• Joan-Lluís Lluís a beau être né à Perpignan et y habiter, c’est à Barcelone qu’on publie et qu’on honore ce romancier, lauréat des principaux prix de la littérature catalane, le prix Òmium (« Junil », 2021) et le prix Sant Jordí (« Jo soc aquell que va matar Franco », 2018). Il avait déjà secoué le cocotier de l’absolutisme français dans un pamphlet de 2002 joliment intitulé « Conversation avec mon chien sur la France et les Français », il récidive cette saison, mais sur un plan beaucoup plus théorique cette fois-ci, avec « Balla amb Babel — Contra l’absolutisme lingüistic » (danse avec Babel, contre l’absolutisme linguistique)

  • Au panthéon des légendes historiques, on peut dénicher quelques canailles. Et ce, malgré l’auréole qui fait s’extasier les exaltés qui les vénèrent. Parfois la réputation de ces êtres quasi mythiques vacille dès que l’on s’intéresse de près aux exploits rarement retenus par la version de vie vénérée par les dévots. Suffit pour cela de faire dévier de quelques centimètres le regard porté sur les principaux épisodes d’une existence prétendument hors du commun pour découvrir des faits gênants laissés sur le bas-côté. Ainsi en est-il de Jeannette, un surnom dont on affubla enfant Winston Churchill lors d’un séjour en France.

  • Que dire d’un auteur comme Jean Echenoz qui a été chroniqué à foisons, de son premier ouvrage en 1979 jusqu’au plus récent en début de 2025, avec en supplément d’âme un Cahier de l’Herne à lui consacré, sinon témoigner de l’admiration profonde qui sourd pour celui qui sait raconter dans un style tout à fait singulier. Déclarer que l’œuvre de Jean Echenoz est une cathédrale narrative revient à affirmer que voilà une prose au style unique en français contemporain.

  • L’année qui vient à peine de commencer fera bientôt entendre quantité de rappels des exploits des vainqueurs qui en mai 1945 ont terrassé l’Allemagne nazie. De ce passé sanglant verra-t-on surgir l’aristocratique figure du comte Eugenio Pacelli, pape dont les silences ne sont pas ceux de la prière, mais d’une longue tradition d’antisémitisme qui a longtemps prévalu dans l’église catholique ? Pacelli, un prince de l’église dont le destin n’était pas de sauver de l’horreur le peuple élu de Dieu.

  • Les études et les ouvrages en tout genre ne manquent pas sur l’histoire des Rébellions du Bas-Canada de 1837 et 1838 au Québec. Mais s’attaquer à la vérité factuelle en renversant l’histoire, même de façon romancée, n’est pas œuvre facile. C’est pourtant ce à quoi s’est attelé l’historien Gilles Laporte, professeur retraité du Cégep du Vieux- Montréal.

  • Paru en 1961, Black Like Me, qui raconte l’expérience du journaliste John Howard Griffin qui a assombri sa peau pour vivre comme un Noir, « est l'histoire des persécutés, des escroqués, des craints et des détestés ». Lecture déterminante pour certains, cet ouvrage mettait en lumière la déplorable vie quotidienne des Noirs des États du Grand Sud des États-Unis.

  • Ouvrir un livre pour comprendre le monde. Fuir le quotidien. Découvrir le ciel et la mer. Errer entre les rimes. S’émerveiller devant le récit de l’infini. Glaner de quoi se nourrir de saveurs nouvelles. S’imaginer toucher la grâce. Ou s’avouer complètement ignorant de tout un pan de l’histoire de l’art au Québec dès lors que l’on tient entre les mains Les peintres de la Montée Saint-Michel, un ouvrage imposant de Richard Foisy qui nous conduit dans l’univers de huit peintres qui avaient investi au début du 20e siècle le Domaine Saint-Sulpice situé au nord de Montréal.

  • Le français tel qu’on l’utilise aujourd’hui en France dans plein de sphères d’activités est gangréné par le tsunami des emprunts coupables à l’anglais. Loin de donner de la force et de la tenue à la langue française, ces mots et ces expressions qui choquent les oreilles et brouillent la vue sonneraient plutôt le glas du français. La situation est d’autant plus déplorable que l’article 2 de la Constitution française stipule que : « La langue de la République est le français ». Or le français-français des années 2020 est un français qui lentement fait naufrage, pour reprendre le mot qui résume bien l’amer constat de Lionel Meney à l’issue de son enquête sur l’état actuel du français en France.

  • L’actualité guerrière fait parfois remonter des souvenirs de lecture qui recouvrent de leur ombre une situation politique dont on ne sait l’issue. Ainsi en est-il de la relecture de l’histoire d’un homme qui veut maigrir. Sous la plume de Benny Barbash, Little Big Bang (Zulma, Paris, 2011, 176 pages), une ode à la terre ancestrale. Loin du qui-a-tort-qui-a-raison et de la violence inouïe entre mer et Jourdain.

  • Dans le langage de la sociologue Nathalie Heinich, « l’expérience de la maison est au-delà de la question de l’habitat. Peut-être parce qu’une maison a des racines qui l’enfoncent dans la terre et des ailes qui la tirent vers le ciel ». C’est dire à quel point les maisons ne sont pas tout à fait des bâtiments comme les autres. Sans doute est-ce parce qu’aux yeux de l’architecte Ando Tadao, « la maison est la construction la plus intime et la plus révélatrice de la vie des humains ». D’où l’intérêt porté aux constructions aux allures modernistes qui ont surgi au Japon depuis 1945.