À propos de l'auteur : Diane Précourt

Catégories : Tourisme

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Cité Mémoire Charlevoix
Des images de Cité Mémoire Charlevoix seront projetées sur la falaise, près de la jetée de Pointe-au-Pic.

Diane Précourt

À l’instar de bien des citoyens du monde, les Québécois lorgnent leurs valises un peu empoussiérées depuis 2020. En cette ère postpandémique, la soif du voyage fait saliver. Tout se passe comme si l’homo touristicus voulait envoyer au diable l’inflation menaçante, le prix galopant de l’essence, la flambée des coûts alimentaires, la hausse des taux hypothécaires ou des tarifs des billets d’avion. Et basta sur la crise sanitaire ! Le mot-clé ambiant semble plutôt être « revanche » sur cet intervalle de privations. Tout au plus pourra-t-on consentir à rogner sur quelques restos ou activités une fois sur place.

Le voyage n’occupe-t-il pas une place enviable dans la pyramide de Maslow sur les « besoins » des individus ? Avec la planète comme terrain de jeu. « Dans les années 1950, explique Pierre Bellerose, consultant en tourisme et culture, les déplacements touristiques s’effectuaient dans un rayon de 80 kilomètres. » Soixante-dix ans plus tard, les destinations les plus éloignées sont considérées comme la porte à côté.

Mais durant la pandémie, le discours au sein de l’industrie entretenait le fait que les Québécois ayant profité de la situation pour découvrir leur pays et ses régions allaient y prendre goût et québéciser davantage leurs projets de vacances. Or, ce n’est pas ce qui se produit, selon M. Bellerose : « Chacun reprend plutôt son ratio personnel de séjours internationaux et locaux. » Pour le spécialiste, ce que le milieu touristique d’ici avait pris pour une révolution dans les habitudes des Québécois ressemble davantage à un retour à la case prépandémique de 2019.

En avril dernier, la Chaire de tourisme Transat a mené un sondage pour le ministère en titre sur les intentions des Québécois pour la saison estivale qui se pointe. Il en ressort notamment que leur intérêt pour la province s’avère moins élevé qu’en 2022 (60  % contre 74  %) et qu’ils font la part belle aux voyages à l’étranger. L’un des motifs de ce recul ? Pour 35 % des répondants : « Ils ont déjà assez visité le Québec » !

Un autre sondage, mené celui-là par la CAA-Québec et dont les résultats ont été dévoilés le 6 juin, révèle que les Québécois « sont plus nombreux à planifier un voyage en Europe, soit 9 % par rapport à 5 % à la même période l’an dernier ». Cela étant, le corollaire de cette grande séduction pour d’autres pays signifie aussi le retour des touristes étrangers chez nous.

Humainement parlant

Pendant que la demande explose de la part de voyageurs en manque d’évasion, l’offre de services essuie d’importants ratés. L’industrie touristique comporte un amalgame de plusieurs secteurs de l’activité humaine – restauration, hébergement, transport, événementiel, loisir, plein air… –, tous confrontés à de nombreux défis sur le plan du personnel.

Ce domaine, comme tant d’autres, doit donc jongler avec une pénurie de main-d’œuvre persistance, voire composer avec des employés aux visées de plus en plus volatiles. Les nouvelles générations, notamment, plus enclines à conjuguer au présent boulot-temps libre-voyage, ont une conception du travail différente de celle de leurs aînés.

Ainsi, certaines entreprises se voient contraintes de réduire au minimum leurs prestations, et même en haute saison. Prenons l’exemple de ces commerces de plus en plus nombreux à restreindre leurs heures, voire leurs jours d’affaires faute d’effectifs suffisants. Sans compter ceux qui mettent carrément la clé sous la porte, victimes financières d’absences prolongées de clientèles assignées à confinements. C’est pathétiquement vrai en région, quoique les centres urbains n’en sont pas épargnés, mais le menu des possibilités y est beaucoup mieux garni.

Pour certains patrons, toutefois, il n’y a pas de secret pour retenir ses employés : il s’agit de les « payer » (lire : davantage). Et de récolter les effets bénéfiques d’équipes stables sur l’ambiance de travail et le sentiment d’appartenance. Certes, des honoraires plus élevés risquent de pimenter l’addition pour un consommateur rébarbatif à toute augmentation d’une facture déjà salée. Sans compter l’éternel débat sur les sommes consacrées aux pourboires. Mais le temps, l’argent et l’énergie qu’exige la formation à répétition de nouveaux salariés, cela a aussi un prix.

Une jeune pousse qui pousse le durable

Si la notion de tourisme durable est en vogue parmi les cercles professionnels et les voyageurs, on assiste actuellement à la naissance d’un mouvement dit de « tourisme régénératif ». Le premier visant à minimiser l’empreinte du passage des visiteurs dans un lieu donné, l’autre cherchant à en maximiser les impacts positifs sur les communautés locales et leur environnement.

Au Québec, la jeune pousse On Trippe Nature, incubée à la Base entrepreneuriale de HEC Montréal, embrasse ce concept porteur. Évidemment, l’utopie serait de penser que les gens vont mettre une croix sur les voyages, quelles que soient leurs motivations. Mais le projet d’en atténuer les aspects négatifs tout en développant les avantages qu’ils peuvent générer, voilà qui semble aussi ambitieux que prometteur.

En vrac

Selon un sondage de la Chaire Transat auprès de 1006 Québécois qui envisagent de séjourner au moins une nuitée hors de leur domicile cet été, le top 5 des régions considérées désigne Québec, Charlevoix, Cantons-de-l’Est, Bas-Saint-Laurent et Laurentides.

Le 5 juin dernier, la nouvelle compagnie aérienne à bas prix au Canada, Air Lynx, a ajouté Montréal à son réseau, portant à 15 le nombre de destinations nord-américaines desservies par le transporteur. Basée à Calgary, la compagnie qui fonctionnait auparavant sous le nom d’Enerjet, relie Montréal et Québec au reste du Canada.

Cité Mémoire Charlevoix, une première dans la région, promet à partir du 28 juin un événement multimédia sur l’histoire et le patrimoine de ce coin de pays. Comme à Montréal, voilà une création de Michel Lemieux et Michel Marc Bouchard.

Le 29 juin sera inauguré Le Vol de l’oiseau mécanique, un carrousel nocturne à bord des télésièges du Massif de Charlevoix, scénarisé sur près de six kilomètres à flanc de montagne. Un concept créé par l’Atelier Occhio, dont les artistes ont notamment collaboré à des productions du Cirque du Soleil et des spectacles de Céline Dion.

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