Par son rayonnement multisectoriel, le monde du tourisme sollicite toutes les facettes de l’activité humaine. Hébergement, alimentation, transport, loisir, travail, et leurs corollaires qui répondent davantage aux sensibilités, tels la découverte, la connaissance, l’évasion, l’émotion ... Pas étonnant que les algorithmes s’excitent allègrement dans ce joyeux melting pot. Ainsi, quand l’intelligence artificielle (IA) se pointe au détour d’un autre aspect de l’innovation technologique, le domaine du tourisme répond présent, lui qui est toujours enclin à explorer et exploiter de nouveaux procédés permettant d’optimiser l’expérience voyage.
On évoque souvent la notion de « démocratisation » du tourisme par laquelle le voyage, non plus réservé à une élite richissime et privilégiée comme ce le fut longtemps, est maintenant enveloppé d’une aura d’accessibilité tous azimuts pour l’ensemble du peuple. À tel point que des humanistes comme le psychologue Maslow s’accordent pour le placer au rang de besoin dans la pyramide des satisfactions chez l’humain. L’offre s’étant ainsi multipliée devant la demande pressante des clientèles, une concurrence féroce s’est installée, avec comme résultats une poussée des tarifs vers le bas et, du même coup, une explosion des services proposés. Un passeport pour le plus grand nombre. Extrapolons vers une sorte de populisme dictant la crainte d’une invasion de son espace vital, voire la menace de « l’autre ».
Le jeune vingtenaire rêvait de mettre le cap sur le pays du Taj Mahal, affectueusement dépeint par des proches qui y avaient beaucoup frayé. Ainsi baigné dans l’ambiance depuis tout petit, il s’imaginait pouvoir se fondre aisément dans cet État mythique d’Asie du Sud cinq fois millénaire. C’était sans doute mal jauger la portée des sentiments que peuvent provoquer de visu les pics de l’Himalaya, le rivage de l’océan Indien et les eaux du Gange peuplées de pèlerins alanguis, pour dire le moins. Résultat : un voyage idyllique au cœur de la terre de Gandhi à troquer contre un autre vers l’hôpital, le syndrome de Stendhal ayant sévi, avec une psychose dans la valise pour le vol de retour.
De tout temps, épousant la nature même de ce segment de l’activité humaine qu’est le tourisme, les types de voyageurs se sont avérés multiples. Mais les modes de vie en perpétuel mouvement engendrent aussi leurs propres modèles qui collent aux changements de l’heure. Parmi les tendances qui se dessinent pour 2024, et assurément à plus long terme, se classe le « voyageur caméléon », selon les résultats d’un sondage effectué auprès de 1000 Québécois par la Chaire de tourisme Transat-UQAM, dévoilés il y a quelques jours. Dégageons quelques grandes orientations.
La génération des jeunes nés grosso modo entre 1998 et 2007, qui englobe près du tiers de la population mondiale (autour de 18 % au Canada) selon les statistiques officielles, représente les voyageurs des prochaines décennies. La Gen Z, de son petit nom, celle qui a grandi dans le giron d’Internet et des connexions numériques 24/7, dicte déjà ses besoins et préférences dans la sélection et la nature de ses déplacements. L’industrie touristique et les merketeurs sont aux aguets pour cerner ce segment de la société et pouvoir s’adapter à ses comportements.
À l’instar de l’entrée d’Internet dans nos vies, les chatbot de ce monde bouleversent déjà nos comportements sociétaux. Sur le plan personnel autant que professionnel. Et ce n’est qu’un début. Depuis toujours, le monde du voyage a recours aux technologies de pointe, et par sa nature, il figure parmi les domaines stratégiques pour tout développement au rayonnement planétaire.
Routiers au long cours, habitués des autoroutes, touristes ou visiteurs du dimanche, tous ont besoin à un moment ou un autre de prendre la pause dès lors que le voyage s’étire le moindrement. Les haltes routières du Québec sont ainsi faites que ces arrêts peuvent s’avérer un petit plaisir comme une plate nécessité de se soulager, ou quelque part entre les deux.
La scène, c’est la nature elle-même. Charlevoix cumule les nouveautés cet été, dont certaines ont pour décor la montagne, le fleuve, les rochers et les étoiles. Cette région chouchou des Québécois autant que des visiteurs étrangers se fait le théâtre de passages obligés. À commencer par Le vol de l’oiseau mécanique, en passant par Cité Mémoire Charlevoix, la production circassienne Éclats, le mini-musée L’île mystérieuse sur Jules Verne, l’expo Riopelle et l’art populaire et le circuit du train d’Alstom propulsé à l’hydrogène vert. Tour d’horizon.
À l’instar de bien des citoyens du monde, les Québécois lorgnent leurs valises un peu empoussiérées depuis 2020. En cette ère postpandémique, la soif du voyage fait saliver. Tout se passe comme si l’homo touristicus voulait envoyer au diable l’inflation menaçante, le prix galopant de l’essence, la flambée des coûts alimentaires, la hausse des taux hypothécaires ou des tarifs des billets d’avion. Et basta sur la crise sanitaire ! Le mot-clé ambiant semble plutôt être « revanche » sur cet intervalle de privations. Tout au plus pourra-t-on consentir à rogner sur quelques restos ou activités une fois sur place.