été rédigé sans recours à une quelconque application d’intelligence artificielle.