À propos de l'auteur : Jean Dussault

Catégories : International

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Capture d’écran

Donald Trump faisant campagne dans le Montana le 9 août.

Jean Dussault

La légende veut que le Parti républicain américain soit, ou ait été, le Grand Old Party : le bon vieux parti.

Or, Donald Trump est en train de réécrire l’histoire politique américaine contemporaine : son parti, (oui, c’est maintenant exclusivement le sien), n’a plus rien de républicain. Si son gourou pouvait prononcer des mots de plus de trois syllabes, le nouveau parti serait le PIPP : le Parti Isolationniste, Protectionniste et Populiste.

La cassure     

Jadis, l’étiquette de GOP avait quelque chose de gentil pour ses partisans et adhérents, un peu comme ce que diraient des petits-enfants de leur papi attentif qui a fait tant et tant de bien pour la famille nationale.

Ses opposants avaient une opinion moins généreuse dudit aïeul : le GOP était pour eux le vieux mononcle déjanté. Un pépé parfois sympathique, mais tellement en retard, tellement déconnecté.

Pour utiliser le vocabulaire du nouveau candidat démocrate à la vice-présidence, il arrive que le vieux soit  « bizarre ». Parfois très bizarre.

Les républicains devenus trumpistes ou pippistes ont constaté, et accepté que leur ultra-chef n’a vraiment rien du tendre grand-papa. Ils ont donc eux aussi largué le label GOP suranné.

En fait, ne reste que le TP : le Trump Party

Cette année électorale est celle où les codes, les références, les repères, les  étiquettes ont, ben, pris le bord.

Les règles aussi.

J.D. & D.J. 

Initialement, J.D. exécrait D.J.

Tous les médias ont rapporté que James David Vance a déjà écrit de Donald J. Trump qu’il était «a moral fraud», «a total disaster».

« Tromperie morale » et« désastre absolu» satisfont aux besoins de traduction.

En acceptant son investiture au congrès de Milwaukee, le soudainement promu a dit de son nouveau patron qu’il le voit maintenant comme « le dernier et le meilleur espoir de l’Amérique ».

Les futurs historiens et/ou philosophes détermineront à quel moment de sa vie J.D.V. était dans l’erreur.

En attendant, les pronostiqueurs ont un fichu défi à relever.

Aucune cartomancienne n’aurait pu imaginer un scénario aussi loufoque que celui écrit par le nouveau PIPP : le 45e POTUS, Donald J. Trump, a choisi comme éventuel successeur un tout récent sénateur de l’Ohio. Le plus vieux candidat à la présidence de l’histoire fait équipe (?) avec un néophyte. Dans les deux cents dernières années, seul Richard M. Nixon est devenu, en 1952, un vice-président plus jeune que le sera Vance le jour de la prochaine élection.

God blesse America

Et « so American », tellement américain, le milliardaire né avec la proverbiale cuillère dorée dans la bouche prend sous son aile rêche le jadis p’tit pauvre qui veut symboliser la réalisation du rêve américain. Et des millions, même des dizaines de millions d’Américains prient pour qu’un milliardaire et un prétentieux les sauvent des griffes des élites.

Le fonds du puits

Candidate à la vice-présidence avec John McCain en 2008, l’ancienne gouverneure républicaine de l’Alaska, Sarah Paulin, avait lancé un cri du coeur devenu célèbre : « Drill, baby, drill ». Elle voyait et voulait des puits de pétrole partout, y inclus tout autour de son propre État dans un environnement fragile.

À première vue, elle défiait toutes les connaissances scientifiques sur l’environnement, elle dénigrait toutes les personnes inquiètes de l’avenir de la planète et elle encourageait tout-un-chacun à produire du pétrole.

Comme d’habitude, la médaille a deux côtés.

Comme dans le cas de l’autorisation par le gouvernement canadien du projet Bay du Nord au large de Terre-neuve en 2022, il y a un argument intelligent en faveur de produire du pétrole dans son pays plutôt que de l’importer. Il y a même une honorable franchise à assumer sa propre consommation de pétrole plutôt que d’exporter sa responsabilité d’émissions de gaz à effet de serre.

The D

D.J., le patron de J.D., ne s’empêtre pas dans de telles subtilités.

En fait, son parti, c’est aussi celui du négationnisme.

Faut s’entendre : la négation de la menace environnementale.

Au congrès de sa sanctification, il a à son tour hurlé : «Drill, baby, drill» aux applaudissements de tous ceux qui applaudissent à tout ce qu’il dit.

Le candidat républicain s’est aussi et ainsi engagé à mettre fin à toutes les règles et à tous les empêchements d’aller de l’avant avec la prospection et la production de pétrole.

Ces embûches et ces contrantes relèvent, dans ses mots, d’un « green scam ». De la foutaise verte.

Ouin, pis

Fin juillet, de présumés sincères écologistes ont collé leurs mains à l’asphalte de la rampe d’accès à l’aéroport de Dorval pour dénoncer les émissions de g.e.s. produites par les vols d’avions.

Soit.

Quasi un mois après le congrès républicain, on ne trouve aucune trace de dénonciation de la part d’organisations ou de militants écologistes des menaces à l’environnement que posera l’éventuelle élection de, ben, lui-là.

Or, comparée à M. Trump, Mme Paulin avait l’air d’une écolo.

Re-or, comme dans toutes les campagnes électorales, l’abstention, c’est la soumission.

Il est dangereux de compter sur les inanités qu’hurleront D.J. et J.D. dans les prochains mois pour espérer qu’ils perdront l’élection par leur seule propre bêtise.

The economy, stupid

L’expression fait partie du vocabulaire électoral américain depuis 1992 : grosso modo, un conseiller du candidat démocrate Bill Clinton avait rappelé à son patron qu’au final, les Américains votent selon leur perception de la situation économique.

Candidat républicain contre le président démocrate sortant Jimmy Carter, le républicain Ronald Reagan avait formulé la même vérité de La Palice en 1980 : « Are you better off than you were four years ago ? »  Vos finances sont-elles mieux qu’il y a quatre ans ?

Clinton a gagné « sur » l’économie en 1992, Reagan l’avait fait en 1980.

Trump a menti, oh surprise, sur le bilan économique de l’administration sortante, mais le taux de chômage aux États-Unis a atteint en juillet son plus haut niveau en presque trois ans.
C’est l’administration Biden-Harris qui  porte et qui va continuer de porter la responsabilité des dernières statistiques.
Dans les campagnes électorales des USA, l’immigration, l’avortement et même la couleur pâlissent devant l’enjeu de l’économie.

Et, surtout, sur la perception qu’en ont les électeurs.

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