Montée du populisme : la dynamique canadienne
Le Québec et le Canada n’ont pas échappé à la vague populiste qui a traversé la plupart des démocraties libérales au cours des dernières décennies. La méfiance envers les élites dirigeantes jugées corrompues et la promesse d’une reprise du pouvoir par le peuple ont trouvé ici comme ailleurs un terreau fertile. Mais le discours est ici plus nuancé, moins dans les extrêmes qu’aux États-Unis, au Brésil, en Hongrie ou en France où les Donald Trump, Jair Bolsonaro, Viktor Orbán, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon naviguent dans des registres plus radicaux. Il n’y a pas de parti d’extrême droite ou d’extrême gauche au Canada.
Le mot en P… pour tourisme
On évoque souvent la notion de « démocratisation » du tourisme par laquelle le voyage, non plus réservé à une élite richissime et privilégiée comme ce le fut longtemps, est maintenant enveloppé d’une aura d’accessibilité tous azimuts pour l’ensemble du peuple. À tel point que des humanistes comme le psychologue Maslow s’accordent pour le placer au rang de besoin dans la pyramide des satisfactions chez l’humain. L’offre s’étant ainsi multipliée devant la demande pressante des clientèles, une concurrence féroce s’est installée, avec comme résultats une poussée des tarifs vers le bas et, du même coup, une explosion des services proposés. Un passeport pour le plus grand nombre. Extrapolons vers une sorte de populisme dictant la crainte d’une invasion de son espace vital, voire la menace de « l’autre ».
Taxer, c’est gouverner
On exige toujours plus de l’État. Le vieillissement de la population, les changements climatiques, les élèves en difficulté, le logement abordable, les transports collectifs, l’entretien de nos infrastructures délabrées ou la sécurité des citoyens et des frontières: tout cela sollicite davantage le Trésor public. Le déficit anticipé de Québec est de l’ordre de 10 milliards, celui d’Ottawa, quatre fois plus, pour l’année en cours. Québec ne veut augmenter ni taxes, ni impôts, sans pour autant recourir à l’austérité, mais la faible croissance prévue ne peut combler l’écart à elle seule. Que faire?
Souvenirs d’Israël
Tous les journalistes, qu’ils l’avouent ou non, ont une grille d’analyse personnelle, fruit de leur expérience et de leur histoire. Il n’existe aucun œil pur qui puisse analyser « objectivement » les attaques terroristes contre Israël en octobre dernier ni les souffrances des 2,4 millions de Palestiniens parqués dans les ruines du ghetto de Gaza. Le choix de ce qui constitue ou non un fait digne de mention est déjà un a priori. Je ressens donc aujourd’hui le besoin de déclarer ma propre lorgnette à la douane médiatique.
Vous avez dit ligne rouge ?
C’est sans doute la métaphore la plus utilisée en relations internationales. On la doit à Calouste Gulbenkian. Sur une carte, avec un crayon rouge, le milliardaire arménien traça sans la moindre hésitation la zone exclusive d’exploitation pétrolière dans les pays arabes du défunt Empire ottoman. C’était le 31 juillet 1928. La « red line agreement » entra rapidement dans la diplomatie mondiale.
Le front (voilé) de la FAE
C’est écrit tel quel dans les documents de la FAE : « Nous incarnons un syndicalisme plus militant et plus combatif. » La Fédération autonome de l’enseignement s’est jointe en avril à la Commission scolaire English Montreal et au Conseil national des musulmans canadiens pour contester devant la Cour suprême du Canada la loi 21 sur (contre) des signes religieux dans des services publics. Soit.
Éclipse scolaire et l’ombre d’un doute
L’éclipse totale qui a parcouru le Québec le 8 avril dernier devait être une fête absolue. Certes, elle fut une occasion unique de partager entre amis, collègues, familles, une expérience éblouissante de rencontre astronomique. Elle a toutefois été précédée d’un vif débat sur le risque, ou l’occasion à saisir, d’une activité scientifique pour les élèves. En tout état de cause, nous avons eu droit à un dialogue de sourds.
La multiplication de la division
Il y a trop de raisons de s’inquiéter de l’avenir des États-Unis d’Amérique ; il ne faut pas rajouter celle de la « division » décriée et condamnée de toutes parts. Y inclus, au premier chef, par ceux qui la fomentent. Il est étonnant d’avoir à rappeler aux tenants de cette thèse d’épouvante que le contraire de la division, c’est l’unanimité. Il faudrait donc que tout le monde vote du bon bord pour ne pas fragiliser l’âme nationale. Ou, ô combien plus efficace, truquer les élections comme tant et tant de dirigeants le font pour étaler l’harmonie populaire.
La photographie du mois (Mai 2024)
Lima, Pérou, mars 2013. Extrait de la série The Commuters, exposée au festival CONTACT Toronto en 2014 conjointement avec Michel Huneault. La série explore les relations et l'intimité entre les voyageurs quotidiens dans diverses villes du monde : Lima, Londres, La Paz, Odessa et La Havane. À travers ces photographies un lien et des récits se créent entre inconnus, questionnant la frontière entre sphères privées et publiques. Créé en 1997, le festival photographique de la Ville-Reine se veut tous les mois de mai un regard à la fois critique et créatif sur les événements sociaux, culturels et politiques de notre époque.
Lloyd: entre raffinement et recueillement
Il y a longtemps, le saxophoniste et compositeur Charles Lloyd était grand. Longtemps, mais encore demandera-t-on ? Depuis les années 60 et plus précisément depuis la publication de l’album Forest Flower. Depuis ce temps lointain, il est resté grand. Avec Sonny Rollins, Benny Golson et Roscoe Mitchell il est membre de la bande des vieux grands. John Zorn, Steve Coleman? Ils sont plus jeunes.
L’apocalypse en temps réel … ou presque
Même si les rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat se suivent et deviennent de plus en plus alarmants, les gouvernements du monde avancent à pas de tortue devant les bouleversements climatiques qui affligent la planète, on le sait. Partout on piétine en invoquant les impératifs économiques ou la sécurité énergétique plutôt que de poser des gestes déterminants qui se font de plus en plus urgents. Comme s’il voulait nous faire prendre conscience de la menace que représente cette lente dégradation à la grandeur du globe, le romancier écossais Peter May s’appuie sur les constatations du GIEQ et situe l’action de son plus récent roman dans le futur presque immédiat; celui des décennies qui s’annoncent. Bienvenue dans l’apocalypse … ou presque.