• J’ai vu Phénix, de Jonathan Beaulieu-Cyr, dans la salle 9 du cinéma Quartier Latin : 353 places vides sur 354 : j’étais le seul spectateur un vendredi soir de fin août. Dommage, vraiment dommage pour un aussi beau film ! Nous sommes dans la première décennie des années 2000, les États-Unis mènent la guerre contre les Talibans en Afghanistan et le Canada fait partie de la coalition multinationale qui combat à leur côté. Le film ne raconte pas l’histoire de cette guerre, loin de là, mais elle est en arrière-plan : une présence sournoise, menaçante, angoissante. En avant-plan il y a les soldats basés à Valcartier qui passent quelques semaines de congé en famille avant leur déploiement en Afghanistan.

  • C’est en lisant Plot Twist l’édition hebdomadaire en ligne de The Economist consacrée à la culture que j’ai appris l’existence de Mon gâteau préféré, l’extraordinaire film iranien qui vient de prendre l’affiche à Montréal. Et il y a tout un « plot twist »  — un rebondissement — fabuleusement ingénieux, inventif dans ce film.  C’est ce qui m’a enthousiasmé et qui m’a poussé à le raconter à mes amis en soulignant avec force ce rebondissement qui est hallucinant d’imagination et de vérité et qui révèle le grand talent de conteurs des deux scénaristes/réalisateurs : Maryam Mokadam et Behtash  Sanaeeha.

  • Quel titre précis, juste, puissant de ce documentaire qui raconte la résistance de paysans palestiniens face aux nombreuses tentatives d’expulsion de la part de la police et de l’armée israélienne des terres et hameaux qu’ils habitent depuis plus de cent ans en Cisjordanie, dans la région de Masafer Yatta. Ils ne veulent pas quitter ce territoire, qui est le leur, malgré le harcèlement brutal de l’armée israélienne qui régulièrement détruit leurs maisons, confisque l’équipement qui sert à les rebâtir la nuit en cachette, contrôle leurs déplacements, coupe les tuyaux d’eau qui irriguent leurs champs, détruit à coups de bulldozer l’école qu’ils ont construite de leurs propres mains, qui les contraint à se réfugier dans les grottes avoisinantes où ils habitaient il y a plus de cinquante ans.

  • Paul , c’est le dernier film du prolifique Denis Côté. La plupart des cinéastes québécois doivent attendre de trois à cinq ans et même bien plus pour faire leur long-métrage, lui, il en réalise un par année ou presque ! Il connaît bien les « tenants et aboutissants » de la production cinématographique québécoise/canadienne et sait y inscrire ses projets avec un formidable sens de la contrainte qui lui permet de créer avec ingéniosité l’adéquation nécessaire entre les exigences esthétiques, narratives et logistiques du film à faire et les moyens de production pour le réaliser.

  • Miséricorde c’est le premier film que je vois d’Alain Guiraudie qui, lui, en est à son septième. Il m’a intéressé dès les premières images dominées par la lumière chaude d’après-midi, la couleur ocre de la forêt automnale et les façades des maisons du village. Sur l’une d’elles, au-dessus d’une grande porte fermée on voit accrochée l’enseigne « Boulangerie/Pâtisserie ».

  • Vu hier après-midi : Maurice le dernier documentaire de mon copain Serge Giguère. Le Maurice du titre c’est le prénom du grandissime et mythique joueur de hockey du Canadiens de Montréal : Maurice Rocket Richard. Il a joué pour le CH de 1942 à 1960 et l’équipe, avec lui, a remporté huit coupes Stanley! Ah quelle belle époque ! C’est Robert Tremblay, cinéaste farouchement indépendant, anticonformiste, sensible aux plus humbles et pour qui le sport est «la forme plus universelle de la culture » qui est à l’origine de ce film dont la production aura duré 35 ans !

  • Trois femmes travaillent dans le même hôpital à Mumbai. Nous sommes en pleine mousson. Une chape lourde de chaleur humide enveloppe la mégapole de 21 millions d’habitants qui accueille femmes et hommes venus de tous les villages et régions de l’Inde. C’est une ville où tous les espoirs semblent permis comme nous le disent, au tout début du film, ses habitants qu’on entend en off sur les images des marchés, des autobus, des rues bondées.

  • Il était une fois Manitas (Katia Sofia Gascon) un narco trafiquant mexicain puissant, impitoyable qui voulait devenir une femme : changer de sexe pour changer de vie ... C’est l’histoire que nous raconte, en espagnol, le dernier film de Jacques Audiard : Emilia Pérez  : un drame musical ! Mais aussi une fable sans animaux parlants, avec des êtres humains, une morale, des danses et des chansons !

  • « Anora » : j’aurais voulu l’aimer, mais je ne l’ai pas aimé comme j’aurais voulu l’aimer, c’est-à-dire beaucoup ! Mon enthousiasme était grand lorsque j’ai appris, en mai dernier, que Sean Baker venait de gagner la Palme d’or au festival de Cannes avec Anora.

  • « Un film, c’est comme un champ de bataille : l’amour, la haine, l’action, la violence et la mort; en un seul mot, c’est l’émotion. » C’est le grand cinéaste américain, Samuel Fuller qui décrivait ainsi les films et le cinéma, dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard en 1965. Cette idée que cinéma et émotion ne font qu’un a ressurgi dans ma tête après avoir vu ce qui semble être le film de l’heure : The substance/La substance.