On parle volontiers de demi-siècles, mais on se réfère rarement aux quarts de siècles. Pourtant ce premier quart du vingt et unième siècle est sur le point d’avoir vécu. Il aura connu : les attentats du World Trade Center, une brusque résurgence de l’affrontement entre l’Occident et une Russie cette fois activement appuyée par une Chine riche et puissante, une pandémie qui a mis le monde à l’arrêt pendant presque deux ans. Une agression armée qui se transforme en guerre en Ukraine et implique l’Occident par le jeu des alliances.
Dans un effort concerté, les banquiers centraux ont fait grimper en chandelle les taux d’intérêt afin de repousser les assauts inflationnistes qui ont suivi la récession liée à la pandémie de Covid 19. L’offensive a fait mal à un peu tout le monde, mais la montée des prix a été freinée, tout en demeurant tenace, voire coriace dans quelques pays. Mince consolation pour les emprunteurs, le loyer de l’argent va dégonfler un tantinet.
Les élections récentes - et peut-être en sera-t-il ainsi lors des prochaines, aux États-Unis par exemple - dans les pays démocratiques indiquent une volonté de changement, née la plupart du temps d’un ras-le-bol à l’égard des gouvernements sortants. Changement pour le changement ? Il y a peut-être un peu de cela, mais ce serait un peu court, pour ne pas dire démagogique, de prétendre que « le problème c’est le système ». Prenons le cas du Royaume-Uni, où le Parti conservateur (on dit aussi les tories) s’est effondré après 14 ans au pouvoir et où les travaillistes (le Labour Party) ont réussi un retour qu’on a qualifié de « spectaculaire » même s’il était prévisible depuis des mois, voire des années.
Lâchera-t-il ? Restera-t-il ? Devrait-il lâcher ? Devrait-il rester ? Tout a été dit et écrit sur la candidature de Joe Biden. Tout et son contraire. Ou presque …
Fracturés politiquement, les États-Unis le seront encore plus avec la décision le 1er juillet de la Cour suprême, à majorité conservatrice, d’accorder une immunité partielle à Donald Trump concernant son procès fédéral pour tentative d’inverser illégalement les résultats de l’élection de 2020. Pour la juge dissidente Sonia Sotomayor, cette décision fera d’un président « un roi au-dessus des lois ». Elle est loin d’être la seule à s’inquiéter pour la démocratie américaine minée par l’hyper-partisanerie.
Les combats qui sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis deux ans et qui ont redoublé d’intensité au cours des derniers mois ont forcé plus d'un million de civils à fuir, portant à 5,7 millions le nombre de personnes déplacées dans ce pays.
La loi d’amnistie des indépendantistes catalans a beau avoir été adoptée le 30 mai dernier, de nombreux juges espagnols continuent de multiplier les procédures pour empêcher la levée des mandats d’arrêt contre les exilés et l’annulation des condamnations contre les autres. Le sort de 486 personnes est en jeu. Même s’il est à nouveau député régional et s’il brigue la présidence du gouvernement de Barcelone, l’ancien président catalan Carles Puigdemont n’est pas près de rentrer librement dans son pays.
Les Français qui se plaisent à ridiculiser leurs dirigeants en les affublant de sobriquets divers, surnomment volontiers le président Macron Jupiter. Un Jupiter maître de l’Olympe, qui se veut à bonne distance des mortels et laisse libre cours à son caractère autoritaire et ombrageux. Dimanche 9 juin au soir, c’est effectivement d’un coup de tonnerre digne des foudres du dieu grec qu’il a traumatisé politiciens, observateurs et électeurs de son pays.
Comme jadis les communistes orphelins de leur patrie du socialisme, le Parti québécois va devoir faire son deuil des modèles européens de voie à l’indépendance. En mars 2023, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon se rangeait encore derrière la démarche des indépendantistes écossais. « On s’inspire beaucoup de Scotland’s Future, des documents produits en 2014 et renouvelés par la suite en 2022 avec Building a new Scotland. Ce sont des cahiers accessibles à la population qui répondent en termes simples sur l’intérêt du projet d’indépendance et sur l’après-indépendance »[1]. Ces phrases, PSPP n’oserait probablement plus les prononcer un an plus tard alors que le nouveau premier ministre indépendantiste de l’Écosse, John Swinney, ne parle plus, contrairement à ses prédécesseurs Nicola Sturgeon et Humza Yousaf, de transformer le prochain scrutin national en élection référendaire.
L’Histoire suggère qu’il faudra un jour reconstruire la bande de Gaza. C’est ce qu’on a fait à Berlin, à Varsovie, à Tokyo, à Hiroshima, à Grosny. Un jour, l’enclave de 365 kilomètres carrés redeviendra peut-être habitable … Mais quand, comment, à quel prix ce travail sera-t-il réalisé ?