À propos de l'auteur : Serge Truffaut

Catégories : International

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Capture d’écran

Serge Truffaut

La réaction au débat entre Kamala Harris et Donald Trump a été unanime : le champion des républicains a été terrassé par la candidate des démocrates. Il en a été ainsi parce que Harris a accordé un soin plus méticuleux à la préparation de ce combat que Trump, mais aussi, voire surtout, parce que ce dernier a multiplié les mensonges et les sorties de route sur le flanc des faits.

À preuve, selon un décompte effectué par le responsable de la vérification du réseau CNN, le républicain a décliné 33 faussetés contre une pour la démocrate. Cela rappelé on comprendra mieux que le site Politico ait titré son analyse de la soirée comme suit : « Ce fut la soirée de D. Trump. Dans le sens le plus terrible du terme. »

À ce constat, les journalistes, les éditorialistes, les chroniqueurs invités dont des républicains du New York Times, du Washington Post, de CNN, de NPR, la radio publique, du Washington Monthly, The Hill, The Intercept, Los Angeles Times et bien d’autres ont fait écho. Tous ont estimé que Trump avait dérapé.

Et le public, et les citoyens ? Selon un sondage réalisé pour le bénéfice de CNN par la firme SSRS  auprès des électeurs d’ores et déjà inscrits, 63 % de ces derniers ont conclu que la démocrate l’avait emporté. Des mandarins du Parti républicain dont l’inénarrable Lindsey Graham, sénateur de la Caroline du Sud, ont partagé ce constat en avançant, dans la foulée, que Trump avait été confronté à un vice : la malhonnêteté des animateurs de la chaîne ABC.

En fait, Graham et ses collègues ont repris l’accusation que formule toujours Trump lorsqu’il est pris en défaut, soit que c’est à cause des journalistes. Au terme du débat, Trump s’est rendu dans la salle où se trouvait une centaine d’entre eux pour marteler qu’il avait fait face à trois adversaires. Soit Harris, plus Linsey Davis et David Muir d’ABC. Dans le cas de ce dernier, il faut souligner qu’il est le présentateur télé favori d’une forte majorité des Américains. Bref, qu’il est l’héritier de Peter Jennings.

ABC et la réalité

Tous les experts en faits médiatiques ayant analysé le travail des modérateurs d’ABC ont souligné que jamais dans l’histoire des débats électoraux ces derniers n’avaient accumulé autant de faits avérés, de vérités, dans leurs têtes et sur leurs fiches, histoire de gommer toute fausse information. Histoire d’invalider tout mensonge.

Sur cet aspect de la soirée, deux énormités méritent une attention particulière tellement elles sont propres à alimenter l’antiaméricanisme. Hélas ! En vrac, il fut question de chats, de chiens et de criminalité dans les villes américaines.

Ainsi donc, selon le Mister Hyde du Parti républicain, des migrants d’origine haïtienne ont mangé des chiens et des chats de résidants de Springfield, bourgade de l’Ohio. Muir a rétorqué que cela était une fausse information. À quoi, Trump a répondu qu’il avait entendu cela à la télévision. À quoi Muir a répondu en précisant qu’il avait vérifié cela auprès du gérant général de la ville qui lui a indiqué que c’était une dinguerie ayant pour origine une affabulation de gamine.

La criminalité dans les villes ? Au cours de la soirée, Trump n’a pas pu s’empêcher de marteler les outrances qu’ils alignent constamment sur Fox qui est rien de moins que la caisse de résonance des haines trumpiennes. Mais encore ? Le taux de criminalité n’a jamais été aussi élevé depuis que Biden est à la Maison-Blanche, car ce dernier a ouvert les portes du pays à des millions et des millions de migrants qui sont majoritairement des criminels

« Faux » a rétorqué sobrement Muir qui a poliment ajouté « comme vous le savez, le FBI a calculé qu’une baisse de la criminalité avait été enregistrée ». Et Trump de s’obstiner en clamant que le FBI  « n’avait pas inclus les villes qui affichent le pire bilan à cet égard. C’est une fraude ». Et Muir de clouer le bec de Trump en disant tout simplement : «Président Trump, merci. » À noter que l’actuel directeur du FBI, Christopher A, Wray a été nommé par Trump en 2017.

Les expressions de Kamala

Rarement dans l’histoire de ces rendez-vous politiques les analystes n’auront accordé autant d’importance aux expressions faciales et au maintien des belligérants.

Antérieurement au débat, pas moins de quatre journalistes du New York Times ayant enquêté sur la préparation des candidats avaient précisé que la démocrate s’était entraînée pendant cinq jours dans un hôtel de Pittsburgh avec une ribambelle de conseillers dont un rompu à la philosophie … théâtrale de l’Actor’s Studio et donc aux méthodes de Lee Strasberg.

Résultat, les experts en décryptage d’expressions visuelles ont réalisé qu’Harris rythmait les propos de Trump avec un sourire ici, là une moue ou encore un étonnement marqué par ces saillies qui mettent en relief le dégoût. Ce fut notamment le cas lors de l’échange sur l’avortement.

Sur ce sujet, Trump a signé un commentaire propre à susciter en effet le plus profond mépris. Selon ce Docteur Folamour de la politique américaine, certains États gouvernés par des démocrates permettent l’avortement après la naissance de bébés.

Après avoir exprimé son dégoût par visage interposé lors du délire trumpien, Harris a fait ce qu’elle a fait tout au long du débat : déconstruire le propos de Trump en s’appuyant sur les vérités avant de prendre de la hauteur. En clair, en exposant ses propositions si elle s’installe à la Maison-Blanche en janvier prochain.

Ce qu’elle a fait sur l’avortement, elle l’a fait sur l’immigration en rappelant par exemple que ce sont les élus républicains du Congrès qui ont torpillé le projet de loi plus sévère que Biden avait présenté. Sur l’Ukraine elle a démonté la prétention de Trump, voire sa vanité si prononcée qu’il a osé avancer que connaissant bien Poutine il réglerait le dossier en 24 heures.

À quoi, même Muir, étonné par une telle affirmation, s’est immiscé dans cet échange en demandant à Trump s’il souhaitait la victoire de l’Ukraine. Réalisant qu’il s’était piégé lui-même, le candidat n’a pas voulu répondre à cette question d’autant plus importante qu’advenant une victoire de Poutine, d’embrayer Harris, celui-ci visera la Pologne après coup. Et plus tard …

Sur l’Afghanistan, sur le conflit entre Israéliens et Palestiniens, sur tous les autres sujets dont les armes à feu mais à l’exception de certains aspects économiques, on pense à l’énergie, Trump s’est mélangé les pinceaux alors que Kamala Harris a toujours pris de la hauteur. Et ce, en insistant sur ce qui fait la faiblesse de son adversaire, soit une vanité, on le répète, si trempée qu’il s’avère un homme épris de la flatterie. Et seulement elle. Comme l’avait confié en son temps, le démocrate Adlai Stevenson : « La flatterie c’est excellent si vous n’avalez pas la fumée. »

Dans l’heure qui a suivi le débat, la chanteuse Taylor Swift devait asséner le coup de grâce en soulignant qu’elle soutient Kamala Harris. Swift, on le rappelle, compte plus de 283 millions d’abonnés à son compte Instagram.

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