• Au moment où vous lisez ces lignes, vous êtes déjà sans doute beaucoup plus étourdi encore que moi quand je les écris. Jour après jour depuis le 21 janvier, le président  Donald Trump multiplie annonces, déclarations, décrets, intimidations, menaces, mensonges  et … changements de cap impromptus qui n’ont pour seuls résultats ou objectifs que de mettre le Canada sur le qui-vive, de propager le chaos, tant chez nous qu’à l’étranger et qu’au sein même des États-Unis.

  • Les foules huent l’hymne américain lors de joutes de hockey à Montréal, Ottawa et Vancouver, de basket-ball à Toronto. En Ontario, un fromager canadien, Black Diamond, déploie des affiches arborant le slogan « Fait avec 0 % de fromage américain ». Tandis qu’au Québec, la bière Boréal défie les USA avec le slogan « Je bois local mon Donald ». Entretemps, le géant américain de l’alimentation Heinz fait passer de la publicité à la télé informant le public anglophone que les tomates de son ketchup sont à 100 % canadiennes. Entre Canadiens et Américains, le courant ne passe plus.

  • Dès son élection en novembre, Donald Trump a semé l’émoi parmi les rangs canadiens. Le premier ministre ontarien Doug Ford a immédiatement proposé de ne plus inviter le Mexique à la table, pays qu’il a traité avec mépris, même si c’est un membre à part entière de l’Accord Canada États-Unis Mexique (ACEUM). Heureusement, la nouvelle présidente Claudia Sheinbaum a poliment mais fermement remis le malotru à sa place. Elle a rappelé que le Mexique avait insisté pour que le Canada fasse partie du nouvel accord alors que les États-Unis et le Mexique avaient complété leur négociation.

  • Au départ, la fermeture sauvage des sept entrepôts d’Amazon du Québec n’a pas troublé outre mesure le Premier ministre François Legault, qui s’est contenté de dire « j’ai une pensée pour les travailleurs ». 1903 licenciés, plus 2640 autres chez les sous-traitants. Ce qui contraste avec la réaction du ministre fédéral de l’Industrie François-Philippe Champagne qui a promis de réviser les « relations d’affaires » du Canada avec cette firme.

  • Quand les libéraux de Justin Trudeau sont arrivés au pouvoir, ils ont trouvé des finances publiques en bon ordre. Le dernier budget du gouvernement de Stephen Harper, présenté par Joe Oliver le 21 avril 2015, avait prévu un retour à l’équilibre budgétaire durant l’exercice 2015-2016. Un an après, le premier budget du ministre libéral Bill Morneau a misé sur un déficit de 29,43 milliards, suivis de manques à gagner pour les quatre années suivantes.

  • Si tout le monde s’entend pour dire que l’économie n’a jamais été au centre des politiques de Justin Trudeau, il faut lui reconnaître quelques initiatives heureuses et … un angle mort qui va donner du fil à retordre à la personne qui lui succédera. La création de la Banque de l’infrastructure, dotée d’un capital initial de 35 milliards, aura permis de moderniser entre autres choses les réseaux de transport en commun.

  • Le poids de la dette publique du Québec est à nouveau plus lourd que celui de l’Ontario, à cause de la piètre gestion budgétaire du gouvernement caquiste. Un malheur n’arrivant jamais seul, il en coûte désormais plus cher au Québec qu’à l’Ontario pour financer ses emprunts. Les mises à jour économiques automnales ont révélé un état de santé des finances publiques bien différent dans les deux provinces.

  • L’électorat américain s’est comporté davantage en consommateur qu’en citoyen, le 5 novembre. Il a pourtant misé sur un ancien président qui a affiché le pire bilan économique depuis Jimmy Carter. L’ex-président démocrate Bill Clinton avait lancé une bombe lors de la Convention démocrate, à la fin d’août. Depuis 1989, les États-Unis se sont enrichis de 51 millions d’emplois. Or, du nombre, 50 millions ont été ajoutés durant des présidences démocrates.

  • Règle générale, on associe le libre échange à l’élimination de barrières tarifaires et non tarifaires et surtout à la croissance économique. Dans la montée actuelle de protectionnismes en tout genre à travers le monde et de la part des États-Unis en particulier, le Canada doit à tout prix maintenir, à défaut d’élargir, son principal traité commercial, l’Accord Canada États-Unis Mexique (ACEUM), en vigueur depuis le 1er juillet 2020.

  • Après presque un demi-siècle de mondialisation libérale, marquée par moult traités de libre-échange, par le non-interventionnisme étatique dans les marchés et par le diktat du capital financier, on assiste au retour en grâce du protectionnisme et à son arrière-goût amer. Ses ténors sont les mêmes qui, hier encore, vantaient haut et fort les vertus du commerce sans frontières.