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Catherine Saouter
Jusqu’à tout récemment, apprendre une langue se faisait le plus souvent en classe, en présence d’un professeur. La pandémie a changé la donne en offrant aussi la communication en ligne. Quelle est l’incidence du mode en ligne sur l’apprentissage d’une nouvelle compétence langagière ?
Marie-Josée Boucher
La pandémie a propulsé la communication par les nouvelles technologies dans le monde de l’éducation. L’apprentissage d’une langue n’y fait pas exception.
« La tendance en ligne a augmenté chez nous parce qu’on n’a pas eu le choix en raison de la pandémie », lance, lors d’une entrevue téléphonique, Souheila Moussalli, directrice pédagogique à l’École internationale de langues YMCA, située au centre-ville de Montréal. L’établissement offre la formation en ligne ou en présentiel. À l’École, des cours dans neuf langues sont offerts, dont le portuguais, le mandarin et l’arabe.
Mme Moussalli estime que chaque session, 1 800 étudiants, soit 70 % de la clientèle, suivent des cours de langues de façon virtuelle et 30 %, soit 800 étudiants, le font en présentiel. « Certains cours, comme ceux destinés aux entreprises, ne sont offerts qu’en ligne », précise-t-elle. Elle signale que davantage de cours sont offerts en ligne le soir, et en classe, le jour.
Opter pour l’un ou l’autre
Pourquoi choisit-on l’une ou l’autre forme d’apprentissage? La directrice pédagogique explique que tout dépend des besoins de chaque étudiant. « Il faut comprendre quelle clientèle préfère quel type d’enseignement », dit-elle.
Par exemple, les gens d’affaires et les travailleurs optent pour les cours en virtuel le soir, alors que les jeunes choisissent davantage un enseignement de jour. Le YMCA offre d’ailleurs un programme intensif de jour au cours duquel l’étudiant suit des cours de langue le matin et/ou en après-midi.
L’École de langues de l’UQAM s’est également adaptée à la communication en ligne, pandémie oblige. « Nous recevons 600 étudiants par session, soit 1 200 par année », soutient le directeur, Carey Nelson.
Une dizaine de langues, comme le japonais et le russe, sont offertes à l’École, y compris la Langue des signes québécoise (LSQ), pour communiquer avec les personnes sourdes.
L’École dispense les modes d’apprentissage suivants : en présentiel, en ligne sous forme de deux volets, soit synchrone (l’étudiant suit le cours en même temps que ses camarades), soit asynchrone (chaque étudiant trouve le contenu du cours sur la plateforme de l’UQAM et le consulte quand il le désire). Le troisième mode est hybride : l’étudiant doit suivre le cours en ligne ou en présentiel selon ce que l’enseignant prescrit pendant la session.
Le quatrième mode est dit comodal. L’étudiant a le choix entre suivre le cours en présentiel ou à distance. L’enseignant en classe dispose d’un écran qui le met aussi en contact avec les étudiants en ligne. « Un mode qui nécessite une gestion plus importante des ressources pour l’enseignant », souligne Carey Nelson, lors d’une entrevue téléphonique.
Du printemps 2020 à l’automne 2021, tous les cours à l’École de langues de l’UQAM étaient offerts en ligne. À partir de l’automne 2021, les cours en présentiel ont repris, mais les étudiants devaient porter le masque.
Les pour et les contre
Tant Souheila Moussalli que Carey Nelson affirment que les modes présentiel et virtuel, à l’avantage des établissements d’enseignement, permettent d’augmenter le nombre d’étudiants rejoints et la satisfaction des attentes de ceux-ci.
« Certains étudiants ont davantage besoin de contacts sociaux; d’autres, de plus de flexibilité » résume Carey Nelson.
« En présentiel, c’est la touche humaine qui est importante », fait remarquer Souheila Moussalli. Par contre, le présentiel a comme désavantage, selon les deux directeurs, d’exiger le déplacement vers le lieu du cours.
Elle avance également que les modes d’apprentissage en présentiel et en virtuel ne peuvent pas être identiques. « C’est vraiment différent en classe, par rapport à en ligne. On n’utilise pas la même sorte d’activités, d’exercices et d’évaluation. Par contre, rappelle Mme Moussalli, on doit toujours compter un moment de réunion pour tous les participants. »
Une préoccupation que partage Carey Nelson à l’UQAM. Pendant la pandémie, il raconte avoir tenu, avec d’autres professeurs de l’École, des ateliers pour mieux apprivoiser la communication en ligne. « Nous avons réfléchi sur la façon de faire en sorte que l’étudiant en ligne ait le sentiment d’appartenir à une communauté. En présentiel, ça se fait naturellement », argue-t-il.
À l’École de langues de l’UQAM, le mode hybride et l’obligation du port du masque comportent leurs limites. « Le professeur de LSQ ou de phonétique ne pouvait pas exiger le masque », expose Carey Nelson. « Il faudra trouver un juste milieu entre le virtuel et le présentiel », poursuit-il.
Facteurs de succès de l’un et de l’autre
Ni Souheila Moussalli ni Carey Nelson ne peuvent affirmer si l’enseignement en présentiel ou en ligne a plus de succès dans la réussite de l’étudiant.
De plus, est-il également plus difficile d’apprendre l’arabe ou le chinois que l’anglais ou l’espagnol en ligne? « Ça dépend des buts de chaque étudiant et du type de clientèle qui assiste aux cours. Une réussite, c’est personnel » , répond Souheila Moussalli.
Carey Nelson est cependant d’avis que pour certaines langues, les deux formes d’apprentissage en même temps peuvent devenir laborieuses. « L’enseignante de japonais m’a dit qu’elle était disposée à offrir la formation complètement à distance ou complètement en présentiel, mais pas les deux. »
Avenir du virtuel et du présentiel
Souheila Moussalli et Carey Nelson sont catégoriques. Ils ne croient pas à la disparition des cours en présentiel à plus ou moins long terme.
« Nous allons garder les deux, car ils donnent plus de choix », déclare Mme Moussalli.
L’École internationale de langues YMCA ouvrira d’ailleurs un deuxième bureau l’an prochain dans le quartier Saint-Roch à Québec.
Pour Carey Nelson, il est également impossible de revenir en arrière avec la seule forme de présentiel, sauf pour les exceptions des cours de phonétique et du LSQ. « L’apprentissage en ligne est là pour rester. On ne peut pas remettre le génie dans la bouteille! », illustre-t-il.
Néanmoins, à titre de négociateur pour le syndicat des professeurs à l’UQAM, il raconte que l’enjeu du développement des technologies est au cœur des négociations actuelles des professeurs avec la direction de l’UQAM. « Nous croyons qu’il faut arrêter la progression de ces technologies. Nous proposons de continuer dans la situation actuelle, et de prendre d’abord le temps d’évaluer les besoins et les conditions de travail de ces nouvelles technologies. »
Bonjour Marie -Josée
En lisant ton article j ai senti qu’il manquait un point de vue, lequel vas tu me dire ?
Celui du principal client l’étudiant. Alors si tu permet voici mon point de vue sur le sujet. J’apprends l’italien depuis plusieurs années, les deux dernières complètes en mode virtuel. Malgré de grandes craintes au tout début. Je ne peux pas dire quel est mon mode d’apprentissage préféré, en personne ou virtuel. La clé de la réussite n’est pas le mode mais bien le professionnalisme de l’enseignant. J’ai eu la chance d’avoir la même enseignante pendant deux ans en personne et un ans en mode virtuel et je n’ai pas vue la moindre différence dans la qualité du dit enseignement. Tout ça pour dire qu’un professeur rigoureux en classe sera tout aussi rigoureux en mode virtuel. La solution miracle serait 3 ou 4 cours virtuels et un cour en personne afin de resserrer les liens entre élèves et professeur.