Certains esprits chagrins, pourront penser qu’il faut qu’un journaliste ait l’esprit passablement tordu pour laisser croire au lecteur qu’il publie une enquête journalistique déguisée en roman épistolaire alors qu’au fil de la lecture on se rend compte qu’il s’agit d’un roman déguisé en enquête journalistique. De plus, quand, progressant dans l’ouvrage, on réalise que le cœur du roman est constitué d’éléments de la réalité d’importance majeure, issus d’une très sérieuse recherche historico-journalistique, on peut rester un tantinet perplexe. Le contraste entre la désinvolture de la forme et le sérieux du propos est pour le moins déstabilisant.
Il arrive qu’on confonde intelligence et connaissance, la première étant davantage de savoir utiliser la seconde pour évoluer, s’adapter et créer de toutes pièces de nouvelles connaissances, pour la postérité. Eugène Leclerc, dans ce que l’espèce humaine a développé de plus remarquable, la technique, est un merveilleux exemple de cette intelligence qui, sans qu’il le cherche, est devenue art, grand art. Un savoir-faire que son petit-fils Luc perpétue aujourd’hui.
Ça revient périodiquement, notre langue est une des plus grandes du monde, ce serait même la cinquième, 88 pays, 300 millions de francophones, répartis sur cinq continents, etc. Toutes ces affirmations, régulièrement régurgitées par les politiciens et les médias, proviennent de la très officielle Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dont le Canada, le Québec et le Nouveau-Brunswick sont membres.
Notre poète national, allait naître, rue Lagauchetière, à Montréal, en la veille de Noël, le 24 décembre 1879, issu d’un père irlandais, peu sensible à la langue et à la culture canadienne-française. C’est pourtant à Rimouski, dans le Bas Saint-Laurent, en la cathédrale, que David Nelligan épousa Émilie-Amanda Hudon, fille du premier maire de la ville: sensible, intelligente, musicienne, Émile portera en filigrane, en ses gênes, les qualités essentielles qui firent de lui un poète; et dont la carrière fut tragiquement écourtée par un père castrant, inspecteur des Postes, par sa fonction; ce qui, d’ailleurs, l’éloignait fréquemment de la maison.
Il en va des langues comme des espèces, il leur arrive parfois de disparaître. Ainsi, au début du XXe siècle, la langue maternelle de la plupart des Français n’était pas le français, mais plutôt leurs langues régionales. Puis, à partir des années soixante, de plus en plus de parents ont cessé de les transmettre à leurs enfants. L’hécatombe est générale. En 1900 95 % des Alsaciens se déclaraient dialectophones, en 1997, 63 % et en 2012 43 %.
Attendu que la question se pose, chaque fois que nous avons la tentation d’interroger l’Histoire. Et il est vrai que, de nos jours, on décline rarement Pierre de Ronsard (1524-1585) et sa fameuse Mignonne: «Allons voir si la rose / Qui ce matin avait déclose / Sa robe de pourpre au soleil / A point perdue ceste vesprée / Les plis de sa robe pourprée / Et son teint au vostre pareil.»La question, bien sûr, se pose naturellement au registre de la Francophonie, plutôt malmenée - pour l’heure - en l’Hexagone.
Le tableau préféré de Marie-Anastasie qu'elle aurait souhaité voir suspendu au-dessus de sa dépouille, lors de son décès survenu le 14 octobre 1989 : il faisait beau comme un jour d'été ! Le voeu, le souhait n'a guère trouvé audience auprès de ses soeurs, portées sur la réserve.
Quoi de mieux, en guise d’évocation, que l’irremplaçable souvenir qui demeure. Car enfin, tout allait s’amorcer par un monument, dont l’inauguration fit débat : premier hommage public jamais rendu à Louis Hémon, une stèle fut offerte par les membres de la Société des Arts, Sciences et Lettres, de Québec,en 1919, à peine six ans après la disparition tragique de son auteur. Coût réel de l’entreprise : 800 $. Mais enfin, que dire de l’homme, qui n’ait encore jamais été livré ?