Lorsque le destin du bipède qui n’est pas né avec une cuillère d’argent entre les dents est heurté par le feuilleton des adversités, et qu’il faut dépeindre le destin en question, on a souvent recours à l’expression: c’est à pas de chance! Dans l’histoire du « plus meilleur jazz du monde », le trompettiste Howard McGhee résume cet état de la carrière meurtrie plus qu’aucun autre artisan des trois pistons.
Le trompettiste Chet Baker est mort le 13 mai 1988 à Amsterdam. Il avait 58 ans. Au petit matin, un passant avait aperçu son corps au pied d’un hôtel de la ville où il se produisait souvent. Cette mise entre parenthèses définitive ainsi que son lieu ne résume pas, mais symbolise l’aventure musicale de celui qu’on surnomma des années auparavant le James Dean du jazz. Ce qu’il détesta profondément.
De Rémi Bolduc, saxophoniste alto, on a toujours apprécié son souci appuyé pour la constance. « De-que-cé de la constance de quoi, par rapport à quoi ? », se demandera le vieux La Palice, trouble-fête en chef . Chez lui ou en lui, c’est au choix, la constance s’est toujours conjuguée avec l’exigence. Par rapport à lui, à son art, et bien évidemment par rapport à ses accompagnateurs.
Ah, la distribution! Quel capharnaüm! Prenez le disque dit le CD dit le ‘record’. Un jour, on le voit, il est là, mis en vente. Le lendemain et les mois qui suivent, il a disparu. Mais bon, comme le hasard fait bien les choses, enseigne la sagesse dite populaire, voilà que parfois il réapparaît au catalogue d’Amazon, Delmark, Discogs et autres agents de la circulation musicale.
Oh la la, comme le chantaient des rigolos britanniques dans les années 70. Oui « oh-machin-truc» , car nous voilà dans l’obligation d’en rajouter une couche. À quoi ? Au génie. Si l’usage de ce mot ne se conjuguait pas de nos jours avec l’inflation, nous n’aurions pas besoin de greffer au qualificatif en question une précision.
On est content. « De-que-cé qu’elle est bonne la niouse ? » Pour Corey Weeds, on est content car une de ses toutes récentes productions a été classée parmi les cinq meilleures de l’année selon les magazines Down Beat et JazzTimes. Il s’agit de Valse sinistre par le batteur Billy Drummond et son groupe Freedom of Ideas publié par Cellar Live, l’étiquette fondée par Weeds.
Le vieux nous gâte. Et pas à peu près, pour reprendre une formule chère aux antiquaires de la langue. Voilà que le vieux qui est en fait très vieux puisqu’il affiche 98 ans, dont plusieurs de ces ans perdus sur les fronts divers de la Deuxième Guerre mondiale, propose depuis peu un coup double. Lequel ? Patience !
Oui madame, oui môssieu, nous sommes propriétaires de quelque chose, on ne sait comment dire, de très rare. De-que-cé? Une confidence. Avouez que ce n’est pas donné à tout un chacun d’être actionnaire exclusif d’une confidence. Vous n’avouez pas ? No problema.
Lorsqu’on suit le fil de la logique, le dé à coudre aidant sans l’usage de la redoutable aiguille, on finit par lire immanquablement le résumé suivant: il y eut tout d’abord Oscar Peterson, puis Oliver Jones et, ces jours-ci, Taurey Butler. Pianiste au jeu aussi puissant et dense que ses aînés, le sieur Butler propose un nouvel album en trio intitulé One of The Others sur l’étiquette montréalaise Justin Time.
À Chicago, le jazz se joue encore et toujours le poing levé. La ville demeure en effet le chef lieu des contestataires qui y sont nés ou qui s’y sont installés. En d’autres mots, dans la ville des vents on souffle et on cisèle les notes qui font écho aux luttes syndicales, ici aussi intenses qu’à Detroit et davantage qu’à New York, et aux combats pour les droits civiques. Si les Black Panthers furent fondés en 1966 à Oakland, c’est à Chicago qu’ils installèrent leur siège social.