À propos de l'auteur : Serge Truffaut

Catégories : International

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Capture d’écran

Kamala Harris s’entretenant au téléphone le vendredi 26 juillet avec Barack Obama et Michelle Obama. L’ex-président et l’ancienne première dame lui ont donné leur appui officiel pour l’élection du 5 novembre.

Serge Truffaut

Dans l’oreille d’un journaliste du New York Times, Robby Mook, directeur de la campagne d’Hillary Clinton en 2016, a confié son admiration pour le travail effectué par Kamala Harris dans les heures suivant le retrait de Joe Biden en qualifiant ces dernières: « Un 48 heures parfait. » Déclinons celles-ci.

Au milieu de la matinée du 21 juillet, et non au petit matin, Biden informa donc Harris qu’il annoncerait son abandon au début de l’après-midi. Illico, la vice-présidente a commandé le rappel de ses proches collaborateurs à l’Observatoire de la Marine, sa résidence officielle. Avant que Biden révèle sa décision, les uns et les autres se sont appliqués à fixer les gestes à poser et surtout, vu les circonstances, à les hiérarchiser.

À 13h 46, Biden rendait publique une lettre stipulant qu’il n’est plus candidat au renouvellement de son mandat. Mais dans la lettre en question, c’est à retenir, Biden ne disait pas s’il soutiendra ou pas sa vice-présidente. Constatant évidemment cette absence, Harris s’est employée à rejoindre des poids-lourds du parti, ses dirigeants comme des élus, pour obtenir leur appui. L’objectif ? Étouffer au maximum et rapidement le nombre de prétendants.

À 14h 13, dans un texto publié par X, Biden révèlait sa préférence pour Kamala Harris à tout autre candidat. De fait, le président permettait officiellement à l’équipe de sa vice-présidente d’amorcer toutes les démarches qui, une fois achevées, se traduiront par le transfert des fonds dans sa caisse électorale mais aussi du contingent qui travaillait jusque-là à la réélection de Biden, soit 1300 personnes.

À 16h 48, selon le New York Times, la Federal Election Commission avalisait la démarche de l’équipe Harris. Résultat immédiat : 96 millions$ prenaient la direction de son coffre.

Lendemain de veille

La rapidité avec laquelle Harris a formé son état-major comme son équipe électorale — les 1300 personnes —, en plus de doter son trésor de guerre d’environ 100 millions, sans compter les promesses publiques de donateurs non encore comptabilisées car non encore formalisées, a injecté une forte dose d’énergie et de vigueur dans le camp démocrate. Ce qui faisait particulièrement défaut à Biden.

Lorsqu’à cette équipe et au financement, on ajoute les conséquences de la croisade menée par Harris et ses proches auprès des personnalités démocrates et des délégués, on constate un résultat très étonnant : à la mi-journée du 22 juillet, on apprenait qu’Harris disposera d’une majorité de délégués, à moins d’un accident de parcours, lors de la convention démocrate qui se tiendra fin août à Chicago. CQFD : les possibles concurrents vont y penser à deux fois.

D’autant, qu’outre les délégués, dans les heures qui ont suivi l’annonce de Biden, Harris a obtenu l’appui officiel de poids-lourds démocrates comme les Clinton, des sénateurs, des gouverneurs ou encore Howard Dean, ex-candidat et ex-président du Democratic National Committee, qui affirmera publiquement avoir été très impressionné par  « l’orchestration rapide et bien menée d’une cascade »` de faits. À ces noms il faut ajouter celui considéré comme une possible favorite : Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan.

Au lendemain du lendemain, le sénateur Chuck Schumer, patron des élus de la Chambre haute, et Hakeem Jeffries, patron des élus de la Chambre des représentants (le speaker), divulguaient leurs appuis à Harris. À quoi il faut ajouter celui du populaire sénateur du Vermont Bernie Sanders.

Plus tard dans la semaine, Barack Obama finissait par dire lui aussi son appui à Harris. Si à la différence de bien des poids-lourds du parti, dont les Clinton, celui-ci a attendu plusieurs jours, c’est pour une raison bien simple : ayant décidé au lendemain de son départ de la Maison-Blanche en 2017 qu’il camperait le rôle de vieux sage il ne prendrait jamais parti pour l’un contre l’autre. Là, tous les possibles concurrents majeurs à Harris s’étant désistés, il a pu se prononcer en toute tranquillité.

Le financement de la campagne ? Selon les calculs de Open Secrets – Center for Responsive Politics, entre les 96 millions$ hérités le 21 juillet et les 100 millions récoltés jusqu’au 25 juillet, Harris a doublé le montant total. Une réalité qui inquiète passablement les républicains.

Trump et ses acolytes

Dans la journée du 22 juillet, forte des bons résultats obtenus jusqu’alors sur le front des appuis et du financement, Harris dévoilait son principal angle d’attaque. Lors d’un discours à Milwaukee, après avoir rappelé qu’en tant que procureure générale de Californie elle avait combattu différents types de criminels, elle connaît bien la mentalité, la personnalité de ces derniers. Et…

Et comme Trump a été reconnu coupable par le tribunal de Manhattan, et comme il est sous le coup d’autres poursuites, son combat, de marteler Harris, sera celui du « procureur », du justicier, « contre le criminel ». Si on fait abstraction des réactions hystériques des proches collaborateurs de Trump, on observe que du côté des professionnels républicains de la politique cet angle d’attaque inquiète passablement.

D’autant qu’il a d’ores et déjà convaincu un nombre imposant d’indécis qui, soit dit en passant, avait atteint un niveau record avant le désistement de Biden de se rapprocher du camp démocrate. À cela, il faut ajouter un autre record, soit celui des jeunes qui se sont inscrits sur les listes électorales.

Quoi d’autre ? L’attente. De quoi ? Du possible vice-président choisi. Pour des questions de géographie électorale, il ne serait pas étonnant que le choix final se fasse entre Josh Shapiro, gouverneur de Pennsylvanie, et Mark Kelly, sénateur de l’Arizona, l’ancien astronaute et mari de la représentante Gabby Giffords, victime d’un attentat l’ayant paralysée.

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