À propos de l'auteur : Jean Dussault

Catégories : International

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Jean Dussault

Jean Dussault 

À moins d’un an de l’élection présidentielle américaine, les républicains n’ont peur de rien.

Avec raison.

Nixon

C’est Richard Nixon qui a en premier ouvertement violé les règles de la décence en envoyant ses sbires voler dans les locaux du Parti démocrate sur le bord de la rivière Potomac à Washington. Le nom de l’édifice : Watergate.

Après que, entre autres médias, le Washington Post eût révélé et raconté toute l’affaire, Nixon a remporté la plus grande victoire électorale de l’histoire américaine en novembre 1972.

L’électorat qui savait que ça puait s’est bouché le nez.

Le 37e président a démissionné avec le pardon de son successeur Gerald Ford en 1974.

Reagan

Pour montrer sa force, ou cacher ses faiblesses, le président républicain Ronald Reagan a congédié onze mille contrôleurs aériens en grève dès le début de son mandat, en 1981. Des journaux ont alors titré que ça avait été là l’envol du reaganisme. (!)

L’électorat a aimé ce conservatisme assumé et proclamé. : à l’élection de 1984, Reagan a battu le record d’appuis établi par l’honni Nixon douze ans plus tôt.

Gagner dans 49 États sur 50, c’est plus nord-coréen que nord-américain. Deux ans après sa magistrale réélection, Reagan trônait littéralement sur la politique de son pays. Au point où il a pu dénoncer l’administration fédérale présidée par un républicain pendant 14 des 18 années précédentes : « I think you all know that I’ve always though that the worst nine words in English are : ‘I’m from the government, and I’m here to help’. » (1)

Les Bush

Bush fils a été réélu avec presque 25 % plus de votes en 2004 qu’il n’avait obtenu en 2000. Une façon d’effacer des souvenirs familiaux la pire performance d’un président républicain sortant depuis 70 ans; papa Bush avait été défait en 1992 en recueillant 20 % moins d’appuis qu’à son élection de 1988.

Trump

D’aucuns, dont Donald Trump lui-même, soutiendront qu’il constitue une exception dans plusieurs domaines.

En matière de statistiques électorales, c’est vrai.

Il a perdu l’élection de 2020 tout en augmentant sa proportion d’électeurs de 17 %. Après quatre ans à la Maison-Blanche, The Donald a alors obtenu 74 millions de votes. 74 millions d’adultes.

À répéter en classe  …

Le grand portrait 

Depuis près de 70 ans, tous sauf un président républicain sortant ont obtenu plus de votes pour leur deuxième essai que pour leur premier. Chez les présidents démocrates qui ont sollicité un deuxième mandat, Carter a perdu en 1980, Bill Clinton a été réélu en 1996 avec une toute petite augmentation de votes et Obama est demeuré à la Maison-Blanche après le scrutin de 2012 malgré une baisse de 5 % dans ses votes.

Entre la première élection du républicain Dwight Eisenhower en novembre 1952 et la victoire du démocrate Joe Biden en 2020, un président rouge a occupé la Maison-Blanche 40 ans sur 68.

Tendance lourde

Au début du premier mandat de Barack Obama, en janvier 2009, vingt-sept législatures des États étaient dominées par les démocrates. Les patauds républicains en contrôlaient quatorze.

Au début du premier mandat de Donald Trump, en janvier 2017, vingt-cinq législatures des États étaient dominées par les républicains. Les penauds démocrates en contrôlaient six.

Les dites législatures déterminent, entre autres, la délimitation très imaginative des circonscriptions électorales fédérales. (2)

The speaker 

La présidence de la Chambre des représentants n’est en rien comparable à celle de la Chambre des communes. À Ottawa, le président a un rôle au mieux protocolaire, un mélange de stentor et de surveillant de cour d’école.

Tout autre registre à Washington : le speaker fait beaucoup plus que présider aux débats, il décide des sujets qui seront débattus. Et donc de ce qui est adopté par la Chambre basse du Congrès. Plus, et même si élu dans son seul district électoral, il est deuxième en ligne à la succession du président.

Paraît que le bureau du speaker est tapissé de convoitises.

Ouache

Les députés fédéraux républicains, Congressmen, ont présenté un spectacle de division interne aussi inédit qu’inouï lors du choix du président de la Chambre après l’élection législative de novembre 2022. Il a fallu 15 tours de scrutin, et des pirouettes que la décence interdit de décrire, pour choisir un speaker.

Légèrement majoritaires à la Chambre, (221-212), les élus républicains ont élu un soi-disant leader menotté par une aile qualifiée de « trumpiste » de la députation.

Ouache-bis

Cela n’a pas suffi à ladite aile, Kevin McCarthy a été viré par les siens après quelques mois de contorsions. En octobre, la foire d’empoigne a repris de plus belle et une des principales institutions de la démocratie est restée embourbée dans les ornières boueuses de la majorité.

Après la défaite humiliante d’un des plus ultra, neuf hommes ont mis leur nom sur la nième liste de prétendants. Sept d’entre eux avaient voté pour invalider le résultat de l’élection de novembre 2020, y inclus celui que tous les députés ont fini par choisir.

Le maillet

Le nouveau speaker est qualifié d’extrémiste conservateur et du plus trumpiste de la cohorte actuelle en chambre. Voilà une indication de la « philosophie » républicaine : l’inconnu et néophyte Mike Johnson pourra rallier à la fois la droite évangéliste et ceux qui appuient Trump … parce qu’ils appuient Trump !

2024

Les ennuis juridiques de Trump s’accumulent, mais ses appuis et ses collectes de fonds aussi. Il est probable que, dans moins d’un an, l’électorat américain aura choisi entre le vieux président Biden et l’ancien président Trump.

Comme à tous les deux ans, il votera aussi en novembre prochain à chacun des 435 postes de congressman. Toujours en campagne pour leur réélection, les députés fédéraux doivent être très attentifs à l’humeur de l’électorat.

Le pari des républicains est que leurs électeurs ne sont pas du tout rebutés par les manigances sur le plancher de la Chambre. Ni par les frasques de leur leader.

Puisque l’histoire contemporaine a montré que les extravagances républicaines ne leur ont pas nui, il est possible que Donald Trump préside au 250e anniversaire de la République.

(1)The President’s News Co#219443A

(Je pense que vous savez tous que j’ai toujours pensé que les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise    sont : Je représente le gouvernement, je viens pour vous aider.)

(2) Voir «gerrymander» dans Google

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