• La récente élection présidentielle vient encore une fois d’en faire la preuve : l’Amérique est un pays déchiré. On le savait depuis longtemps, mais c’est l’ampleur de la fracture qui étonne chaque fois qu’on s’y attarde. Bien sûr, certains populistes y trouveront toujours leur profit en attisant le feu sans se gêner, on vient de le voir encore une fois durant la dernière campagne. Mais la question de fond restera toujours la même : quelle est la véritable origine de la cassure ? Le plus récent livre de David Joy, Les deux visages du monde, vient souligner à quel point le passé esclavagiste du pays est une des causes profondes des tensions qui divisent aujourd’hui les jadis États-Unis d’Amérique.

  • L’équilibre des forces sur la planète repose, on le voit bien dans la période trouble que nous traversons, sur un ensemble complexe de facteurs. On pense surtout à l’économie, à la politique et aux alliances de tous types, mais ce que l’on nomme du bout des lèvres « le renseignement » joue aussi un rôle majeur dans l’équation. L’ingérence étrangère prend pied partout et parfois certains coups d’éclat révélés par les journaux démontrent bien que ça grouille intensément sous la surface des apparences officielles. Et Alias Nina P. de Chloé Archambault vient nous faire saisir à quel point il se passe probablement un tas de choses occultées, là, tous les jours, sous nos yeux …

  • Déployé un peu partout sur la planète, souvent en territoire hostile, le personnel politique d’une ambassade marche, par définition, sur des œufs … et c’est encore plus vrai pour les représentants officiels des grandes puissances de ce monde. Ici, dans cet étonnant Première dame, c’est une évidence qui s’impose rapidement puisque l’action « impromptue » de notre histoire se déroule en grande partie en Inde, à l’intérieur de l’ambassade américaine de New Delhi, quelque part entre hier et … n’importe quand.

  • Difficile de comprendre comment on a pu en arriver là. Comment, par exemple, un sans papier mexicain devenu coiffeur à Miami peut-il encenser Donald Trump, ainsi qu’on pouvait le lire dans La Presse récemment ? Pourquoi les Français se sont-ils vus forcés de choisir entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélanchon ? Les Canadians opter pour Trudeau ou Poilièvre ? Comment expliquer cette perte de références et de repères qui confine aux extrêmes, sinon par un sentiment d’inconscience ou de non-appartenance ? Peut-être cela tient-il à la notion d’identité. Comme si nous avions oublié qui nous sommes et d’où nous venons; ce qui nous définit collectivement, comme l’ouverture aux autres et l’aide aux plus démunis. Et tant qu’à y être, notre rapport au territoire et à ceux qui l’habitent avec nous. Hum ? Quand même étrange qu’un polar nous amène à poser de telles questions, non…

  • La pandémie a laissé des traces un peu partout sur la planète comme en témoigne l’histoire sordide dont on vous parle ici et qui se déroule dans la ville de Québec, au moment où tout le monde commençait à laisser tomber le masque… il y a à peine plus de deux ans. Dans cette fresque un peu grise, il est question de la difficulté de vivre isolé des autres, de détresse et de pauvreté, d’intolérance, d’homophobie et de violences caractérisées avec même de forts relents d’escroquerie et d’abus de pouvoir en arrière-fond. La totale, quoi. C’est à se demander si le tsunami Covid 19 n’a que fait surgir le pire ou s’il a simplement révélé ce qui était là, plus ou moins enfoui depuis toujours, et qui ressemble à ce que l’on pourrait appeler la terrible lourdeur du monde …

  • Même si les rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat se suivent et deviennent de plus en plus alarmants, les gouvernements du monde avancent à pas de tortue devant les bouleversements climatiques qui affligent la planète, on le sait. Partout on piétine en invoquant les impératifs économiques ou la sécurité énergétique plutôt que de poser des gestes déterminants qui se font de plus en plus urgents. Comme s’il voulait nous faire prendre conscience de la menace que représente cette lente dégradation à la grandeur du globe, le romancier écossais Peter May s’appuie sur les constatations du GIEQ et situe l’action de son plus récent roman dans le futur presque immédiat; celui des décennies qui s’annoncent. Bienvenue dans l’apocalypse … ou presque.

  • Lorsqu’on voit la violence des conflits qui déchirent le monde, quand on constate partout, chaque fois, le même acharnement sanguinaire et barbare, toutes ces morts inutiles et ces destructions … il est difficile de croire en l’avenir de la race humaine. Ou, pire encore, que la planète puisse survivre à la bêtise des hommes. Dur. En fait, le constat est tellement radicalement inacceptable qu’on préfère penser que, heureusement, il y a d’abord et avant tout… le reste: l’entraide et la coopération, la beauté, l’amitié, l’amour, la science, l’art, la culture.

  • La violence faite aux femmes est une des tares du monde moderne. En ce mois qui célèbre l’émancipation et les droits des femmes, on la voit pourtant sévir partout; incompréhensible, injustifiable, aussi impensable qu’omniprésente. Ici comme ailleurs — le Québec a déjà connu six féminicides depuis le début de l’année au moment d’écrire ces lignes —, cette violence repose sur une sorte d’atavisme tenant de la volonté de contrôle et de l’abus de pouvoir; comme si les pulsions de l’homme de Néandertal survivaient toujours en nos gènes. 12 000 ans d’évolution pour en arriver là! Menfin… Le roman d’Anna Jansson semble donc développer ce même insupportable thème jusqu’à ce que…

  • Depuis quelques années déjà, février est devenu, de ce côté-ci de l’Atlantique du moins, le Mois de l’histoire des Noirs. C’est l’occasion de rappeler les nombreuses actions des membres de la communauté afrodescendante qui ont contribué à façonner pour le mieux le monde dans lequel nous vivons. Mais l’histoire que nous raconte Châtiment n’a rien de glorieux, bien au contraire. Le livre de Percival Everett fait plutôt écho aux vies détruites de ces milliers de personnes qu’on a lynchées — un peu partout à travers les États-Unis mais surtout dans le «Deep South» — à cause de la couleur de leur peau. C’est un roman improbable parce qu’il est à la fois terrifiant et délirant d’humour … noir. Attachez vos ceintures.

  • D’ici, la Finlande nous apparaît bien lointaine et la petite ville de Pori, où Tuominen situe ses histoires, encore plus minuscule même si elle compte aujourd’hui plus de 75 000 habitants. C’est pourtant une sorte de microcosme illustrant parfaitement la complexité du monde dans lequel nous vivons. Où que l’on soit sur cette terre, les problèmes sont les mêmes … à quelques variantes près, bien sûr. Les conflits sociaux, le manque de respect, la violence, les inégalités, la pauvreté et le racisme font partout la Une des quotidiens. En ligne ou non. C’est de cela qu’il est question ici : de l’état du monde.