À propos de l'auteur : Diane Précourt

Catégories : Tourisme

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Diane Précourt

Les réseaux sociaux n’en finissent plus de cracher la grogne de voyageurs, même de grands fans des États-Unis, qui ont décidé de bouder nos voisins du Sud, voire d’y annuler une visite. Des chroniqueurs s’évertuent à suggérer des destinations alternatives à des sites américains. Des vedettes annoncent en grande pompe quitter ce pays au vu d’un feu roulant de trumperies. Quand ce ne sont pas des touristes états-uniens chez nous « excusant » les tribulations de leur imprévisible gouvernement. Sans compter que les nouvelles exigences inquisitrices à la frontière ont jeté un froid chez les plus enthousiastes à la franchir. Un mouvement qui se révélera pérenne, ou une moue passagère qui ne résistera pas aux attractions prisées des Québécois ?

Les transporteurs Delta Airlines et American Airlines revoient à la baisse leurs prévisions financières en réponse à une forte réduction du trafic canadien, rapportait récemment The New York Times. Qui signalait du même coup une chute de 24 % du nombre de Canadiens entrant aux États-Unis en voiture, en février dernier, par rapport à la même période l’an dernier, guerre commerciale en toile de fond. Et ce n’était là que le début d’une longue liste d’annonces semblables, toutes plus surprenantes les unes que les autres, apparemment dictées par l’humeur à la Maison-Blanche.

Selon la firme britannique OAG, pour Official Airline Guide, les réservations en mars pour des vols canado-américains entre avril et septembre ont diminué de 70 % en un an, expliquait Radio-Canada. Certains transporteurs réduisent aussi leur capacité ou y consacrent de plus petits avions.

Au Québec, des voyagistes spécialisés dans les excursions en autocar vers les États-Unis ont annulé plusieurs, sinon la majorité de leurs départs prévus. D’autres acceptent de relocaliser ailleurs des clients qui avaient déjà engagé des réservations – et des frais – pour des séjours chez l’oncle Sam.

Même les traditionnelles tournées scolaires vers des villes américaines accusent un sérieux ralentissement de la demande. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a dit encourager la réflexion en ce sens, sans émettre de recommandation officielle. Les forfaits sportifs ne sont pas en reste, ni non plus le monde du spectacle, s’agissant de l’inquiétude ambiante. Quant aux très populaires forfaits du week-end de Pâques à New York, on verra bien s’ils encaissent le coup, ou pas. Il est vrai que New York, c’est New York, pas les États-Unis …

La grande séduction

En réponse à ce boycottage tous azimuts, il y aurait notamment un appétit croissant pour les destinations européennes, mexicaines et caraïbéennes. Certes, le Québec pourra accueillir son lot de ces voyageurs déçus, mais la planète est vaste … La grande séduction s’anime au rythme de campagnes promotionnelles afin de récupérer une partie de la manne, d’une part, ou pour limiter les dégâts, d’autre part.

Le milieu du voyage, rompu à l’exigence de réactions expresses devant les aléas sociogéopolitiques, météorologiques et sanitaires dans le monde, en plus de se relever d’années pandémiques, est une fois de plus appelé à se repositionner. Les spécialistes prévoient des pertes de plusieurs milliards pour l’industrie touristique américaine, mais également pour nos agences locales dont les États-Unis représentent une importante vache à lait. Autant dire le prélude à quelques catastrophes financières en puissance.

Les signes d’une dégringolade des voyages états-uniens sont bien présents, un euphémisme. Ce qui relève encore de l’impondérable, c’est l’ampleur de la tendance et de ses répercussions, passagères ou permanentes, ici et ailleurs. Il est encore trop tôt pour poser le baromètre, mais les prochaines semaines seront cruciales pour la suite des choses. Et à la vitesse à laquelle se succèdent les décrets trumpiens, disons que tout peut arriver, dans un sens comme dans d’autres.

L’émotion, bordel !

Il est écrit dans le ciel que le coût des prestations touristiques aux États-Unis subira des baisses significatives, ne serait-ce que pour maintenir à flot les fréquentations. Reste à savoir si ces réductions serviront d’incitatif suffisant pour les touristes. D’aucuns auront-ils la bougeotte américaine au moment des décisions pour les prochaines vacances estivales, et même à plus long terme ?

Le mot-clé par les temps qui galopent, c’est : incertitude. L’expression-clé par les temps qui courent, c’est : de quel côté tournera le vent ? Mais il y a plus. Au-delà de tous les facteurs inhérents à cette situation éminemment désolante pour tout le monde, la notion de voyage sous-tend une part notable d’émotion. Chez les Québécois et les Canadiens, en l’occurrence, certains éprouvent devant ce véritable Disneyland de soubresauts politiques intempestifs une grande déception envers leur allié, voire un sentiment de trahison nourri par leur voisin. Dans le cas qui nous occupe ici, entre autres, oncle Sam sème une morosité bien préoccupante en ce moment.

 

 

 

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