Paul Tana est un cinéaste/professeur québécois d’origine italienne qui vit et travaille à Montréal.
Il est professeur associé à l’École des médias de l’UQAM où il a dirigé pendant plus de vingt ans le programme de cinéma.
En tant que cinéaste, ses longs métrages abordent les thèmes relatifs à l’immigration : l’identité, l’appartenance, la marginalisation. Parmi ses titres les plus importants : « Caffè Italia Montréal » (1985), « La sarrasine » (1992) « La déroute » (1998).
Son dernier film, « Fellini premières fois » (2020), est le quatrième volet d’une démarche documentaire qui utilise des matériaux divers (archives, entrevues, dessins, animation, voix off, minimalisme musical) pour la création de courts métrages.
Il travaille actuellement sur un court métrage consacré à Pierino Di Tonno ( 1934-2018 ) , photographe historique de la communauté italo-montréalaise.
Articles de Paul Tana
novembre 2024
« Anora » : j’aurais voulu l’aimer …
« Anora » : j’aurais voulu l’aimer, mais je ne l’ai pas aimé comme j’aurais voulu l’aimer, c’est-à-dire beaucoup ! Mon enthousiasme était grand lorsque j’ai appris, en mai dernier, que Sean Baker venait de gagner la Palme d’or au festival de Cannes avec Anora.
octobre 2024
La Substance et l’émotion
« Un film, c’est comme un champ de bataille : l’amour, la haine, l’action, la violence et la mort; en un seul mot, c’est l’émotion. » C’est le grand cinéaste américain, Samuel Fuller qui décrivait ainsi les films et le cinéma, dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard en 1965. Cette idée que cinéma et émotion ne font qu’un a ressurgi dans ma tête après avoir vu ce qui semble être le film de l’heure : The substance/La substance.
septembre 2024
Nina, Doudas et les autres
Par un concours de circonstances invraisemblable et fou, Nina (Nahéma Ricci), une danseuse de bar sexy, aux ongles ultra rouges et super longs, se retrouve avec une « gang de gars » dans un camp de chasse dans le « fin fond des bois » quelque part dans le nord du Québec. C’est Kevin (Frédéric Miller-Zouvi), un de ses clients récents, qui l’y amène, presque malgré lui.
août 2024
Des images qui valent mille mots et quelques invraisemblances
Vu au cinéma Beaubien, dans une de ses micro-salles, malheureusement, L’été dernier de Catherine Breillat, la « sulfureuse » réalisatrice française de retour derrière la caméra à 76 ans, après un AVC il y a dix ans. Chapeau ! Le film raconte la relation passionnée entre Anne, une jolie quinquagénaire en fleurs et froide avocate spécialisée dans la protection de l’enfance et son beau-fils, Théo, un adolescent de 17 ans, beau, ténébreux, instable, révolté contre son père.
juillet 2024
« Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles » : deux acteurs lumineux
J’ai vu il y a quelques jours, dans la salle 2 du cinéma Beaubien Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles de Lyne Charlebois. J’étais assis dans l’avant dernière rangée avec, devant moi, un parterre de têtes blanches. C’est un film sur le Frère Marie-Victorin (1885-1944), botaniste, fondateur du jardin botanique de Montréal, auteur de La flore laurentienne, figure emblématique de l’histoire des sciences au Québec : un homme lumineux, dans la très catholique et conservatrice société québécoise des années 30 et 40.
avril 2024
Invincible Wes Anderson
Invincible finaliste aux Oscars 2024! C’est un court métrage écrit et réalisé par Vincent René-Lortie, produit par Samuel Caron, distribué par Jean-Christophe J.Lamontagne : ces trois-là font partie d’une toute nouvelle et talentueuse génération de cinéastes québécois.
mars 2024
L’effacement de Claude Jutra
Deux jours avant la clôture des Rendez-Vous Cinéma Québec 2024 (RVCQ), j’ai vu Onze jours en février, un documentaire de Jean-Claude Coulbois. Le film est construit avec une très belle cohérence à partir du simple fil constitué par ces onze jours pendant lesquels s’opère l’effacement pur et dur du nom de Claude Jutra du paysage historique du cinéma québécois et de l’espace public de notre belle province.
février 2024
Ru et Ferrari: où est le sublime ?
Je suis allé voir Ru au cinéma Star Cité, dans l’est de Montréal, à l’ombre du stade Olympique et Ferrari au Cinéplex Forum, dans l’ouest, avec dans le hall d’entrée la statue en bronze du mythique Maurice Richard. Ce sont de belles salles, un peu fanées mais confortables et aux antipodes l’une de l’autre comme les films que j’y ai vus. En même temps ces deux films, aux sujets et thèmes si différents, ont quelque chose en commun : une certaine incapacité à tendre vers le sublime.
janvier 2024
La beauté est au rendez-vous
L’autre soir, à contrecœur ou presque, je suis allé voir « Les feuilles mortes » de Aki Kaurismaki ! Après la projection je suis sorti de la salle 3 du Cinéma du Parc enchanté ! Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen), les deux protagonistes, sont des personnages emblématiques du monde de Kaurismaki : humbles ouvriers, résignés et seuls : Holappa est sableur et perd son emploi à cause de son alcoolisme, il devient travailleur de la construction et perd à nouveau son emploi pour la même raison. Ansa est préposée aux aliments dans un supermarché. Mise à la porte pour des raisons absurdes elle vogue ensuite de jobine en jobine.
décembre 2023
Moretti Netflix Anderson
J’ai vu la semaine dernière au Cinéma Moderne, la salle d’art et d’essai du Boulevard St-Laurent, Il sol dell’avvenire (Vers un avenir radieux) de Nanni Moretti. J’ai toujours trouvé un peu fou que dans une aussi petite salle on doive choisir et réserver sa place vu que le rapport à l’écran de la cinquantaine de spectateurs qu’elle contient est à peu près le même pour tous à quelques degrés près…Mais c’est ça qui est ça !
octobre 2023
« Simple comme Sylvain » et vraiment brillant sous presque tous ses aspects
Sophia, une prof de philosophie, (Magalie Lépine-Blondeau) début quarantaine et fort jolie, donne un cours qui pourrait s’intituler : « L’amour vu par... ». Elle y expose la conception de l’amour chez les grands philosophes de l’histoire : Platon, Spinoza et les autres. Elle enseigne à l’université du troisième âge : rien de trop stressant comme travail. Calme plat aussi du côté de son mariage : elle et Xavier, son mari, font chambre à part : c’est tout dire de l’état de leur relation.
septembre 2023
L’opacité des « Chambres rouges »
« Les chambres rouges » ce sont les « Reds Rooms » du « dark web », ces lieux où se déroulent des situations extrêmes, fictives ou réelles, destinées à des spectateurs, anonymes et payants, excités par l’ultra violence porno-sadique et l’interdit.
août 2023
D’une religion à une autre : le temps d’un été
Le temps d’un été raconte les vacances improbables, dans un manoir du Bas -du -Fleuve, d’un petit groupe d’itinérants et de pauvres de Montréal. Leur guide est Marc Côté (Patrice Robitaille), un prêtre de rue et curé d’une paroisse en trop grand manque de fidèles mais qui, Dieu merci, vient d’hériter du dit manoir. Il est secondé par son amie, Sœur Monique (Elise Guilbault ) au sourire si séraphique qu’elle semble constamment en extase, telle une Ste-Thérèse d’Avila.
juillet 2023
Montréal Girls, Montréal Morin
Montréal Girls, premier long métrage de fiction de Patricia Chica, cinéaste canado-salvadorienne, raconte l’histoire d’un jeune homme, Ramy, originaire d’un pays du Moyen Orient qui vient à Montréal pour étudier la médecine à McGill. Notre Levantin, grâce à son cousin, chanteur dans un groupe punk-rock, fait la connaissance de deux très jolies filles, l’une mystérieuse, sensuelle aux cheveux noirs et l’autre blonde, aérienne et artiste.
juin 2023
Saint Omer, remarquable et maladroit
Saint Omer d’Alice Diop : premier film de fiction de cette cinéaste française fille d’immigrants sénégalais. Il est tiré d’un fait réel : Fabienne Kabou ,une jeune étudiante en philosophie d’origine sénégalaise à Paris, tue son bébé de 15 mois en l’abandonnant sur la plage de Berck-sur-Mer à la marée montante le 19 novembre 2013. La réalisatrice a basé le film sur les actes du procès qui a eu lieu à Saint-Omer. C’est un film à la fois remarquable et maladroit.