• Dans un Mexique devenu un véritable abattoir, le conquistador Hermãn Cortés reçoit en audience l’ambassadeur de l’empereur aztèque Montezuma. À cette occasion, pour éviter tout incident diplomatique, il se voit forcé de porter à ses lèvres un vase rempli de xocoatl, une boisson amère et pimentée que les Aztèques associaient à Xochiquetzal, la déesse de l’amour et de la beauté. Ainsi commence l’histoire du chocolat. Une aventure qui sous la plume de Frédéric Amiel se mue en histoire de la mondialisation, par tranches de périodes historiques différenciées.

  • Il est toujours étonnant de lire des ouvrages qui systématisent une pratique. Avec pour résultat bien souvent de faire entrer des réalités tout ce qu’il y a de plus simples dans des constructions abstraites souvent fort complexes dont on peut légitimement se demander s’il s’agit d’un simple exercice conceptuel ou la recherche d’une sorte de méthode qui pourrait servir à mieux comprendre un phénomène. Voilà ce à quoi convie “Qu’est-ce que l’actualité politique ? Événements et opinions au XXIe siècle”, de Luc Boltanski et d’Arnaud Esquerre.

  • Les pays en guerre donnent lieu à toutes sortes de légendes. L’actuel conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie n’y échappera pas. Parfois ces récits à caractère souvent folklorique glorifient des héros, des actions, qui sait des lieux même apparemment sans intérêt. Entre temps, il est des ouvrages desquels émerge la singularité affichée par des êtres de silence dans un pays qui n’est pas que ruines. “Lucky Breaks”, [1] de la photographe et écrivaine ukrainienne Yevgenia Beloruset, en constitue un fort bel exemple.

  • Arlette Woland a survécu à Bergen-Belsen. Elle y avait été déportée avec sa mère qui survivra également. L’une pouvait donc savoir ce que le regard fixe de l’autre voyait certains jours où l’horreur envahissait l’esprit. Car elles partageaient le même film intime de ces temps d’épouvante, pour ne pas tout à fait sombrer. Qui sait toutefois ce qu’Arlette et les autres rescapés ont raconté à leurs enfants qui ont dû vivre avec d’effroyables souvenirs qui ne leur appartenaient pas.

  • Peintre, géomètre et mathématicien, Piero della Francesca est l’un des précurseurs de la « divine proportion » [1]. Ce qui explique sans doute la savante composition de la « Flagellation du Christ », un tableau majeur dont on ignore tant de choses, en dépit des nombreuses études spécifiques qui lui ont été consacrées depuis le milieu du 20e siècle. Menée comme une véritable enquête, l’étude de Franck Mercier [2] se présente comme une tentative de réinterprétation d’un petit nombre de tableaux de l’un des plus grands peintres du 15e siècle italien, renouvelant ainsi la vision que l’on avait de son œuvre.

  • Que sont les Grands Tours de France, d’Italie et d’Espagne sinon une succession d’étapes où se distinguent isolément les rouleurs, les grimpeurs, les sprinteurs et où le gagnant participe à la procession sans pour autant rafler les honneurs tous les jours de course. Les vrais épreuves – celles qui en quelques heures forgent à jamais des légendes que le temps n’affaiblit pas et donnent la vraie mesure des champions –, ce sont les « Classiques » aux parcours célébrant l’effort, la détermination, la vraie rage de vaincre.

  • L’Histoire ressemble parfois à une série de portes qui coulissent, certaines ouvrant sur des lieux dont la vue suscite l’étonnement quand l’image que révèle une simple archive photographique ne correspond pas à ce que nous savons ou croyons savoir d’un site connu de tous.

  • À la vue de cette « Femme lisant » (Alexsei et Sergei Tkachev), l’historien Patrick Cabanel aurait pu lui chuchoter que « nous avons besoin de livres et de pierres », compagnons des lieux que nous habitons et qui nous habitent. Une façon de dire que les maisons qu’on habite sont plus que des constructions en dur : des édifices mémoriels où l’on pénètre sans savoir si on en ressortira un jour. Ainsi vont certaines lectures.

  • Tant de choses ont été écrites sur la Seconde Guerre mondiale que le sujet semble usé à l’os. Surgissent tout de même parfois des ouvrages dont le propos nous étonne encore. Ainsi en est-il de celui d’Emmanuel Droit dont le titre à lui seul mérite qu’on s’y attarde.

  • S’approprier un livre, c’est aussi garder la mémoire des mots qu’il renferme. D’où cet article qui – pour en mieux transmettre le propos – met à profit ceux même d’Olivier Weber dans « Massoud, le rebelle assassiné ». Ce livre – écrit pour ne pas oublier un homme de courage – est un texte bref qui magnifie la grandeur de celui qui rêvait de désapprendre à faire la guerre.