Le Québec et le Canada n’ont pas échappé à la vague populiste qui a traversé la plupart des démocraties libérales au cours des dernières décennies. La méfiance envers les élites dirigeantes jugées corrompues et la promesse d’une reprise du pouvoir par le peuple ont trouvé ici comme ailleurs un terreau fertile. Mais le discours est ici plus nuancé, moins dans les extrêmes qu’aux États-Unis, au Brésil, en Hongrie ou en France où les Donald Trump, Jair Bolsonaro, Viktor Orbán, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon naviguent dans des registres plus radicaux. Il n’y a pas de parti d’extrême droite ou d’extrême gauche au Canada.
On exige toujours plus de l’État. Le vieillissement de la population, les changements climatiques, les élèves en difficulté, le logement abordable, les transports collectifs, l’entretien de nos infrastructures délabrées ou la sécurité des citoyens et des frontières: tout cela sollicite davantage le Trésor public. Le déficit anticipé de Québec est de l’ordre de 10 milliards, celui d’Ottawa, quatre fois plus, pour l’année en cours. Québec ne veut augmenter ni taxes, ni impôts, sans pour autant recourir à l’austérité, mais la faible croissance prévue ne peut combler l’écart à elle seule. Que faire?
C’est écrit tel quel dans les documents de la FAE : « Nous incarnons un syndicalisme plus militant et plus combatif. » La Fédération autonome de l’enseignement s’est jointe en avril à la Commission scolaire English Montreal et au Conseil national des musulmans canadiens pour contester devant la Cour suprême du Canada la loi 21 sur (contre) des signes religieux dans des services publics. Soit.
La remontée quasi miraculeuse du Parti québécois dans les sondages ranime malgré lui la frousse de l’indépendance, parmi les créanciers présents et futurs de la province.
La prime qu’ils exigent pour les rassurer reste un sujet tabou. On ne la mentionne pas explicitement, mais des acteurs du marché obligataire observent que Québec consent ces jours-ci un écart de crédit de un à deux points pour mettre la main sur leurs millions. Cet argent sert à (re)financer la dette nette de plus de 220 milliards et le nouveau déficit annoncé de quelque 11 milliards, pour l’exercice en cours.
C’est ce qu’a appris En Retrait par suite d’une indiscrétion d’un joueur très actif sur le marché obligataire.
Au Québec, 61 % des répondants à un sondage Léger pensent que le Canada accueille trop d’immigrants. 65 % des Français souhaitent, pour l’ensemble du territoire français, l’abolition du droit du sol, le droit pour toute personne née en France de devenir automatiquement citoyen. Des deux côtés de l’Atlantique, les immigrants servent de boucs émissaires aux angoisses identitaires des nations, mais aussi à la détérioration des services de l’État, sécurité publique, crise du logement, santé, éducation.
La pénurie de logements abordables et sociaux s’étire depuis des années partout au Québec, au point d’avoir engendré celle de l’itinérance.
Les causes sont multiples: abandon du soutien financier au logement social par Ottawa au siècle dernier, laisser-faire de Québec, hausses des coûts de construction, pénuries de main-d’oeuvre, locations à court terme, spéculation tout azimut et incapacité du marché d’assurer tout seul le droit fondamental à pouvoir se loger selon ses moyens.
Il y a enfin le contrat de travail spécifique au Québec qui freine la mobilité de la main-d’oeuvre, nourrit le corporatisme professionnel, stimule la concurrence intersyndicale et empoisonne souvent la vie sur les chantiers.
Immigration. Le mot est sur toutes les lèvres. C’est la question de l’heure un peu partout en Europe, aux États-Unis, au Canada et au Québec bien sûr, bref là où le niveau de vie fait l’envie des millions de déshérités et de gens aux horizons bouchés qui aspirent à un avenir meilleur pour eux et pour leurs enfants.
C’est dans une ambiance délétère que l’Assemblée nationale du Québec a mis fin à ses travaux en ce mois de décembre, avec en toile de fond le plus vaste mouvement de débrayage des employés du secteur public qu’ait connu le Québec depuis les années 1970.
Manifestations et piquets de grève dressés devant les écoles et les hôpitaux viennent renforcer l’impression générale que rien ne va plus. Le Québec est sens dessus dessous, l’État quasi paralysé dans ses grandes missions.
Ce n’est pas parce que presque tous les chroniqueurs l’ont dit ou écrit que c’est faux : oui, le gouvernement Legault a eu un automne misérable. Et personne d’autre que son chef à blâmer. Quoique ... Ce n’est pas parce que presque tous les chroniqueurs l’ont dit ou écrit que c’est vrai : non, le gouvernement Legault n’est pas menacé.
Soixante ans après la création du ministère de l’Éducation du Québec et plus d’un demi-siècle après le déploiement du réseau de l’Université du Québec (UQ), où en sommes-nous au chapitre de l’accès à l’enseignement supérieur dans une province qui accuse un retard historique en cette matière ?