Le cul-de-sac démographique du populisme ethnique
Au Québec, 61 % des répondants à un sondage Léger pensent que le Canada accueille trop d’immigrants. 65 % des Français souhaitent, pour l’ensemble du territoire français, l’abolition du droit du sol, le droit pour toute personne née en France de devenir automatiquement citoyen. Des deux côtés de l’Atlantique, les immigrants servent de boucs émissaires aux angoisses identitaires des nations, mais aussi à la détérioration des services de l’État, sécurité publique, crise du logement, santé, éducation.
Le Canada, moins bon, mais meilleur
De 1994 à 2000, durant sept ans d'affilée, le Canada a occupé le premier rang au classement de l'Indice de développement humain (IDH) des Nations unies. De là est née la formule selon laquelle «le Canada est le plus meilleur pays au monde», faussement attribuée à Jean Chrétien, premier ministre pendant toutes ces années. Désormais, le Canada occupe le 15e rang sur 195 pays. Mince consolation, les États-Unis sont au 21e, la France au 28e.
Médias en crise, démocratie en sursis ?
Le quatrième pouvoir a du plomb dans l’aile. Les médias d’information, considérés comme des piliers de la vie démocratique, n’ont plus les moyens de jouer leur rôle de chien de garde, privés de la majeure partie des revenus de la publicité dont profitent désormais les géants du numérique Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM).
Le syndrome de Stendhal, ou le mal des beaux-arts
Le jeune vingtenaire rêvait de mettre le cap sur le pays du Taj Mahal, affectueusement dépeint par des proches qui y avaient beaucoup frayé. Ainsi baigné dans l’ambiance depuis tout petit, il s’imaginait pouvoir se fondre aisément dans cet État mythique d’Asie du Sud cinq fois millénaire. C’était sans doute mal jauger la portée des sentiments que peuvent provoquer de visu les pics de l’Himalaya, le rivage de l’océan Indien et les eaux du Gange peuplées de pèlerins alanguis, pour dire le moins. Résultat : un voyage idyllique au cœur de la terre de Gandhi à troquer contre un autre vers l’hôpital, le syndrome de Stendhal ayant sévi, avec une psychose dans la valise pour le vol de retour.
Les vieux démons allemands
Depuis le début de l’année les Allemands descendent massivement dans la rue contre l’extrême droite. « Plus jamais ça ! » Avec ces trois mots, ils manifestent leurs craintes de voir un passé pas si lointain revenir en force.
Inde : la « marque » Modi
Le 6 décembre 1992, à Ayodhya, une ville de l’Uttar Pradesh, une foule de militants nationalistes hindous menés par les principaux porte-drapeau de cette mouvance a pris d’assaut et détruit une mosquée, déclenchant une flambée de violence intercommunautaire dans toute l’Inde et jusque dans les pays voisins. Babri Masjid (la mosquée de Babur) a probablement été construite au XVIe siècle sous le règne de Babur, le fondateur de l’empire moghol, sur un site qui, selon la tradition, avait déjà abrité un temple hindou.
À chacun son métier
En Russie, les tribunaux sont inféodés au pouvoir. Idem en Chine. Plus flagrant si possible. Dans tant et tant de pays, dans trop et trop de pays, c’est le même constat généralisé : le pouvoir suprême porte son nom. Plus crûment exposé, une clique impose sa loi.
Donald Trump et l’incertitude internationale
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump s’en prenait à l'OTAN, mais à l’approche des deux ans de guerre de la Russie contre l’Ukraine, il est carrément allé plus loin. Le fort probable candidat républicain à la présidence américaine a menacé les alliés de l’Alliance atlantique de leur donner toute une leçon, s’il est réélu en 2024. Les États-Unis pourraient bien ne pas se porter à l’aide d’un pays membre de l’OTAN en cas d’attaque, si ce pays ne contribue pas suffisamment à l'Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ou ne dépense pas assez en matière de défense. Et cela ne s’arrête pas là. Donald Trump encouragerait même la Russie à attaquer les alliés américains délinquants.
Oeuvres de chair
En ces temps de jeûne matinal, de sobriété glucidique, de restriction céliaque, d’abstinence éthylique, on peut éviter de sombrer dans une sorte de dépression alimentaire en parcourant certains ouvrages dont on dit qu’ils invitent aux plaisirs de la table. De ces bien nommés, on peut extraire de quoi contenter l’appétit, du ventre ou des yeux.
Un vertigineux trompe-l’œil
La violence faite aux femmes est une des tares du monde moderne. En ce mois qui célèbre l’émancipation et les droits des femmes, on la voit pourtant sévir partout; incompréhensible, injustifiable, aussi impensable qu’omniprésente. Ici comme ailleurs — le Québec a déjà connu six féminicides depuis le début de l’année au moment d’écrire ces lignes —, cette violence repose sur une sorte d’atavisme tenant de la volonté de contrôle et de l’abus de pouvoir; comme si les pulsions de l’homme de Néandertal survivaient toujours en nos gènes. 12 000 ans d’évolution pour en arriver là! Menfin… Le roman d’Anna Jansson semble donc développer ce même insupportable thème jusqu’à ce que…
L’effacement de Claude Jutra
Deux jours avant la clôture des Rendez-Vous Cinéma Québec 2024 (RVCQ), j’ai vu Onze jours en février, un documentaire de Jean-Claude Coulbois. Le film est construit avec une très belle cohérence à partir du simple fil constitué par ces onze jours pendant lesquels s’opère l’effacement pur et dur du nom de Claude Jutra du paysage historique du cinéma québécois et de l’espace public de notre belle province.
Revoir Zorba
On peut ne pas apprécier particulièrement le poids d’un âge qui donne le privilège d’attendre une soixantaine d’années avant de revoir un film qu’on a beaucoup aimé. Mais enfin … Il serait déraisonnable de bouder, le plaisir de pouvoir le faire et de n’être pas conscient que le destin, au fil des années, distribue cette sorte de cadeau avec de plus en plus de parcimonie.