À l’assaut de la Cour suprême
Il y a tout d’abord le lieu : la bibliothèque Lyndon B. Johnson située à Austin au Texas. Il y a ensuite l’événement : le 29 juillet 2024 s’avère le 60e anniversaire de la Loi sur les droits de vote, le Civil Rights Act, soit la législation emblématique du combat pour les droits civiques pour laquelle Johnson s’est battu avec plus d’ardeur que John F. Kennedy. Il y a surtout, en ce lieu et en ce jour, la réforme de la Cour suprême déclinée par Joe Biden.
Les 48 heures de Kamala
Dans l’oreille d’un journaliste du New York Times, Robby Mook, directeur de la campagne d’Hillary Clinton en 2016, a confié son admiration pour le travail effectué par Kamala Harris dans les heures suivants le retrait de Joe Biden en qualifiant ces dernières: « Un 48 heures parfait. » Déclinons celles-ci.
Joe s’en va. Merci Nancy.
Au cours des 23 jours qui ont suivi la performance affligeante de Joe Biden lors de son débat avec Donald Trump le 27 juin dernier, le président n’a pas cessé de souligner qu’il n’envisageait pas du tout abandonner la course. Au cours des 21 jours qui ont suivi le débat évoqué, les caciques du Parti démocrate, les leaders du Congrès avant tout, ayant une opinion différente de leur grand chef, ont observé le principe de réalité pour mieux le greffer ensuite au principe de précaution.
Élections en France : quel pataquès !
Lorsque le président Emmanuel Macron a commandé le 9 juin dernier la dissolution de l’Assemblée nationale au terme d’une journée douloureuse pour son camp et la gauche dans son ensemble, le Rassemblement national (RN) ayant récolté plus de 30 % des votes lors des élections européennes, il avait justifié son geste en avançant que la vie politique du pays exigeait de la clarification.
La démocratie d’Aral
On parle volontiers de demi-siècles, mais on se réfère rarement aux quarts de siècles. Pourtant ce premier quart du vingt et unième siècle est sur le point d’avoir vécu. Il aura connu : les attentats du World Trade Center, une brusque résurgence de l’affrontement entre l’Occident et une Russie cette fois activement appuyée par une Chine riche et puissante, une pandémie qui a mis le monde à l’arrêt pendant presque deux ans. Une agression armée qui se transforme en guerre en Ukraine et implique l’Occident par le jeu des alliances.
La normalité retrouvée des taux d’intérêt
Dans un effort concerté, les banquiers centraux ont fait grimper en chandelle les taux d’intérêt afin de repousser les assauts inflationnistes qui ont suivi la récession liée à la pandémie de Covid 19. L’offensive a fait mal à un peu tout le monde, mais la montée des prix a été freinée, tout en demeurant tenace, voire coriace dans quelques pays. Mince consolation pour les emprunteurs, le loyer de l’argent va dégonfler un tantinet.
Des avancées pour le droit autochtone
Les peuples autochtones au Canada viennent de marquer des points dans leur bataille pour la reconnaissance de leurs droits. Deux jugements récents sont venus coup sur coup donner un nouvel élan à leurs revendications sur le plan juridique. En février dernier, la Cour suprême du Canada a déclaré constitutionnelle une loi fédérale qui accorde aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis le droit à l’autonomie gouvernementale dans le domaine des services à l’enfance et à la famille.
Ras-le-bol. Indeed. Mais encore ?
Les élections récentes - et peut-être en sera-t-il ainsi lors des prochaines, aux États-Unis par exemple - dans les pays démocratiques indiquent une volonté de changement, née la plupart du temps d’un ras-le-bol à l’égard des gouvernements sortants. Changement pour le changement ? Il y a peut-être un peu de cela, mais ce serait un peu court, pour ne pas dire démagogique, de prétendre que « le problème c’est le système ». Prenons le cas du Royaume-Uni, où le Parti conservateur (on dit aussi les tories) s’est effondré après 14 ans au pouvoir et où les travaillistes (le Labour Party) ont réussi un retour qu’on a qualifié de « spectaculaire » même s’il était prévisible depuis des mois, voire des années.
La photographie du mois (Juillet 2024)
Valérian Mazataud Baiterek, Kazakhstan, septembre 2023. Une troupe de danseurs traditionnels ouïghours dans le village de Baiterek, en banlieue d’Almaty, Kazakhstan, prend une pause entre deux numéros de danse et de musique. Environ 200
Bye Dem
Lâchera-t-il ? Restera-t-il ? Devrait-il lâcher ? Devrait-il rester ? Tout a été dit et écrit sur la candidature de Joe Biden. Tout et son contraire. Ou presque …
L’antipathie partisane dans l’arène politique
Fracturés politiquement, les États-Unis le seront encore plus avec la décision le 1er juillet de la Cour suprême, à majorité conservatrice, d’accorder une immunité partielle à Donald Trump concernant son procès fédéral pour tentative d’inverser illégalement les résultats de l’élection de 2020. Pour la juge dissidente Sonia Sotomayor, cette décision fera d’un président « un roi au-dessus des lois ». Elle est loin d’être la seule à s’inquiéter pour la démocratie américaine minée par l’hyper-partisanerie.
Le Congo, un pays ruiné par ses richesses
Les combats qui sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis deux ans et qui ont redoublé d’intensité au cours des derniers mois ont forcé plus d'un million de civils à fuir, portant à 5,7 millions le nombre de personnes déplacées dans ce pays.
Espagne : ces juges qui font de la politique
La loi d’amnistie des indépendantistes catalans a beau avoir été adoptée le 30 mai dernier, de nombreux juges espagnols continuent de multiplier les procédures pour empêcher la levée des mandats d’arrêt contre les exilés et l’annulation des condamnations contre les autres. Le sort de 486 personnes est en jeu. Même s’il est à nouveau député régional et s’il brigue la présidence du gouvernement de Barcelone, l’ancien président catalan Carles Puigdemont n’est pas près de rentrer librement dans son pays.
Les maux dits
Entendue d’en haut, la rumeur d’en bas dérange. Les pouvoirs n’aiment que la parole qui les louange. Pour faire taire leurs opposants, les dictateurs les tuent. Pour museler leurs critiques, les élites les huent. C’est pour ça que la parole est essentielle. Petite ou grande, chuchotée ou hurlée.
La Cible, contre-enquête sur la maltraitance journalistique
La Cible. Le titre est violent. Démesuré pour une simple affaire journalistique? Il faut connaître la fin de l’histoire pour en juger. Le 6 décembre 2016, le Dr Alain Sirard se suicide, trois ans après la diffusion d’un reportage à la télévision nationale qui prétendait décrire son acharnement à vouloir démontrer la maltraitance chez des parents dans sa pratique à l’hôpital Sainte-Justine. Le livre du professeur Marc-François Bernier est une leçon de journalisme incontournable.
Au pied de la lettre
L’évolution, la mode ou la politique changent le langage. Même la langue. Par exemple, le terme « sexe » est maintenant, littéralement, ambivalent. Des mots jadis aussi simples que « genre » sont devenus moins nets. «Droite» et «gauche» ont aussi suivi, voire subi des cours de ré-orientation.
Silhouettes insolites
Dans le langage de la sociologue Nathalie Heinich, « l’expérience de la maison est au-delà de la question de l’habitat. Peut-être parce qu’une maison a des racines qui l’enfoncent dans la terre et des ailes qui la tirent vers le ciel ». C’est dire à quel point les maisons ne sont pas tout à fait des bâtiments comme les autres. Sans doute est-ce parce qu’aux yeux de l’architecte Ando Tadao, « la maison est la construction la plus intime et la plus révélatrice de la vie des humains ». D’où l’intérêt porté aux constructions aux allures modernistes qui ont surgi au Japon depuis 1945.
Pertes de repères
Difficile de comprendre comment on a pu en arriver là. Comment, par exemple, un sans papier mexicain devenu coiffeur à Miami peut-il encenser Donald Trump, ainsi qu’on pouvait le lire dans La Presse récemment ? Pourquoi les Français se sont-ils vus forcés de choisir entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélanchon ? Les Canadians opter pour Trudeau ou Poilièvre ? Comment expliquer cette perte de références et de repères qui confine aux extrêmes, sinon par un sentiment d’inconscience ou de non-appartenance ? Peut-être cela tient-il à la notion d’identité. Comme si nous avions oublié qui nous sommes et d’où nous venons; ce qui nous définit collectivement, comme l’ouverture aux autres et l’aide aux plus démunis. Et tant qu’à y être, notre rapport au territoire et à ceux qui l’habitent avec nous. Hum ? Quand même étrange qu’un polar nous amène à poser de telles questions, non…
« Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles » : deux acteurs lumineux
J’ai vu il y a quelques jours, dans la salle 2 du cinéma Beaubien Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles de Lyne Charlebois. J’étais assis dans l’avant dernière rangée avec, devant moi, un parterre de têtes blanches. C’est un film sur le Frère Marie-Victorin (1885-1944), botaniste, fondateur du jardin botanique de Montréal, auteur de La flore laurentienne, figure emblématique de l’histoire des sciences au Québec : un homme lumineux, dans la très catholique et conservatrice société québécoise des années 30 et 40.