La Cible. Le titre est violent. Démesuré pour une simple affaire journalistique? Il faut connaître la fin de l’histoire pour en juger. Le 6 décembre 2016, le Dr Alain Sirard se suicide, trois ans après la diffusion d’un reportage à la télévision nationale qui prétendait décrire son acharnement à vouloir démontrer la maltraitance chez des parents dans sa pratique à l’hôpital Sainte-Justine. Le livre du professeur Marc-François Bernier est une leçon de journalisme incontournable.
La radio de Radio-Canada fait trop souvent mal aux oreilles. Ça la fout mal puisque c’est par là qu’on l’écoute. Un des plus sanglants massacre de la langue française à la radio publique a déjà été rapporté par l’auteur de ces lignes : une chroniqueure/chroniqueuse culturelle avait relaté le congédiement du bassiste d’un groupe populaire. Le pauvre type avait été « kické out de son band ».
«Vous pouvez dire ce que vous voulez de Biden : il nous a au moins permis de passer des jours entiers sans qu’on pense à lui. » *
Il s’agit d’un extrait d’un des vingt-quatre articles publiés par The Atlantic dans son numéro de janvier-février : Si Trump gagne.
Le quatrième pouvoir a du plomb dans l’aile. Les médias d’information, considérés comme des piliers de la vie démocratique, n’ont plus les moyens de jouer leur rôle de chien de garde, privés de la majeure partie des revenus de la publicité dont profitent désormais les géants du numérique Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM).
Il y a des mots pipés, à prendre avec des pincettes ou à jeter aux orties. Terrorisme fait partie du lot. Dans la couverture du massacre du 7 octobre et de la guerre à Gaza, l’Agence France-Presse marche sur des œufs et refuse de coller au Hamas les dix lettres qui déchaînent passion et colère. Résultat : l’AFP est dans un champ de mines lexical.
Est-ce à cause de la brise vivifiante qui a soufflé sur la Gaspésie au printemps ? Le premier Festival international de journalisme de Carleton-sur-mer (FIJC) a donné lieu à des discussions intéressantes et animées, rarement moroses malgré les difficultés que la profession connaît depuis des années.
Les organisateurs, les participants et le public semblaient heureux du succès de l’évènement qui s’est déroulé du 19 au 21 mai et prêts à répéter l’expérience. Les difficultés dont on parle, la « crise » comme on l’appelle parfois, ont bien évidemment été discutés lors de cet évènement qui se voulait « un forum citoyen, ouvert sur le monde, convivial, sur la pratique du journalisme ».
D’éminents représentants de La Presse et de À Bâbord se sont récemment publiquement coltaillés. Tout en parlant de deux sortes différentes de journalisme, ils ont déclaré défendre le journalisme. L’enjeu annoncé est la démarcation entre le journalisme et le militantisme.
Dans leurs bulles médiatiques, ils sont prisonniers de leurs certitudes. De leurs convictions. De leurs dogmes. Les réponses recherchées à la complexité du monde sont rapides et surtout simples. Sur les réseaux sociaux, le populisme numérique, de droite comme de gauche, triomphe avec ses « sans voix » et ses « informations ».
Sale temps pour la liberté de presse. Fin juin 2022, dans une décision controversée, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) blâme Radio-Canada et lui ordonne de présenter des excuses publiques pour avoir prononcé en ondes « le mot commençant par la lettre n » en citant le titre du livre de Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique, et en parlant du contexte des luttes politiques et sociales de l’époque de sa parution en 1968.
Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai rappelle tous les ans depuis 1993 aux gouvernements leur devoir. Lequel ? Respecter et faire respecter le droit de la liberté d'expression. Elle bat de l’aile dans un pays, en plein cœur de l’Europe.